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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 4
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Mantz, Paul: Largillière, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0312

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LAIIGILLIÈRE.

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mesure : Louis XY s’étant marié le 5 septembre 1725 avec Marie
Leczinska, le lion enchaîné d’un cordon bleu perdait tout à-propos;
mais l’esquisse a été faite et approuvée par le conseil de ville. On
a le droit de la chercher. Il y avait de la rhétorique et peut-être
de la couleur dans cet ambitieux projet.

Contrarié par les événements, Largillière revint à ses portraits.
Il peignit celui de M. du Yaucel, conseiller du roi, maison et cou-
ronne de France. On peut le voir dans la salle La Caze. Debout, vu
de face à mi-jambes, le personnage appuie le bras gauche sur un
livre qui est le Traité de la Chancellerie. Il porte la grande perruque
poudrée, un habit marron avec une veste à ramages d’or. Bon
portrait que nous ne signalons qu’en raison de l’inscription qu’on lit
à gauche : Peint par N. de Largillierre, 1724.

Largillière était bienveillant pour la jeunesse et favorisait volon-
tiers ses débuts. Se souvenant qu’il avait été peintre dénaturé morte
au temps de son apprentissage, il aima Chardin et fut pour quelque
chose dans son succès à l’Académie. On sait que par un privilège
exceptionnel Chardin, qui avait envoyé plusieurs tableaux, fut
d’emblée nommé agréé et académicien (25 septembre 1728). Largil-
lière a formé plusieurs élèves. Comme il avait beaucoup réfléchi
aux lois de la lumière et à la technique de la peinture, il se faisait
un plaisir, dit Mariette, de faire part de ses connaissances à toutes
les personnes qui le consultaient. C’est lui qui conseilla à Oudry
d’abandonner le portrait, genre auquel il s’essayait d’abord, pour se
livrer uniquement à la représentation des animaux et de la nature
morte. Il lui a donné de bons conseils. Si Oudry n’en apastoujourspro-
fité dans ses tableaux, il s’en est souvenu dans la conférence qu’il a
lue à l’Académie le 7 juin 1749. L’auteur, comme il l’a dit lui-même,
s’inspire des enseignements de Largillière : il y a dans ce discours
sur La Manière d’étudier la couleur en comparant les objets entre eux,
des observations d’origine flamande qui, aujourd’hui encore, pour-
raient être utiles, tant elles sont modernes : les remarques sur l’abus
des noirs arbitraires, sur le droit sacré du ton local, sur la colora-
tion des ombres sont dictées par le plus libre esprit. Tout cela est dit
avec bonhomie ; il semble qu’on entende parler le vieux maître.

L’accueil bienveillant de Largillière lui attirait bien des visites
rue Geoffroy-Langevin. L’affabilité avec laquelle il reçut le futur
graveur George AVille peint bien son caractère. Wille, venant de
son Allemagne, était arrivé à Paris en juillet 1736. Il fut d’abord fort
besogneux, travaillant pour des armuriers à des pièces de métal dont
 
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