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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Kleinclausz, Arthur: Un atelier de sculpture en Bourgogne à la fin du Moyen Âge: l'atelier de Claus Sluter
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0151

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

conduite avec mille précautions à son emplacement, où Sluter lui-
même venait faire les dernières retouches.

*

* *

Dans l’exécution de cette œuvre le génie du maître apparaît
singulièrement puissant. Où et comment s’était-il formé? Nul ne
le saurait dire. On ignore tout de sa vie avant son arrivée à Dijon,
si ce n’est qu’il était de Hollande/1, et une seule influence paraît
s’être exercée postérieurement sur lui, celle d’André Beauneveu,
dont il alla visiter les travaux au château de Mehun-sur-Yèvre 2.
Encore manquons-nous de renseignements sur ces travaux, puisque
le château a disparu et les comptes du duc de Berry ont été détruits.

Sombre et défiant, recherchant la solitude, aimant à travailler
seul, tels sont les traits sous lesquels Sluter se découvre. Aussitôt
qu’il a pris possession de son atelier, il fait mettre partout des gonds,
des verrous, des serrures, trois crampons et une chaîne de fer aux
fenêtres de son ouvroir, trois serrures « dont il y en a doux trefforées
et l’autre à hosse » aux huisseries et guichets dudit ouvroir. Mais
cela ne lui suffit pas : il est encore trop près de la rue, trop près de
ses ouvriers, et, dix mois après son installation, il se fait construire,
pour son usage personnel, une galerie en appentis, éclairée par plu-
sieurs fenêtres, où il pourra travailler seul, à l’écart du mouvement
et du bruit. Autour de lui, il ne souffre que des compatriotes du
Nord, des Flamands qu’il a choisis lui-même, écartant ceux qui
étaient au service de son prédécesseur. On connaît les noms de trois
Bourguignons seulement employés à son service : Guillaume de
Benoisy en Auxois, Perrin de Thorey, JeanMidey de Fleurey. Fina-
lement, il trouve que ces aides sont de trop : il les renvoie, sauf un
ou deux, et les années où il produit le plus sont celles où il a le

1. « Clans Sluter de Orlandes, ouvrier d’images », dit l’acte du 6 avril 1404,
par lequel Sluter se retire à l'abbaye Saint-Étienne de Dijon.

2. « A Jehan de Beaumes,paintreetvaletde chambre de monseigneur et Claus
Slustre, son ouvrier d’entailleure, pour eux defîrayer des frais et despens qu’ils
firent en alant de Dijon à Mehun-sur-Yèvre où mondit seigneur les envoya pour
visiter certains ouvraiges de painture, d’ymaiges et d’entailleures et aultres que
monseigneur de Berry fait faire audit Mehun » (Arch. dép. Côte-d’Or, B. 1500,
folio 45.) — Si les ducs de Bourgogne n’employèrent pas Beauneveu, ils furent en
effet pleins d’admiration pour cet artiste, et l’on sait par un Compte de Josset de
Halle que Philippe le Hardi envoya ses maîtres de charpenterie et de maçonnerie
« veoir et adviser certains ouvrages estans au châtel de monseigneur le duc de
Beçry, où ils vaquèrent par XVI journées » (Arch. dép. Côte-d’Or, B. 1495.)
 
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