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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 3
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Renan, Ary: Tlemcen, 2: l'art arabe dans le Maghreb
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0200

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

mosquées du Maghreb. Faisons-en tout de suite honneur à Aboul-
Hacen-Ali (1339) : c’est l’inscription de faïence du portail qui nous
prévient que nous entrons dans un édifice commandé par le fils
d’Abou-Saïd-Othman le Mérinide.

Il faut avouer que ce portail est d’une grâce et d’une majesté
uniques. Dans toute architecture de provenance orientale, la porte
occupe une grande place et, faute de façade dans le sens où nous
entendons ce mot, sert de devanture, d’annonce, de préface pour
ainsi dire au monument. Le spécimen d’El-Eubbad est le plus parfait
que nous connaissions. Il tire tout son éclat, non de savantes
corniches ou de la taille raffinée de ses matériaux, mais du revête-
ment de faïence qui le garnit. Ce sont les plus gracieuses ara-
besques qu’on puisse imaginer ; de belles lettres arabes, lettere tra-
tizzate, s’entremêlent aux ornements ; et cette sorte de tableau
liminaire, au coloris harmonieux et chatoyant, n’est pas obtenu par
le rapprochement de carreaux, mais bien par une véritable mosaïque,
comme nous l’avons vu notamment à la mosquée de Sidi-Haloui.
Une restauration des plus discrètes nous présente aujourd’hui ce
portail dans un état d’intégrité parfait ; il sert de cadre à une baie
pleine d’une ombre chaude où l’œil se repose de si vives couleurs, à
un escalier couvert d’une coupole en « ruche d’abeille » et à une
porte qui est elle-même un monument. Les lourds vantaux de cèdre
massif sont revêtus d’épaisses lames de cuivre découpées à jour et
ciselées, sur lesquelles des nervures de même matière dessinent des
losanges et des rosaces d’un tracé compliqué. Le marteau, les
verrous, les pentures, sont également ciselés dans un art robuste, et
des traces de dorure sont encore visibles sur cette chemise de métal.
Il court des légendes sur la fabrication de cette porte et sur les
péripéties miraculeuses qu’elle aurait traversées. Ce qui est certain,
c’est qu’elle est un fort beau spécimen d’ornementation géométrique
et de cet art d’application du métal qui est mort aujourd’hui.

Longtemps retenus à l’entrée, nous voici enfin dans la mosquée,
dans le cloître consacré. Autant l’architecture et le décor de ce
cloître sont simples, rustiques, autant le décor intérieur des nefs
est riche et délicat ; tels sont les perpétuels contrastes de l’Orient.
L’édifice est composé de quatre nefs coupées par autant de travées
perpendiculaires ; — et le contraste s’y continue ; car sur des piliers
quadrangulaires d’un stuc grossier viennent retomber des arcatures
dont les tympans sont justement enrichis des plus délicieux orne-
ments ; je trouve, dans mes notes de voyage, beaucoup d’adjectifs
 
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