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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 3
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Renan, Ary: Tlemcen, 2: l'art arabe dans le Maghreb
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0199

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TLEMCEN.

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fouillé, très pur. Deux d’entre eux sont identiques au chapiteau de
Mansourah conservé au Musée : une minuscule inscription court
sur un tore réservé au milieu des feuillages conventionnels ; ce sont
les « frères », comme disent les Arabes, de ceux qui ornaient le grand
palais détruit ; certes, ils ont été sculptés à Mansourah et arrachés
à leur première destination.

La koubba proprement dite est si peu éclairée qu’il est difficile
d’apprécier son ornementation. Les vitraux de couleur jettent un
jour trompeur sur les arabesques de plâtre des murailles et de la
coupole, sur la châsse du saint et de son compagnon inévitable, sur
les cadeaux disparates qui garnissent les parois, — une pendule
normande, des cierges, des œufs d’autruche, des broderies de
Rhodes... « Bien que gravement endommagée par un incendie au
commencement de ce siècle, dit M. E. Duthoit, cette kouba a dû
conserver une partie de son originalité primitive. » Mais il ne faut
pas oublier qu’élevée par M. En-Nasser, elle a été embellie plus tard
par Yarmoracen, puis par Aboul-Hacen-Ali, le fondateur de la
mosquée. Ce n’est pas de la construction primitive précisément, mais
de l’époque de Yarmoracen que datent notamment les jolis carreaux
de faïence qui surmontent la porte d’entrée, carreaux jaunes à
inscriptions noires tout à fait analogues à certains linteaux de
céramique ornée qu’on admire à l’Alhambra (mirador de la
Lindaraja).

L’humble sanctuaire où repose Bou-Medine, « l’Elu de Dieu, le
Pôle de la Sagesse, le Recours suprême », est bien supérieur au
fameux tombeau de Si-abd-er-Rahman-et-Isalebi que les touristes
vont visiter à Alger, édifice récent et marqué de bien des signes de
décadence. Avant de quitter cette hypogée musulmane, signalons
aux spécialistes le pavage en carreaux de faïence qui garnit
l’escalier et la courette : on y voit, colorés d’émaux bruns et verts,
deux familles de carreaux : soit des estampages à base florale, en
doux relief, soit des engobes à émail ombrant dessinant de capricieux
méandres obtenus en deux tons par de patientes réserves. Depuis
sept cents ans les pieds nus des hadjis et des déshérités se promènent
sur ces délicats rinceaux sans les avoir effacés.

Au temps de foi, on ajoutait une mosquée au tombeau des grands
hommes. La mosquée d’El-Eubbad écraserait le caveau du saint si
elle n’était aussi légère, aussi immatérielle ; elle n’est qu’une dépen-
dance, — il est vrai la plus belle de toutes.

Cette mosquée est le type le plus achevé et le plus complet des
 
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