Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

DOI Heft:
Nr. 3
DOI Artikel:
Bouchot, Henri: Les portraits de Louis XI
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0250

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
226

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

visité les Flandres; car, il faut le reconnaître, l’œuvre est formelle-
ment de là-bas; elle l’est par le style général, le costume, le travail;
le peintre est Bourguignon-Flamand et le modèle est habillé à la
bourguignonne. Or, nous savons que de 1456 à 1461, — exactement
de décembre 1456 à mai 1461, — le dauphin Louis est installé à
Genappc, sur les marches du Hainaut, « qui est une place plaisante
à desduict des chiens et des oyseaulx 1 ». Au fond, Genappe, c’est un
peu Bruxelles, et le prince ne manque pas de paraître souvent dans
la ville; il en date de nombreuses lettres, envoyées par lui aux
quatre coins du monde. Louis n’est pas heureux dans son exil; ses
revenus du Dauphiné ont été saisis par le roi son père; les ban-
quires se font tirer l’oreille. Bien que peu dépensier par nature, c’est
maigre, pour un prince de sa qualité, les 2 000 livres que la géné-
rosité du duc Philippe lui alloue; c’est moins encore les 3 000 éciis,
payés à la dauphine Charlotte de Savoie sur la cassette de leur hôte.
En 1458, on verra le futur Louis XI venir à Bruges, où il cherche un
prêteur sur gages qui ne se montre guère. Il trompe son ennui à la
chasse; il achète des faucons; son parent de Milan lui envoie un
gerfaut; il se pourvoit de velours broché pour ses robes. À cette
époque, il est encore dameret et un peu coquet; plus tard, il sera
vêtu comme un paysan, « si mal que pis ne se povoit ». Et le fameux
chapeau à la médaille aperçu dans le portrait de Fontainebleau sera
stigmatisé par Commines : « il portoit une manière de chappeau
différent des autres, et ung ima.ige de plomb dessus2 ». Dans les
Flandres, il se croit tenu à plus de « gentillesse » pour inspirer con-
fiance; il ne dédaigne la parure que pour le prix qu’elle coûte; mais
il n’y a pas lieu de s’étonner si on le voit joliment vêtu dans le
portrait de Berlin : il cherchait alors à jeter de la poudre aux yeux3.

A Bruxelles, il a rencontré Rogier de la Pasture, comme disent
les Français, maistre Rogier, Bogier van derWeyden expriment les
Flamands. Et le maître Rogier est allé, après Jean Fouquet, au
pèlerinage de Rome; il en est revenu en 1450, assez tôt pour rece-
voir l’exilé dans son hôtel de la rue de l’Empereur. Sincèrement,
quel autre artiste eût eu, à la fois, l’autorité morale et le talent pour
tenter le portrait d’un dauphin de France, d’un futur roi, sinon
Rogier? Aucune mention de compte ne nous permet de surprendre le

1. Mathieu d’Écoucliy, II, 333.

2. Commines, édit, de la Société Hist. de France, I, 160.

3. Il craignait surtout de désobliger le duc, son protecteur, eu faisant trop
piteuse figure (Commines, II, 275).
 
Annotationen