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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 3
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Beraldi, Henri: Exposition des oeuvres de Meissonier, 1: le vignettiste et le graveur
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0235

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

à toute vitesse. En 1830, Nodier publie l’Histoire du roi de Bohême
avec bois de Joliannot gravés par Porret, et Henry Monnier donne sa
Morale en action des Fables de La Fontaine, gravures de Thompson.

Les écrivains romantiques, les plus grands et les moins grands,
Hugo, Lamartine, Janin, Karr, Méry, Eug. Sue, le bibliophile Jacob,
Pétrus Borel, le vicomte d’Arlincourt, Cabasson, Drouineaux, etc.,
adoptent le bois et lui demandent de leur servir de passeport auprès
du public. Ainsi paraissent les vignettes de titre, si gracieusement
dessinées par Johannot, si nerveusement gravées par Porret et
autres, pour Notre-Dame de Paris, Le Roi s'amuse, La Coucaratcha,
L’Écolier de Cluny, Résignée, Le Manuscrit vert, Vertu et tempérament', Les
Intimes, etc. Cela dure jusque vers 1835 ; puis le feu romantique se
refroidit, et l’illustration se retourne vers les classiques.

Alors c’est le triomphe du bois et de la vignette dans le texte.
Six cents bois de Gigoux dans le Gil Blas de Paulin, 1835 ; huit cents
de Johannot dans le Molière de Paulin, et huit cents dans le Don
Quichotte de Dubochet. De 1836 à 1838, Célestin Nanteuil illustre avec
Napoléon Thomas les Contes de Perrault; Grandville, Béranger, Gul-
liver et les Fables de La Fontaine; Ch. Jacque, le Vicaire de Wakefield.

Dès 1835, un libraire peu connu alors formait le projet de publier
un livre orné de bois avec tant de somptuosité et de talent qu’il
demeurât le plus beau des livres illustrés du siècle et rendit désor-
mais célèbre, avec le nom des vignettistes, celui de son éditeur. 11 y
réussit. En mars 1836, commença la publication par livraisons du
Paul et Virginie de Curmer, illustré à profusion de bois exquis de
Tony Johannot, Français, Marville, puis de Paul Huet, Delaberge,
Eugène Isabey, Steinheil, et d’un jeune peintre de vingt ans, Ernest
Meissonier, que la dureté des débuts dans la vie obligeait à chercher
« quelque grain pour subsister », c’est-à-dire à dessiner delà vignette,
payée alors suivant le sujet et l’éditeur, dix francs, même vingt francs
ou quarante, les jours où l’éditeur était particulièrement content. Ne
crions pas à la lésinerie des éditeurs, dont le métier est, au fond, très
périlleux. Curmer eut cinq cents dessins pour 28,000 francs, ce qui
fait une moyenne assez honorable pour des ouvrages de jeunes débu-
tants; mais le dessin n’étant, ceci est à noter, que la moindre
dépense d’établissement d’un livre illustré, son volume lui coûta, de
confection totale, 233,000 francs, somme très respectable à risquer.

Meissonier avait débuté dans la vignette, en 1835, par un certain
Napoléon à Schœnbrunn et autres pièces pour un petit journal, le
 
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