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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 1
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Cantinelli, Richard: Gustave Ricard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0108

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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le culte laborieux de ces maîtres, revenir à l’étude de leurs œuvres
comme à la source de toute vérité. Quelque temps avant sa mort,
après avoir copié à la Tribune la Vénus de Titien, il travailla pendant
six mois au Louvre devant YAntiope du Corrège. Avec quel achar-
nement, ses lettres en font foi : « Je mène une vie indiavolata col
Corregio, de 8 heures à G, mais ce sera fameux. » ce Je rentre si
rompu, que je n’ai ni bras ni jambes. »

Ricard demeura en Italie et notamment à Venise jusqu’en 1848,
époque à laquelle il fut appelé à Londres par un groupe d’amateurs
anglais. Ainsi son étoile le conduisait, tout jeune encore, du pays du
Titien, du Tintoret et du Véronèse à la ville la plus riche en por-
traits illustres. Avec l’incomparable série des van Dyck il put étudier
là les peintres dont les œuvres exposées dans le pavillon de l’Angle-
terre pendant la dernière exposition ont laissé dans l’esprit de tous
les amateurs une empreinte ineffaçable. Jusqu’en 1850, date de son
retour à Paris, Ricard vécut donc dans la société de Reynolds, de
Romney, de Lawrence, de Gainsborough, ayant pour modèles des
personnages blonds, tiers, un peu crispés, descendants de ceux-là
mêmes que van Dyck a rendus immortels.

A part un voyage en Hollande, pour visiter Rembrandt, Rubens et
les Famands, Londres, Paris et Venise seront désormais ses trois
séjours de prédilection. Mais l’Italie surtout, Titien et le Corrège, le
sollicitent. Chaque fois qu’il y retourne, c’est un nouvel enchantement.
A l’un de ses derniers voyages, il écrit à son frère Emile :

« Je n’avais pas idée de la beauté du Tyrol, si ce n’est par les
fonds des paysages de Titien; un air si méridional que les poitrinaires
y vont passer les hivers... On passe le Brenner en mille escarpements,
tunnels, corniches d’acrobates, un vol rythme par le piston de la
vapeur à la hauteur où volent les aigles, et puis cette arrivée au son
des cloches au soleil levant par la lagune d’une Venise, l’air laiteux
et la couleur déliée de ces vieux palais, de ces coupoles grises, tout
cela à la fois clair et incolore à force de finesse de la couleur. Je
n’avais jamais vu Venise l’été, et c’est bien plus beau. »

Ricard exposa pour la première fois au Salon de 1850. Son envoi
se composait de huit portraits, parmi lesquels celui de Mme Sabatier
et la Jeune Bohémienne tenant un chat. Il obtint une seconde médaille.
La première médaille lui fut décernée en 1852. Mais les expositions
publiques ne devaient pas tenter longtemps ce peintre de la délica-
tesse et du silence. Dès 1859, il n’envoya plus rien au Salon. On a
voulu attribuer à une blessure d'amour-propre cette retraite obstinée,
 
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