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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Michel, Émile: Tableaux et dessins, [1]: la collection Dutuit
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

hautes, son mobilier pareil, et ses blanches parois sur lesquelles se
jouent les rayons du soleil. Nous les retrouvons exactement sem-
blables dans le tableau de la collection Dutuit1 et dans une autre de
ses œuvres à la Pinacothèque de Munich (n° 426 du catal.). La jeune
servante qu’il a placée, vue de dos, dans ces deux ouvrages diffère
seule; elle est assise et lit dans le tableau du Munich, tandis que
dans celui de la collection Dutuit elle est debout, un balai à la main,
pourchassant la poussière avec toute la vigilance d’une ménagère
hollandaise.

Adrien van Ostadc et les petits bourgeois ou les paysans qu’il
nous montre nous aideront à parcourir tout le cercle des diverses
classes de la société de celte époque. Si parfois on se bat dans ses
cabarets, si des virtuoses d’occasion y braillent à qui mieux leurs
chansons rustiques, d’habitude ses modèles sont plus silencieux et
plus tranquilles. 11 excelle à peindre dans un format exigu des per-
sonnages solitaires, comme ce Lecteur qui, dans son réduit, partage
son temps entre la dégustation d’un pot de bière et la lecture d’une
de ces gazettes dont la Hollande venait d’inaugurer la publication.
Le format de cette feuille est minuscule; les journaux d’alors ne
se mêlaient guère de politique et ils n’étaient pas encore à l’affût
de tous les scandales. Le Médecin des urines n’est pas moins carac-
téristique du talent d’Ostade. C’était là d’ailleurs un des sujets favo-
ris des peintres hollandais, et, plus soucieux de fidélité que de déli-
catesse, Gérard Dou, Brekelenkam, Mieris, G. Schalken et bien
d’autres nous renseignent à qui mieux sur le rôle important que ce
mode de thérapeutique jouait dès cette époque dans la médecine.
Coiffé d’un chapeau noir et vêtu de noir, l’empirique peint par
Ostade est assis devant une table couverte des quelques bouquins
poudreux qui forment sa bibliothèque professionnelle, et d’un air
revêche il se livre gravement à son examen. La vulgarité du sujet
est relevée par l’habileté consommée de l’artiste et par la sagacité
de son observation. Si ses types manquent de variété et, en le faisant
reconnaître de loin, donnent un peu de monotonie à son œuvre, la
force du dessin, la plénitude substantielle de sa couleur et la fran-
chise de son exécution ont assuré depuis longtemps le prix toujours
assez élevé de ses tableaux. C’est à Isaac van Ostade, le frère et
l’élève d’Adrien, qu'il convient d’attribuer la Chaumière sous de
grands arbres qui est un excellent spécimen de sa manière; le cheval

\. Reproduit dans la livraison précédente, p. 443.
 
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