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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

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Nr. 5
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Hymans, Henri: Le Musée du Prado, 4, Les écoles du nord - les primitifs: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0426

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LE MUSÉE DU PRADO.

391

A l’époque où, — en 1843, il y a conséquemment un demi-siècle, —
Louis Viardot faisait paraître ses Musées d’Espagne, il rangeait dans
l’oeuvre des Van Eyck, l’attribuant à Marguerite, leur soeur, un
Repos en Égypte. « On y voit, dit-il, comme dans son tableau du Musée
d’Anvers (?) sur le même sujet, la sainte famille voyageuse s’arrêtant
au milieu d’un paysage des Flandres, frais, gras et verdoyant. Au
second plan, des paysans mènent leurs charrues, et saint Joseph,
courbé sur son bâton de voyage, apporte un grand pot de lait à la
Vierge nourrice. »

Dans cette description je crois reconnaître le n° 1521, attribué
par le catalogue à Patenier, avec réserve, toutefois. Mal placée, la
peinture n’en demeure pas moins frappante par son extraordinaire
aspect de réalité, son caractère presque moderne et sa chaude colo-
ration. Le nom de Van Eyck m’était venu aux lèvres et ma surprise
a été grande de m’ètre rencontré, à un demi-siècle d’intervalle, avec
Louis Viardot qui, parmi toutes les œuvres du Musée de Madrid,
s’en va cueillir précisément cet échantillon pour le donner à Mar-
guerite Van Eyck. A l’Escurial, d’où provient cette peinture, elle
passait pour être de Lucas de Leyde.

C’est sous ce nom encore. — perpétuel recours des catalographes
du Midi en peine d’attributions d’œuvres flamandes, —- que figurait,
dans la collection d’Elisabeth Farnèse, la petite Flagellation (n° 1869),
venue de Rome en 1745. Ici, par exemple, ce n’est pas précisément à
un maître du Nord que nous avons affaire; c’est à Antonello de Mes-
sine et à nul autre. Les personnages, pas plus que l’architecture, ne
paraissent flamands; tout l’ensemble de la conception nous ramène
vers l’Italie. La scène se passe au milieu de fragments architectu-
raux dans le goût de la Renaissance. L’on songe à Cesare da Sesto, à
B. Montagna, ou à Mantegna lui-même. Au premier plan est couché
un aveugle d’un caractère admirable. Mais ici, de nouveau, pour se
prononcer en pleine connaissance de cause, il faudrait pouvoir regar-
der de près, la peinture mesurant à peine 49 centimètres sur 35.

On le voit déjà par ces quelques exemples, la.section des primitifs
du Prado réclame un examen des plus sérieux. Elle réserve bien des
surprises à qui pourra donner à son étude le temps nécessaire.

HENRI HYMANS.

(La suite prochainement.)
 
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