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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 1
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Michel, Émile: Tableaux et dessins, [1]: la collection Dutuit
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0031

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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çà et là même, quelques mains s’égarent sournoisement autour des
tailles de beautés complaisantes et massives qui se trouvent là réu-
nies. Au centre, un gros gaillard vêtu de noir et de mine joviale
étale sa corpulence et trouve plaisant d’envoyer la fumée de sa pipe
en plein visage d’une donzelle qui se récrie et témoigne son peu de
goût pour cette grossière familiarité. La facture sage et précise, les
intonations claires et finement nuancées, la transparence et la dou-
ceur du clair-obscur, attestent le talent correct et un peu froid de
Palamedes, qui fut aussi, on le sait, un habile portraitiste. Jusque
dans ces sujets assez scabreux, il est resté décent. Les attitudes
calmes, les physionomies placides de ces personnages et la nudité
des intérieurs où ils s’ébattent si paisiblement donnent bien l’idée
du flegme que les gens bien élevés conservent jusque dans ces
divertissements interlopes dont ils semblent s’acquitter comme d’un
devoir. Avec Palamedes les apparences, du moins, sont sauvées.

Elles le sont peu, d’habitude, chez Jan Steen. 11 est vrai qu’avec
ce joyeux compère nous avons à descendre de quelques degrés pour
arriver au niveau de ses relations habituelles. Il aime les réunions
libres et bruyantes et il ne craint pas les propos ou les allusions
cyniques. De parti pris, et même quand il veut être sérieux, il tourne
en caricatures les épisodes mythologiques ou bibliques auxquels il
s’est trop souvent essayé. C’est d’ailleurs un peintre très inégal, par-
fois médiocre dans ses grandes compositions, excellent, au contraire,
dans les petits tableaux où, sans prétention, sans visée à l’éloquence,
ni au comique, il ose rester simple. La plus importante et la meil-
leure des deux peintures que la collection Dutuit possède de lui est,
dans son ensemble, de qualité moyenne Elle représente une fillette
qui quête déporté en porte,accoutrée d’un travestissement de carna-
val. Attirés sur le seuil de leurs demeures, les villageois auxquels
elle s’adresse lui donnent leurs modestes offrandes et s’égaient à ce
spectacle avec leurs enfants. Parmi les assistants, un grand garçon
se carrant sur une chaise est excellent de naturel et paraît pris sui-
te vif. L’abandon de sa pose et le sourire bienveillant avec lequel il
regarde la petite quêteuse, si absorbé qu’il en oublie de fumer sa
pipe, témoignent des facultés d’observation de Steen et des fines
nuances qu’il sait parfois exprimer avec une vérité saisissante.

C’est par la franchise et la justesse dans la répartition de la
lumière, même avec les effets les plus compliqués, que Pieter de
Hooch s’est fait une place à part entre les maîtres hollandais. Ses
œuvres sont très recherchées, mais parmi les tableaux qu’on lui attri-
 
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