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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Hymans, Henri: Correspondance de Belgique
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0091

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82

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

cette trempe, donné la mesure réelle d’un talent qui s’est affirmé en des pages
éminentes, elle a eu l’avantage de montrer assez exactement les étapes rapides et
décisives vers la célébrité, d’une carrière en somme assez courte.

Joseph Stevens avait débuté en 1847 et, dès l’année suivante, produisit une œuvre
dont le titre, non moins que la valeur artistique, était de nature à assurer au nom
de son auteur une définitive popularité.

Le Métier de chien, une page du martyrologe de la race canine, sujet suivi
d’autres non moins heureusement choisis qu’interprétés : les Saltimbanques, le
Chien du prisonnier (1850), œuvres que le talent de Mouilleron contribua à rendre
populaires, assirent définitivement la renommée de leur auteur. Plus tard vinrent
le Chien et la Mouche, le Chien au miroir, le Marché aux chiens, la Misère, pages
dans lesquelles le talent de l’artiste arrive à son apogée et qui, indiscutablement,
le rangent parmi les meilleurs représentants de l'École belge ou, plus justement,
de l’École flamande, car Stevens, nonobstant son long séjour à Paris, resta toujours
de race essentiellement brabançonne.

S’il chercha parfois des modèles dans la race simiesque et peignit même un lion,
il excella comme peintre de chiens et sut allier avec beaucoup de bonheur la
recherche du vrai à une donnée piquante, sans viser, comme Landseer, à la haute
philosophie canine.

Il faut dire pourtant que si l’exposition Stevens a permis au public de revoir et
d’admirer quelques travaux de la meilleure époque du peintre, elle a fait, en ses
quarante-huit numéros, la part un peu bien large à des créations d’ordre secon-
daire; chose d’autant plus regrettable, qu’abstration faite du Chien du prisonnier
et de la Misère, les meilleurs travaux de l’artiste n’ont pu être présentés, soit
qu’ils appartinssent à des galeries publiques, comme c’est le cas pour le Marché
aux chiens et le Chien au miroir, du Musée de Bruxelles, soit que leurs déten-
teurs n’aient pu s’en séparer.

La carrière de Stevens a été relativement courte. A l’époque de sa mort, arrivée
le 3 août 1892, il avait depuis longtemps cessé de produire, tout au moins d'affronter
les expositions, et s’il conserve, à juste titre, un renom que quelques défaillances
ne sauraient ternir, je suis de ceux qui pensent qu’à moins de pouvoir reproduire
intégralement l’œuvre d’un homme, sa gloire est fort mal servie par une exposi-
tion posthume où manquent les œuvres capitales.

L’amitié doit pouvoir se tenir en garde contre de telles maladresses que ne
rachètent ni ses enthousiasmes ni la valeur du but poursuivi.

HENRI HYMANS.
 
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