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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 3
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Renan, Ary: Tlemcen, 2: l'art arabe dans le Maghreb
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0198

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178

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

consultes, de leurs apôtres de prédilection ; car voici la Koubba de
Sidi-Yacoub, celle de Es-Senouci, celle de Sidi-bou-Isaac, celle de
Sidi-Ali-et-Tallouti, des oratoires rapprochés de tombes. La mosquée
de Sidi-bou-Isaac, dont la construction peut remonter au xive siècle,
a gardé quelques traces de la décoration de briques qui parait les
arcades de son patio ; et, en général, chacun des mausolées modestes
de ce Campo santo recèle quelque vestige d’une ornementation
élégante et originale.

La sainteté et le grand renom de Sidi-bou-Medine (1126-1197)
ont éclipsé la moindre gloire de ces célébrités locales. Avant lui,
El-Eubbad était déjà un lieu saint ; il exprima le vœu d’y être
enterré et lui donna ainsi tout son lustre. Choaïb-ibn-Hussein-el-
Andalouci, surnommé Abou-Median, est le plus grand et le plus
vénéré des marabouts de la partie du Maghreb qui nous occupe.
C’était encore un soufi, un mystique. Né à Séville vers 1126, il
voyagea beaucoup, connut à la Mecque la doctrine soude, la professa
à Bagdad, puis dans sa ville natale, puis à Cordoue et enfin à Bougie,
dont l’Université était célèbre. Pendant sa vie de thaumaturge, de
khouan et d’ascète prédicateur, la dynastie almohade remplaça la
dynastie almoravide sous laquelle il était né. Il venait rendre ses
comptes à Yakoub-el-Mansour, quand il se sentit mourir et désigna
la belle colline d’El-Eubbad comme le lieu où il désirait être
enterré. Tout Tlemcen assista à ses funérailles, qui se firent dans le
cimetière réservé aux saints personnages; mais ce fut sous le règne
d’En-Nacer seulement que les architectes tlemcenniens commen-
cèrent à enrichir sa sépulture.

Trois édifices contigus portent le nom de Bou-Medine, au point
culminant du village : son tombeau, une mosquée et une medersa
élevées en son nom, en son honneur.

Le tombeau du saint est situé en contre-bas de la terrasse sur
laquelle se dressent les deux autres édifices. On y pénètre, on y
descend par une jolie porte à auvent, restaurée en 1793 et décorée
de carreaux de faïence moderne, et par un petit escalier tournant
dont les marches sont usées par les pas des fidèles. On arrive ainsi,
non pas précisément dans une crypte, mais dans une cour minuscule
pleine de fraîcheur et de religieux silence. A côté du vieux puits
rituel dont l’eau fait des miracles, il y a des pèlerins et des malades
déchaussés ; au mur des ex-voto naïfs. Les quatre colonnes qui
soutiennent les arcs sont d’onyx et leurs chapiteaux d’un style très
 
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