DOI issue:
Nr. 1
DOI article:Marcou, Paul Frantz: Le Moyen Âge et la Renaissance: la collection Dutuit
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0166
LA COLLECTION DUTUIT
147
quelques pièces d’orfèvrerie et de joaillerie française et italienne,
des bijoux, des montres, des reliquaires, dont il n’est rien à dire,
sinon que ce sont de petites œuvres recommandables, faites pour
décorer agréablement le cabinet d’un amateur. Une petite pièce
d’orfèvrerie allemande est bien faite toutefois pour arrêter le visiteur
par le souvenir qu'une étiquette y attache : « canette de Luther »,
dit cette étiquette. Une inscription hollandaise du xvue siècle, qui se
lit au-dessous, nous apprend simplement qu’elle fut apportée de la
maison de Luther. Elle ne dit pas plus, et elle a raison : l’objet ne
peut en effet guère être an-
térieur au dernier quart du
xvie siècle; aussi, s’il vient
de la maison de Luther, ce
qui n’est ni contrôlable, ni
réfutable, semble-t-il, il est,
par contre, peu possible qu’il
ait jamais appartenu au grand
réformateur, mort en 1546.
Quant à cette grande croix
d’argent qui s’intitule : «croix
processionnelle de Théodo-
ros », elle nous arrive avec
quelque meilleure apparence
d’authenticité historique. Ce
qu’on nous dit être certain,
c’est qu’elle fut prise à Mag-
dala après la défaite des trou-
pes du Négus. Sa forme est
celle d’une croix grecque que deux branches montantes relient à la
tige. Sur chacune de ses faces sont gravées des scènes de la Passion.
Une inscription en langue abyssine relate que cette croix fut faite
aux frais d’un certain roi Bakafa. Un roi de ce nom régna en Ethiopie
de 1719 à 1729. Il est permis de penser que c’est de lui qu’il s’agit,
et que par suite la croix ne serait pas antérieure au commencement
du xvin° siècle.
La sculpture, peu nombreuse dans la collection Dutuit, compte
plusieurs morceaux de matière, d’époque et de qualité différentes,
dont quelques-uns ne manqueront pas d’attirer l’attention et de la
retenir : d’une part, trois terres émaillées de l’atelier des délia Rob-
bia, trois Vierges à l'Enfant, blanches sur fond d’un bleu trop lai-
BUSTE D’ENFANT
BRONZE VÉNITIEN, XV6 SIÈCLE
(Collection Dutuit.)
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quelques pièces d’orfèvrerie et de joaillerie française et italienne,
des bijoux, des montres, des reliquaires, dont il n’est rien à dire,
sinon que ce sont de petites œuvres recommandables, faites pour
décorer agréablement le cabinet d’un amateur. Une petite pièce
d’orfèvrerie allemande est bien faite toutefois pour arrêter le visiteur
par le souvenir qu'une étiquette y attache : « canette de Luther »,
dit cette étiquette. Une inscription hollandaise du xvue siècle, qui se
lit au-dessous, nous apprend simplement qu’elle fut apportée de la
maison de Luther. Elle ne dit pas plus, et elle a raison : l’objet ne
peut en effet guère être an-
térieur au dernier quart du
xvie siècle; aussi, s’il vient
de la maison de Luther, ce
qui n’est ni contrôlable, ni
réfutable, semble-t-il, il est,
par contre, peu possible qu’il
ait jamais appartenu au grand
réformateur, mort en 1546.
Quant à cette grande croix
d’argent qui s’intitule : «croix
processionnelle de Théodo-
ros », elle nous arrive avec
quelque meilleure apparence
d’authenticité historique. Ce
qu’on nous dit être certain,
c’est qu’elle fut prise à Mag-
dala après la défaite des trou-
pes du Négus. Sa forme est
celle d’une croix grecque que deux branches montantes relient à la
tige. Sur chacune de ses faces sont gravées des scènes de la Passion.
Une inscription en langue abyssine relate que cette croix fut faite
aux frais d’un certain roi Bakafa. Un roi de ce nom régna en Ethiopie
de 1719 à 1729. Il est permis de penser que c’est de lui qu’il s’agit,
et que par suite la croix ne serait pas antérieure au commencement
du xvin° siècle.
La sculpture, peu nombreuse dans la collection Dutuit, compte
plusieurs morceaux de matière, d’époque et de qualité différentes,
dont quelques-uns ne manqueront pas d’attirer l’attention et de la
retenir : d’une part, trois terres émaillées de l’atelier des délia Rob-
bia, trois Vierges à l'Enfant, blanches sur fond d’un bleu trop lai-
BUSTE D’ENFANT
BRONZE VÉNITIEN, XV6 SIÈCLE
(Collection Dutuit.)