BIBLIOGRAPHIE
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pas une fantaisie audacieuse qui rompt avec toutes les traditions de l’art. Par
Daubigny, par Corot aussi, l’impressionnisme continue la grande école de 1830,
tandis que, par Delacroix, il remonte jusqu’aux maîtres de Venise et d’Anvers.
Le grand peintre de l’Espagne et du Maroc, mon vieil ami Alfred Dehodencq,
qui doit à M. Roger Marx d'avoir été remis à sa place dans cette galerie des
maîtres du siècle, « forme le trait d’union entre Delacroix et Manet ».
Ainsi, répugnant à toutes les formules du pédantisme, toujours préoccupé de
suivre la vie dans sa complexité, M. Roger Marx multiplie les rapports, les analo-
gies, relie les œuvres et les hommes dans la communauté d’un môme effort qui
ne s’interrompt pas. Et, sans rien perdre de sa richesse, de sa variété, dans le
mouvement incessant qui, selon les lois de la sensibilité, renouvelle les formes
de l’émotion esthétique, l’art français apparaît comme la pure expression de
l’esprit national qui, dans la continuité d’une même tradition, sans se répéter ni
se contredire, manifeste les qualités d’ordre, de logique, de mesure, de passion
et d’humaine sympathie qui le caractérisent dans ce qu'il a de propre et d’uni-
versel.
GABRIEL SÉAILLES
HISTOIRE DE LA GRAVURE SUR GEMMES EN FRANCE,
par M. Ernest Babelon 1
If art de la glyptique ou gravure sur gemmes, après avoir été
l'objet de nombreuses études au cours du xvme siècle, fut
presque complètement délaissé parles historiens et les érudits
du siècle suivant. M. Babelon en fait la remarque au début de
son avant-propos. Mais, depuis quelques années, ajoute-t-il, cet
art exquis a repris une nouvelle faveur, à en juger par les nom-
breuses publications dont il a fourni la matière, aussi bien en France qu’à
l’étranger.
Il convient, au reste, de le constater : cette apparente indifférence s’explique-
rait aisément par la difficulté même d’étudier et de comparer ceux de ces petits
monuments qui ne sont pas conservés dans les musées publics. Pour les intailles
et les camées des collections particulières, aussi bien que pour les minia-
tnres, on a beaucoup de peine à pénétrer chez leurs heureux possesseurs. La
plupart du temps, l’existence même de ces minuscules chefs-d’œuvre de l’art
reste ignorée ; ils sont soigneusement enfouis dans des tiroirs bien clos et
n’en sortent qu’à bon escient. Et que de démarches, que de peines, quand on a
surpris leur existence, quand on a découvert leur cachette, pour en obtenir la
communication ! Montées en bijoux, employées à la parure des femmes, les
gemmes, comme les miniatures, ne sont guère aisées à examiner et à étudier;
aussi les chercheurs doivent-ils se borner le plus souvent à travailler sur les
spécimens exposés dans les musées ouverts à tous. Or, si ces séries renferment
1. Histoire de la gravure sur gemmes en France depuis les origines jusqu’à l’époque
contemporaine, par M. Ernest Babelon, membre de l’Institut. Ouvrage illustré de 37 gra-
vures dans le texte et accompagné de 22 planches en phototypie. Paris, Société de pro-
pagation des livres d’art. Prix : 23 francs. Tiré à petit nombre.
— 3e PÉRIODE.
XXIX.
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pas une fantaisie audacieuse qui rompt avec toutes les traditions de l’art. Par
Daubigny, par Corot aussi, l’impressionnisme continue la grande école de 1830,
tandis que, par Delacroix, il remonte jusqu’aux maîtres de Venise et d’Anvers.
Le grand peintre de l’Espagne et du Maroc, mon vieil ami Alfred Dehodencq,
qui doit à M. Roger Marx d'avoir été remis à sa place dans cette galerie des
maîtres du siècle, « forme le trait d’union entre Delacroix et Manet ».
Ainsi, répugnant à toutes les formules du pédantisme, toujours préoccupé de
suivre la vie dans sa complexité, M. Roger Marx multiplie les rapports, les analo-
gies, relie les œuvres et les hommes dans la communauté d’un môme effort qui
ne s’interrompt pas. Et, sans rien perdre de sa richesse, de sa variété, dans le
mouvement incessant qui, selon les lois de la sensibilité, renouvelle les formes
de l’émotion esthétique, l’art français apparaît comme la pure expression de
l’esprit national qui, dans la continuité d’une même tradition, sans se répéter ni
se contredire, manifeste les qualités d’ordre, de logique, de mesure, de passion
et d’humaine sympathie qui le caractérisent dans ce qu'il a de propre et d’uni-
versel.
GABRIEL SÉAILLES
HISTOIRE DE LA GRAVURE SUR GEMMES EN FRANCE,
par M. Ernest Babelon 1
If art de la glyptique ou gravure sur gemmes, après avoir été
l'objet de nombreuses études au cours du xvme siècle, fut
presque complètement délaissé parles historiens et les érudits
du siècle suivant. M. Babelon en fait la remarque au début de
son avant-propos. Mais, depuis quelques années, ajoute-t-il, cet
art exquis a repris une nouvelle faveur, à en juger par les nom-
breuses publications dont il a fourni la matière, aussi bien en France qu’à
l’étranger.
Il convient, au reste, de le constater : cette apparente indifférence s’explique-
rait aisément par la difficulté même d’étudier et de comparer ceux de ces petits
monuments qui ne sont pas conservés dans les musées publics. Pour les intailles
et les camées des collections particulières, aussi bien que pour les minia-
tnres, on a beaucoup de peine à pénétrer chez leurs heureux possesseurs. La
plupart du temps, l’existence même de ces minuscules chefs-d’œuvre de l’art
reste ignorée ; ils sont soigneusement enfouis dans des tiroirs bien clos et
n’en sortent qu’à bon escient. Et que de démarches, que de peines, quand on a
surpris leur existence, quand on a découvert leur cachette, pour en obtenir la
communication ! Montées en bijoux, employées à la parure des femmes, les
gemmes, comme les miniatures, ne sont guère aisées à examiner et à étudier;
aussi les chercheurs doivent-ils se borner le plus souvent à travailler sur les
spécimens exposés dans les musées ouverts à tous. Or, si ces séries renferment
1. Histoire de la gravure sur gemmes en France depuis les origines jusqu’à l’époque
contemporaine, par M. Ernest Babelon, membre de l’Institut. Ouvrage illustré de 37 gra-
vures dans le texte et accompagné de 22 planches en phototypie. Paris, Société de pro-
pagation des livres d’art. Prix : 23 francs. Tiré à petit nombre.
— 3e PÉRIODE.
XXIX.
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