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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 4
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Meissner, Franz Hermann: Arnold Boecklin, [1]: artistes contemporains
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ARNOLD BOEGKLIN.

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l’empêchait de prendre intérêt à rien de ce qui intéressait les hommes
qui vivaient à ses côtés.

Doué d’une vigueur physique tout à fait exceptionnelle, Bœcklin
a toujours eu aussi une force de volonté extraordinaire. Et à toutes
ces qualités il en joignait encore une autre qui, d’ordinaire, exclut,
plutôt qu’elle n’accompagne, l’imagination poétique : un sens mathé-
matique très fin et très subtil. C’est cette qualité qui a conduit le
maître peintre à s’occuper, pendant une grande partie de sa vie, de
la construction d’une machine volante. Le projet de machine qu’il a
conçu est d’une invention si originale et si logiquement déduite, qu’il
a ébloui les spécialistes et que, à plusieurs reprises, on a cru qu’il
allait résoudre le problème d’une façon définitive.

Ce rare ensemble de qualités devait permettre à Bœcklin de
développer dans tous les sens son originalité artistique, de créer un
art absolument nouveau et personnel, et de résister pendant de
longues années à l’hostilité ou à l’indifférence du public.

Ce ne fut point chose facile pour le jeune homme de pénétrer
dans la carrière artistique. Il eut d’abord à vaincre la répugnance
de ses goûts pour cette carrière, et à peine y était-il parvenu que
la perte complète de la fortune de sa famille lui créa un autre
obstacle, plus difficile encore à franchir. Il le franchit pourtant,
avec l’obstination calme et résolue qui est le fond de son caractère.
En 1846 il partait pour Dusseldorf, ayant achevé à Bâle son éducation
artistique élémentaire.

La peinture à l'ordre du jour, dans l’école de Dusseldorf, était alors
ce romantisme prosaïque et dégénéré qui plaçait tout son idéal dans
la sentimentalité des sujets (tombeaux, cloîtres, couchers de soleil,
cavaliers et brigands) et dans une exactitude minutieuse et pédan-
tesque du rendu. Cette peinture était d’autant plus faite pour déplaire
au jeune peintre suisse que son romantisme à lui n’étaitpas une
affaire de mode, mais l’intime et profond besoin naturel de sa forte
personnalité artistique.

Un seul des peintres de Dusseldorf pouvait avoir de l’intérêt pour
Bœcklin : le paysagiste Schirmer, dont le fin sentiment de style et
le charmant coloris, inspiré des maîtres français contemporains,
exercèrent en effet une vive influence sur le développement du
génie de son jeune élève. 11 y a entre tels tableaux de Bœcklin et les
tableaux de Schirmer une relation manifeste, notamment en ce qui
concerne la profondeur et le charme du coloris. Quant aux autres
peintres de Dusseldorf, avec leurs compositions méticuleuses et
 
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