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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 7.1892

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Nr. 5
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Gayet, Albert: La sculpture copte, 1: des tendances de l'art de l'Orient ancien à la période chrétienne
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https://doi.org/10.11588/diglit.24660#0470

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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degré de piété extraordinaire dont aucun peuple chrétien d’Orient
n’a même approché.

L’Église d’Alexandrie devient alors célèbre ; un moment elle est
l'école de théologie par excellence; ses décrets font autorité; en un
mot, l’Égypte est en proie à un vertige de foi délirante que des
légendes se rattachant à la source du christianisme avivent d’une
intensité allant toujours grandissant.

Il ne faudrait pas croire pourtant qu’en embrassant le chris-
tianisme, l’Égypte cédait uniquement à un état d’àme : en l’adoptant
elle agissait plus par lassitude et par esprit d’opposition à ses oppres-
seurs que par foi et par conviction. Par un singulier détour du cœur,
loin de se convertir au christianisme en renonçant à sa religion
antique, elle convertissait au contraire le christianisme à cette
religion ; elle l’assimilait à ses idées, le pliait à sa manière de voir et
de comprendre toutes choses, en faisait enfin une incarnation nou-
velle de son vieux panthéon.

Cette vérité que vient prouver l’étude de la littérature de l’Égypte
chrétienne n’est que depuis peu de temps connue pour cette raison
que, jusqu’à nos jours, les œuvres des Patriarches d’Alexandrie
avaient été considérées comme la seule expression de ce mouvement
si peu connu; mais, ces œuvres rédigées par des esprits subtils,
châtiées avec soin, écrites la plupart du temps sous des influences
étrangères à l’Égypte ne reflètent que peu ou point les véritables
aspirations égyptiennes. Pour les connaître, il a fallu les recherches
patientes qui ont permis à un coptologue émérité, M. Amélineau, de
reconstituer la littérature populaire de l’Égypte, de la fin de la
persécution de Dioclétien (310) aux années qui suivirent le célèbre
concile de Chalcédoine (fin du ve siècle); et ce que nous apprend cette
littérature est de point en point l’opposé de ce que les œuvres des
Patriarches nous avaient appris.

Dans les Contes et Romans de l’Égypte chrétienne, perce à chaque
ligne le vrai sentiment de l’Égypte. Le conteur n’y est pas enchaîné
par la crainte de ne point trop ouvertement s’écarter des préceptes
dogmatiques de l’Église. Égyptien, il pense et fait penser ses héros
en véritables Égyptiens ; le fond de son naturel remonte sans cesse à
la surface, et comme il y a tout lieu de croire que la religion qu’il
s’était forgée naguère et à laquelle il était resté plusieurs milliers
d’années fidèle représentait sa manière d’envisager l’infini et l’idée
divine, c’est toujours à cette religion qu’il reste profondément attaché.

« Pour mettre d’accord leurs œuvres et leur foi — dit M. Amé-
 
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