LE SCULPTEUR CLODION.
173
d’arriver récemment rue de Bondy, des médaillons, des bas-reliefs
fixés dans la façade d’une maison ou dans une cloison d’appartement,
et dont l’attribution à un artiste distingué offre beaucoup de vrai-
semblance? Notre tâche serait infinie s’il fallait rechercher tous les
menus objets mobiliers auxquels Clodion a imprimé l’élégance de son
goût exquis. Force nous est de nous en tenir à ses oeuvres capitales;
et tout d’abord, nous allons en finir avec son chef-d’œuvre dans le
genre historique, c’est-à-dire avec sa statue de Montesquieu.
IV.
On a vu que, par faveur particulière, Clodion avait obtenu l’auto-
risation d’exposer le modèle en plâtre du Montesquieu tandis que ses
confrères n’envoyaient jamais que les marbres terminés. Notre artiste
avait prétexté qu’il ne s’était pas rencontré de bloc de dimensions
suffisantes. Sans doute, absorbé par d’autres soins, il ne se pressa
pas d’en finir, alléguant toujours la difficulté de rencontrer le marbre
introuvable. Dès 1779, M. d’Angiviller lui avait écrit sur un ton qui
n’était pas habituel au Directeur des Bâtiments dans ses rapports avec
les artistes. « Je ne saurais vous exprimer trop fortement, disait-il,
combien j’ai été peiné d’apprendre l’inaction dans laquelle vous êtes
resté sur la statue dont je vous ai confié l’exécution. Je n’aperçois
pas, je vous l’avoue, une excuse bien suffisante dans le refus que
vous avez fait des blocs qui vous ont été offerts, sous prétexte que
leurs proportions ne répondent pas à votre modèle... Il me paraît
évident que vous vous êtes laissé entraîner par d’autres objets
puisque votre modèle ne fait que d’être terminé, etc. » Ces reproches
ne semblent pas avoir produit grand effet, puisque Clodion n’était
pas prêt en 1781. La statue en marbre de Montesquieu ne parut en
effet qu’au Salon de 1783. Toutefois, l’artiste avait une excellente
excuse, à savoir qu’il avait complètement modifié son modèle pri-
mitif. L’opinion du public fut unanime pour approuver les change-
ments apportés à sa première idée.
« Cette statue, dit un des critiques du Salon de 1783, peut
être regardée comme une des plus belles qui doivent composer la
magnifique collection du Roi1. » — «Belle figure, d’un style grand
1. La Critique est aisée, mais l’Art est difficile, p. 23.
173
d’arriver récemment rue de Bondy, des médaillons, des bas-reliefs
fixés dans la façade d’une maison ou dans une cloison d’appartement,
et dont l’attribution à un artiste distingué offre beaucoup de vrai-
semblance? Notre tâche serait infinie s’il fallait rechercher tous les
menus objets mobiliers auxquels Clodion a imprimé l’élégance de son
goût exquis. Force nous est de nous en tenir à ses oeuvres capitales;
et tout d’abord, nous allons en finir avec son chef-d’œuvre dans le
genre historique, c’est-à-dire avec sa statue de Montesquieu.
IV.
On a vu que, par faveur particulière, Clodion avait obtenu l’auto-
risation d’exposer le modèle en plâtre du Montesquieu tandis que ses
confrères n’envoyaient jamais que les marbres terminés. Notre artiste
avait prétexté qu’il ne s’était pas rencontré de bloc de dimensions
suffisantes. Sans doute, absorbé par d’autres soins, il ne se pressa
pas d’en finir, alléguant toujours la difficulté de rencontrer le marbre
introuvable. Dès 1779, M. d’Angiviller lui avait écrit sur un ton qui
n’était pas habituel au Directeur des Bâtiments dans ses rapports avec
les artistes. « Je ne saurais vous exprimer trop fortement, disait-il,
combien j’ai été peiné d’apprendre l’inaction dans laquelle vous êtes
resté sur la statue dont je vous ai confié l’exécution. Je n’aperçois
pas, je vous l’avoue, une excuse bien suffisante dans le refus que
vous avez fait des blocs qui vous ont été offerts, sous prétexte que
leurs proportions ne répondent pas à votre modèle... Il me paraît
évident que vous vous êtes laissé entraîner par d’autres objets
puisque votre modèle ne fait que d’être terminé, etc. » Ces reproches
ne semblent pas avoir produit grand effet, puisque Clodion n’était
pas prêt en 1781. La statue en marbre de Montesquieu ne parut en
effet qu’au Salon de 1783. Toutefois, l’artiste avait une excellente
excuse, à savoir qu’il avait complètement modifié son modèle pri-
mitif. L’opinion du public fut unanime pour approuver les change-
ments apportés à sa première idée.
« Cette statue, dit un des critiques du Salon de 1783, peut
être regardée comme une des plus belles qui doivent composer la
magnifique collection du Roi1. » — «Belle figure, d’un style grand
1. La Critique est aisée, mais l’Art est difficile, p. 23.