Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 9.1893

DOI issue:
Nr. 6
DOI article:
Bouchot, Henri: Les Salons de 1893, [1]
DOI Page / Citation link: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24662#0486

DWork-Logo
Overview
loading ...
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
446

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Sur le fait de peinture historique, on remarque une chose, c’est
combien l’intérêt se détache des idées graves et des solennités.
L’histoire prudente d’il y a cinquante ans est bien près d’avoir
fourni sa course. Nous voici plus volontiers au genre historique. On
saupoudre une action de quelque érudition et de probabilités physiques
amalgamées. On agit à la façon deM. Rochegrosse, qui sous intention
de montrer des Huns pillant une villa gallo-romaine, a par artifice,
copié les Khirgisses du Russe Yereschaguine. On excusera en
disant : ces peuples n’ont point dû varier beaucoup depuis une
douzaine de siècles; les Huns venus d’Asie avaient probablement ces
nez plats de Chinois et ces fourrures d’Asiatiques. Moi, je n’en ai
aucune idée. Je trouverais seulement, en toute révérence, que les
mêmes Huns ont bien changé quand nous les revoyons dans 1 ’Arpad
de M. Munckaczy. Car, il n’y a pas à dire, ceux-ci sont des Huns
aussi, à en croire un certain Fischer, professeur dans les universités
russes. Les peintres diront que tout cela importe peu si le tableau
est excellent; c’est le cas.

Il y a M. Lessi, dont le Milton chez Galilée vaut un Meissonier du
bon temps, et qui yamis juste ce qu’il faut d’histoire; délicat tableau
de chevalet à placer avant beaucoup de médiocrités majestueuses,
sauf que le côté miniature n’en soit dédaigné et n’éloigne Minos,
Eaque et Radamante.

Un Américain, M. Dumond, a souci de représenter Christophe
Colomb. L’intention est filiale, la peinture suffisante, consentent les
rivaux; j’ajouterai que rien n’en choque à première vue. Au détail,
voilà que nous y surprenons des phrases très singulières. Un moine
y fait un geste de gamin, chose peu acceptable. Je pense bien que les
moines de Salamanque n’étaient point pour Colomb dans l’affaire,
mais de là à se conduire en écoliers polissons, l’écart se mesure. On
assurera que je tiens pour les moines. Je ne tie ns pas pour les moines,
je crois seulement leur opposition plus sérieuse que d’une nique ou
d’un pied de nez.

De Rome, par les sentiers buissonniers, une œuvre nous arrive
qui est de M. Lematte. M. Lematte n’est point de ceux dont l’école
pleure les égarements, il est resté fidèle à ses études; même il fait
preuve dans sa Fondation de l’Université de Montpellier, d’une belle dose
de philosophie. Imaginez qu’il eût traité le sujet à la façon de Puvis
 
Annotationen