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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Leprieur, Paul: Correspondance d'Angleterre
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82

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

sa science. Son triomphe en ce genre est VÉcole de Pan du Musée de Berlin. Jusque
dans ses Vierges (celle des Offices par exemple), jusque dans le magnifique
portrait d’homme du palais Torrigiani, figurent à l’arrière-plan, comme une
marque de ses préférences, presque comme une signature, des patres nus appuyés
sur leurs bâtons ou prêts à se mettre au bain, qui ont un air de jeunes dieux.
Les baigneurs de sir Francis Cook, quoique n’étant pas absolument dignes d’un
aussi illustre voisinage, le rappelaient sur plus d’un point. Malgré des rapports
parfois même trop exacts, on peut les croire du maître, et leurs tonalités mates,
leurs gris sourds, à peine relevés çà et là de bleu pâle pour l’eau, de brun
jaunâtre ou de vert pour les terrains, ont un charme indéniable de franchise
robuste et grave.

L’Exposition croyait posséder deux Vierges, et même trois, de Signorelli. Nous
ne serons pas tout à fait de cet avis. 11 en est une qui revient presque en
double exemplaire, avec quelques variantes seulement dans la figure, l’arrange-
ment ou les fonds : c’est une Vierge à mi-corps, au nez droit, au profil grec,
tenant sur ses genoux l’enfant nu, et se détachant, tantôt sur un paysage (Collec-
tion Roscoe, à la Royal Institution de Liverpool), tantôt sur une curieuse décora-
tion d’arabesques à fond d’or (à M. Benson). Cette dernière est incontesta-
blement la plus originale et la meilleure. Toutefois elles dérivent tellement toutes
deux du même prototype admirable, et celle-ci notamment y touche de si près,
qu’on hésite à voir, dans celte répétition refroidie, la main même d’un maître qui
savait inventer en se recopiant. C’est aux Offices, au palais Pitti, au Brera
de Milan, au palais Rospigliosi de Rome, qu’on peut admirer en épreuves de
choix, et toujours plus ou moins différente d’expression suivant la scène où
elle figure, ce type de Vierge à la gravité douce ou à la noblesse hautaine,
que Michel-Ange ne regarda pas sans profit ni sans gloire. Signorelli, du reste, en
a créé et répandu plusieurs dans le monde, que dut vénérer son hardi successeur :
car il fut inventeur dans la grâce autant que dans la force; même dans ses hom-
mages à la beauté féminine, il savait rester grand. C’est à un autre de ses types
que se rattache la Vierge avec l'enfant dans un tondo, appartenant à M. Muir
Mackenzie, qui est également une œuvre d’école.

Une petite Flagellation du Christ, appartenant au directeur de la National Gal-
lery, sir Frederick Burton, nous parait bien proche du fameux tableau du Brera,
inspiré lui-même en quelques parties de celui de Piero délia Francesca au Dôme
d’Urbino, — maître dont on sait que Signorelli subit fortement l’influence en ses
premiers ans, — pour être autre chose qu’une copie et réplique d’élève. Tout en est
identiquement transcrit, avec la plus entière docilité, sauf suppression d’une base
sculptée au bas, et addition dans le haut d’un ou deux détails complémentaires,
amenés par les nécessités du cadre, qui est carré au lieu d'être arrondi. Modifica-
tions si timides, d’ailleurs, qu’elles sentent plutôt le copiste démarquant que
le peintre qui crée. Un fragment de Descente de croix (à M. Muir Mackenzie), infini-
ment brillant, coloré et puissant de ton, où se voit un homme descendant une
échelle avec des pinces, a tout l’air, en revanche, d’être le débris d’un excellent
original du maître. La petite prédelle du Musée de Dublin (Repas chez Simon),
dont il faut rapprocher celle de sir John Stirling Maxwell, une Pietà en longueur
pleine de mouvement et d’animation passionnée, toutes deux également peintes
dans des colorations fraîches et fines, représentent, si elles sont réellement de lui,
 
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