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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0090

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CORRESPONDANCE DE RELGIQUE.

81

un concours qu’elle avait ouvert pour un bas-relief de la Justice. La constatation
n’est pas sans suggérer des réflexions assez singulières sur l’espèce d’antinomie,
signalée déjà, entre l’enseignement des Beaux-Arts tel qu’il fonctionne en Belgique,
et les aspirations contemporaines de l’art.

¥ ¥

Une exposition bien curieuse a eu lieu tout récemment au Musée de peinture :
celle de l’œuvre du peintre Camille Van Camp, décédé au mois de novembre 1891,
âgé de 57 ans.

La réputation de l’artiste n’était certainement pas à la hauteur de son mérite,
chose où il y avait peut-être de sa faute, mais beaucoup aussi de celle des cir-
constances.

Van Camp s’était formé sous un artiste français, exceptionnellement doué pour
l’illustration, du reste peintre distingué, Louis Huard. Ce dessinateur de rare
talent à qui la Belgique dut quelques-unes de ses meilleures illustrations, lui fut
un jour enlevé par l’Angleterre où l’on peut voir de lui dans les grands journaux,
plus spécialement l’Illustrated London News, d’excellentes productions.

Van Camp, nature très fine, observateur pénétrant, s’était assimilé une partie
des qualités de son maître et eût marché dignement sur ses traces si la Belgique
lui en eût fourni l’occasion. Celle-ci ne se présenta point.

Lancé dans la peinture, l’artiste aborda tous les genres et avec un succès
incontestable. Portraitiste distingué, il a laissé quelques effigies très justement
louées aux Salons où elles parurent, des aquarelles charmantes, des paysages et
même des animaux enlevés de verve et toujours présentés avec un goût parfait.
Fortuné, d’ailleurs, il produisait un peu au gré de sa fantaisie et si le Musée de
Bruxelles a recueilli deux de ses œuvres, pages historiques, Marie de Bourgogne
blessée à la chasse et le Défilé des drapeaux à la célébration du Cinquantenaire de
VIndépendance nationale, l’artiste n’y donne pas plus la mesure réelle de son
talent que beaucoup de maîtres français improvisés peintres d’histoire à l’occasion
d’une commande pour les galeries de Versailles.

Ce qui n’empêche que de l’ensemble de l’œuvre de Van Camp, récemment
exposé, résulte la preuve d’une somme considérable de talent perdue, talent auquel
n’a manqué qu'une occasion propice de s’affirmer en une œuvre absolument
proportionnée au rôle que pouvait légitimement ambitionner l’artiste. Cette occa-
sion il l’attendit vainement. Stimulé par l’aiguillon de la nécessité, sans doute
l’eut-il fait naître. 11 préféra s’en tenir à ses goûts et créer un peu au hasard et
à ses heures. Comme c’est trop souvent le cas, la mort est venue révéler les pré-
cieuses ressources ainsi prodiguées en des œuvres que le public même était trop
rarement admis à voir, mais qui, très certainement, assurent à leur auteur une
place durable dans l’histoire de l’École belge.

Bien que restreinte, l’exposition d’œuvres de Joseph Stevens, organisée par
quelques amis du peintre défunt, devait offrir, et a offert, du reste, une somme
d’intérêt considérable. Si elle n’a point, comme il l’eût fallu pour un artiste de
— 3e période. 11

IX.
 
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