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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 3
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Bouchot, Henri: Les portraits de Louis XI
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0238

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

une œuvre de premier ordre1, mais aussi pour les conséquences
historiques et critiques qui en découlent et les éléments de compa-
raison qu’il nous a fournis. Hors ceci, la piété consciencieuse d’érudits
spéciaux et de littérateurs habiles n’a guère fait que vulgariser,
sans plus de révélations sensationnelles, la réputation, de l’un des
peintres français dont nous avons droit d’être fiers.

La miniature des Statuts nous a donné mieux encore qu’une
œuvre magistrale de Jean Fouquet : elle nous a montré Louis XI ;
non pas le roi de la légende, le vieillard caduc, ridicule et apeuré
de Plessis-lès-Tours, constitué de toutes pièces par nos romantismes
de naguère, mais un bel homme de quarante-cinq ans, à la mine
hère, au galbe busqué, à l’œil très hautain, un personnage infiniment
roi, sans que rien cependant le distingue de ses confrères, les che-
valiers de l’Ordre, qui l’entourent. Comme eux, il a le « haut bon-
net », le manteau, la robe bleue, le collier; il n’arbore ni couronne,
ni sceptre. A part les fleurs de lys du trône sur lequel il est assis,
on le pourrait croire un seigneur quelconque. Et pourtant, c’est bien
lui le roi, c’est, au milieu des autres, le seul roi; la main appuyée
sur le genou, le regard de coin, la tête rejetée en arrière, il ne cherche
pas l’autorité, il l’a.

Très récemment, un portrait de Louis XI, provenant des collec-
tions de Roger de Gaignières, nous était révélé; on dit qu’il avait
été trouvé dans l’Anjou, chez un prêtre qui en connaissait la valeur.
J’ai facilement montré que cette œuvre devait être le modèle sur
lequel le dessinateur de Gaignières avait exécuté T aquarelle con-
servée dans un de ses recueils au département des Estampes2. Cette
copie porte la mention suivante, dont il serait un peu risqué d’exa-
gérer l’importance : « Copié sur l’original peint de son temps dans le
cabinet de M. de Gaignières. » Or, Gaignières possédait deux Louis XI :
un qui se trouvait chez lui, « dans le grand cabinet avant la Gallerie »,
où il faisait compagnie au fameux portrait du roi Jean, aujourd’hui
exposé dans la galerie Mazarinc3, celui-là qui fut vendu 10 livres
15 sous à la vente de 1717. L’autre Louis XI sur bois, de 13 pouces
de haut sur un pied de large, dans une bordure de bois doré, n’at-

1. Cette pièce avait été donnée comme représentant Louis XII, et sans attri-
bution d’artiste, par le bibliophile Jacob, dans Louis XIT et Anne de Bretagne
(d’après le ms. fr. 19819 de la Bibl. Nat.). Paris, Hurtrel, 1882, in-4°, p. 552.

2. Cabinet des estampes, Oa 15, fol. 1.

3. Exposition de la Galerie Mazarine, n° 1. Ce portrait du roi Jean, probable-
ment exécuté à Avignon, en 1342, provenait du château d'Oyron, en Poitou.
 
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