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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Leprieur, Paul: Correspondance d'Angleterre
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0092

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CORRESPOND AN CE D ’ AN G LE TE RRE.

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les côtés les moins bons et les moins grands de son art, quand il se fait imitateur
des Florentins, de Botticelli surtout. On peut les accepter toutefois. Quant au Saint-
Georges de lord Carlisle, il nous paraît plus douteux, de style et d’exécution pos-
térieurs. Le reste ne vaut pas la peine d’être nommé.

Deux ou trois intéressants dessins, au crayon mou en général, relevé seulement
pour l'un de lavis, figuraient justement en place d’honneur. C’étaient des éludes
d’hommes nus, comme il les aime, exécutées avec toute sa franchise et sa liberté.
La reine avait prêté un Hercule et Antée de Windsor, remarquable par la gesti-
culation énergique et violente. De M. Poynter, le peintre, venait un groupe de
démons, avec quelques détails de caricature, sans doute pour une scène dantesque.
Enfin, quoique plus suspect, surtout ayant souffert et ayant été trop retouché par
endroits, un important dessin de la collection Von Beckerath, de Berlin, nous
montrait deux hommes nus portant sur le dos des jeunes femmes en élégant
costume florentin. Le Comité, d’ailleurs, avait su faire, ici du moins, la part des.
œuvres moins sûres, et dans une salle annexe se trouvaient quelques dessins plus
douteux ou même absolument contestés, ainsi que des photographies ou tableaux
de peintres ayant eu, ou passé pour avoir eu, des rapports avec Signorelli. Bien
n’avait été négligé pour éclaircir jusqu’aux moindres points de détail, et ce qu’il
faut louer sans réserve, c’est l’esprit d’ordre et -de méthode qui avait présidé à
l’organisation de cette exposition. Une des parties les plus précieuses était la
réunion presque complète de toutes les photographies de peintures du maître ou
de son école : c’étaient les éléments de contrôle mis à côté des œuvres; et de cet
ensemble la grande figure du peintre ombrien se dégageait plus nettement, avec
les influences subies ou exercées. Si le Burlington club se décide, comme il paraît
en avoir l’intention, à publier en souvenir de l’exposition une monographie
illustrée de Signorelli, on ne saurait que l’engager à ne pas trop reproduire des
peintures exposées; mais il est certain qu’il aura pu retirer de son audacieuse
entreprise, ne fùt-ce que par ce groupement, de nouveaux moyens d’information
et de critique.

Les Salons de Londres sont si médiocres cette année qu’on nous excusera de
ne pas nous y arrêter longuement. A la Royal Academy, notamment, c’est un tel
défilé de peintures doucereuses et fondantes, de confiseries aimables, de banalités
sans valeur, sinon sans prétention, qu’on en est écœuré. Trop de sucre et de miel.
C’est en vain qu’on cherche çà et là une de ces petites saveurs acidulées, qui sont
coutumières à l’Angleterre et qui réveilleraient notre attention : on ne la trouve
que de loin en loin; encore disparaît-elle presque au milieu de l’universelle fadeur.
Messieurs les académiciens sont d'une galanterie à nulle autre pareille. Comme
ils ouvrent toutes grandes leurs portes aux dames, dont les produits encombrent
particulièrement cette année les salles d’exposition, ils s’efforcent de leur plaire
et rivalisent avec elles d’agrément. A la New Gallery, qui est, sinon plus fermée,
au moins plus choisie, les impressions d’art sont plus franches; et, quoique ce
milieu nous paraisse encore bien timide, c’est là que les peintres même les plus
attachés à l’Academy envoient de préférence leurs toiles audacieuses, leurs fantai-
sies de couleur ou d’expression, sans plus se contraindre ni baisser la voix pour
parler en sourdine. Essayons de cueillir dans l’une et l’autre exposition quelques-
unes des fleurs de l’année.
 
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