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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
l’emplacement des anciens établissements englobés dans ces travaux.
La tour isolée de Saint-Jacques-la-Boucherie a survécu à la ruine de
l’église pour devenir le motif principal d’un square public. Les
figures d’animaux qui surmontaient sa plate-forme et qui étaient dues
à l’imagier Rault (1521), ont été transportées dans le jardin de l’hôtel
de Cluny, après avoir été remplacées par des copies modernes. Dans
l'intérieur de la tour on distingue encore des traces de fresques reli-
gieuses du xvie siècle. Le Musée du Louvre possède actuellement un
grand bas-relief de marbre représentant la Mort de la Vierge, que
l’on croit provenir de l’église Saint-Jacques-la-Boucherie, sur l’affir-
mation d’Alexandre Lenoir, et qui est un bon ouvrage de l’un des
artistes franco-italiens des premiers temps de la Renaissance.
La place du Châtelet, où se voyait autrefois le Grand-Châtelet,
d’où ressortissait tout ce qui touchait à la police et à l’administration
intérieure de la ville, est occupée par la fontaine du Palmier érigée
en 1806 pour rappeler les campagnes d’Égypte et d’Italie, qui est
surmontée d’une Victoire en métal doré modelée par Boizot.
Yis-à-vis le Grand-Châtelet, débouchait le Pont-au-Change bordé
d’une double rangée de boutiques comme tous les anciens ponts de
Paris, Le corps municipal y avait fait élever un monument en
l’honneur des rois Louis XIII et Louis XIY. Les statues en bronze de
ces deux monarques et celle d’Anne d’Autriche, par Simon Guillain,
avec les trophées et les captifs entaillés dans la pierre qui les accom-
pagnaient, font aujourd’hui partie des collections du Louvre. La
décoration sculpturale des ponts avait plus d’importance aux yeux
des architectes d’autrefois, qu’à ceux de nos ingénieurs. Les piles du
vieux pont Notre-Dame avaient été ornées, par FraGiocondo, de niches
contenant des figures recueillies par Lenoir aux Petits-Augustins,
et maintenant perdues, tandis que le Pont-Neuf montrait une double
rangée de mascarons dans le style de Germain Pilon, dont une partie
a été transportée au Musée de l'hôtel de Cluny, lors de l’abaissement
des voûtes. Le cardinal de Richelieu avait fait ériger sur le terre-
plein de ce pont un monument équestre en l’honneur de Henri IY.
Jean Bologne, auquel il avait été commandé, n’en avait pu terminer
que le cheval; son élève PietroTacca l’avait complété par la figure du
roi. Aux angles du piédestal, se tenaient quatre esclaves modelés par
Pierre Francheville et jetés en bronze par Bordoni, et sur les côtés
se déroulaient cinq bas-reliefs représentant les victoires de Henri IY.
Renversée pendant la Révolution, cette statue fut remplacée sous la
Restauration par un nouveau groupe dû à Lemot. Plusieurs fragments
GAZETTE DES BEAUX-ARTS.
l’emplacement des anciens établissements englobés dans ces travaux.
La tour isolée de Saint-Jacques-la-Boucherie a survécu à la ruine de
l’église pour devenir le motif principal d’un square public. Les
figures d’animaux qui surmontaient sa plate-forme et qui étaient dues
à l’imagier Rault (1521), ont été transportées dans le jardin de l’hôtel
de Cluny, après avoir été remplacées par des copies modernes. Dans
l'intérieur de la tour on distingue encore des traces de fresques reli-
gieuses du xvie siècle. Le Musée du Louvre possède actuellement un
grand bas-relief de marbre représentant la Mort de la Vierge, que
l’on croit provenir de l’église Saint-Jacques-la-Boucherie, sur l’affir-
mation d’Alexandre Lenoir, et qui est un bon ouvrage de l’un des
artistes franco-italiens des premiers temps de la Renaissance.
La place du Châtelet, où se voyait autrefois le Grand-Châtelet,
d’où ressortissait tout ce qui touchait à la police et à l’administration
intérieure de la ville, est occupée par la fontaine du Palmier érigée
en 1806 pour rappeler les campagnes d’Égypte et d’Italie, qui est
surmontée d’une Victoire en métal doré modelée par Boizot.
Yis-à-vis le Grand-Châtelet, débouchait le Pont-au-Change bordé
d’une double rangée de boutiques comme tous les anciens ponts de
Paris, Le corps municipal y avait fait élever un monument en
l’honneur des rois Louis XIII et Louis XIY. Les statues en bronze de
ces deux monarques et celle d’Anne d’Autriche, par Simon Guillain,
avec les trophées et les captifs entaillés dans la pierre qui les accom-
pagnaient, font aujourd’hui partie des collections du Louvre. La
décoration sculpturale des ponts avait plus d’importance aux yeux
des architectes d’autrefois, qu’à ceux de nos ingénieurs. Les piles du
vieux pont Notre-Dame avaient été ornées, par FraGiocondo, de niches
contenant des figures recueillies par Lenoir aux Petits-Augustins,
et maintenant perdues, tandis que le Pont-Neuf montrait une double
rangée de mascarons dans le style de Germain Pilon, dont une partie
a été transportée au Musée de l'hôtel de Cluny, lors de l’abaissement
des voûtes. Le cardinal de Richelieu avait fait ériger sur le terre-
plein de ce pont un monument équestre en l’honneur de Henri IY.
Jean Bologne, auquel il avait été commandé, n’en avait pu terminer
que le cheval; son élève PietroTacca l’avait complété par la figure du
roi. Aux angles du piédestal, se tenaient quatre esclaves modelés par
Pierre Francheville et jetés en bronze par Bordoni, et sur les côtés
se déroulaient cinq bas-reliefs représentant les victoires de Henri IY.
Renversée pendant la Révolution, cette statue fut remplacée sous la
Restauration par un nouveau groupe dû à Lemot. Plusieurs fragments