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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Cantinelli, Richard: Gustave Ricard
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0113

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

technique, découvert à nouveau les secrets, les procédés caractéris-
tiques des diverses écoles. Il était un expert infaillible, connaissant
par le détail les peintres les plus ignorés, ayant lu tout le fonds
d’ouvrages que la Renaissance consacra aux arts de peindre et à l’his-
toire des artistes.

De là est née cette opinion répandue par des critiques mal infor-
més ou malveillants, que Ricard fut un prestigieux imitateur des
maîtres, mais qu’il manqua d’originalité.

Certes, jusqu’à son dernier jouç, Ricard ne cessa point d’aller à
l’éc oie de van Dyck, de Titien et du Corrège. R remplaçait par cette
étude assidue Renseignement que les peintres de la Renaissance rece-
vaient dans l’atelier et de la main même de ces maîtres incomparables.
La mode n’était point alors à l’originalité. Un artiste, dès son début,
ne se piquait point d’avoir une « manière personnelle ». Léonard de
Vinci put, sans rompre en rien l’harmonie générale du tableau,
peindre la tète d’un ange dans le Baptême du Christ de Verrocchio.
Les premiers tableaux de Raphaël ressemblent, à n’en pas douter, à
ceux du Pérugin, et de semblables analogies peuvent être signalées
chez tous les maîtres de cette époque. Mais, pour tous, un moment
arrive où le génie rompt toute entrave et marche seul, éclatant-
d'une lumière nouvelle. Alors les œuvres universelles et origi-
nales, en ce que la vérité même y est à jamais enfermée, prennent
naissance.

Que les fils, aveugles aussi, de ceux qui longtemps confondirent
le Canaletto et Guardi, s’obstinent donc à refuser à Ricard tout génie
personnel. Mais que les esprits sincères se contentent d’aller voir
au musée de Marseille le Portrait de Chenavard; qu’ils considè-
rent sans idées préconçues cette tête où, tout artifice de peinture
étant aboli, la pensée seule, profonde, sereine, la bonté réfléchie, la
raison, brillent sur le front de marbre, dans les yeux pensifs, sur la
bouche sévère, dans l’attitude noble et simple de celui qui fut un
philosophe plutôt qu’un peintre. Et ceux qui liront les fragments qui
suivent retrouveront aussi dans le faire délicat et presque immaté-
riel de ce portrait la tendresse d’un fils de l’esprit que Ricard avait
vouée au modèle :

«... Un mot suffit pour sonner au cœur d’un ami, comme la
note naturelle d’un instrument qui émeut les autres d’une manière
qui semble miraculeuse... Pour moi, vous nommer, c’est retourner
la gamme de la vie... c’est l’octave renversée; c’est revoir avec vous
les rues et les palais de Rome... voyager comme deux frères sia-
 
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