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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 4
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Reymond, Marcel: La sculpture florentine au XIVe et au XVe siècle, 2
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0344

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330

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

sont très recherchés, non seulement dans la Toscane, mais clans
l’Italie tout entière, et il semble qu’ils aient eu une véritable spécialité
pour les monuments funéraires.

Dans le premier tiers du xivesiècle, les maîtres que nous rencon-
trons partout en Toscane sont des Siennois : Tino di Camaïno, Cellino
di Nese, Gano, Agostino et Agnolo di Ventura, et toutes leurs œuvres
sont des tombeaux.

Tino di Camaïno fut le plus célèbre de ce groupe d’artistes. En
1315, il sculpte le tombeau de l’empereur Henri II, au Campo Santo
de Pise; en 1325, il est appelé à Naples, où il édifie trois monuments
en l’honneur de la famille d’Anjou, et c’est lui que nous rencontrons
à Florence lorsque la ville veut élever des monuments à ses évêques.
Tino di Camaïno est l’auteur de la tombe de l’évêque Antonio Orso,
au Dôme de Florence (1336) et de la tombe de l’évêque Tedice Aliotti,
élevée la même année à Sainte-Marie-Nouvelle.

Par analogie avec ce dernier tombeau, je crois pouvoir attribuer
à Tino di Camaïno ou à un de ses élèves un des plus intéressants et
des plus anciens monuments du xivesiècle florentin, le monument de
la famille Baroncelli, daté de Tannée 1327. Fe monument me paraît
de style siennois. Fa riche bordure avec des feuillages enroulés à
forts reliefs est tout à fait dans le style des colonnes de la porte du
Dôme de Sienne, et je l’attribue à Tino par suite de l’analogie exis-
tant entre la décoration du socle et celle du socle du monument
Tedice Aliotti. Dans les deux monuments, le socle est décoré de trois
demi-figures très expressives représentant le Christ, la Vierge et Saint
Jean. (Ces demi-figures sont un motif favori de l’école siennoise qu’on
retrouvera notamment sur le linteau des deux portes latérales de la
façade du Dôme de Sienne.)

Encore siennoise est la tombe de Gaston délia Torre, patriarche
d’Aquilée, dans le cloître de Santa-Croce (1317). Je ne puis dire quel
est le nom de ce sculpteur, mais c’est évidemment le même qui a
sculpté la tombe du cardinal Petroni, dans le transept gauche du
Dôme de Sienne. Dans les deux tombes, le sarcophage est décoré des
trois mêmes reliefs séparés par des statuettes; au milieu, la Résur-
rection du Christ, et, sur les côtés, le Christ apparaissant à la Madeleine
et VIncrédulité de saint Thomas. On attribue ce monument tantôt à
Gano, tantôt à Agostino de Sienne.

Toutes ces œuvres siennoises ont le même caractère de gravité un
peu austère, d’exécution rude, et elles font à Florence un violent con-
traste avec les œuvres si gracieuses et si délicates du génie florentin.
 
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