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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 3
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Michel, Émile: Tableaux et dessins, 2: la collection Dutuit
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0253

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LA COLLECTION DUTUIT

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s’est faite à Haarlem, dans l’atelier de Frans liais. Quant aux indica-
tions qu’on pourrait tirer de sa technique, elles restent trop vagues
pour permettre de trancher cette question; et s'il est permis de
retrouver dans sa manière quelque trace de l’influence de Hais, qui,
d’ailleurs, respectait pleinement l’individualité de ses élèves, on y
relèverait aussi bien celle de Rubens, qui professa toujours une vive
sympathie pour son talent et pour sa personne. On sait, en effet, que
comme Rembrandt le fit plus tard, Rubens avait réuni dans ses col-
lections un grand nombre d’ouvrages de l’habile artiste.

Les sujets qu’a traités Brouwer et le monde peu choisi auquel
appartenaient ses modèles ont certainement contribué à établir et à
confirmer la légende des habitudes d’ivrognerie et do débauche qui
auraient abrégé son existence. Il faut, en effet, avoir observé de près
les buveurs et les drôles qui forment exclusivement le personnel des
tableaux du maître pour rendre, avec la vérité qu’il y a mise, leurs
attitudes débraillées, leurs types et leurs expressions familières.
Mais bien d’autres que Brouwer — et l’histoire de l’art le prouve-
rait surabondamment — ont exercé leur talent sur des données
pareilles sans que leur honorabilité en ait souffert, et, littérateurs ou
peintres, il n’est pas nécessaire d’appartenir soi-même à ce monde
équivoque pour en saisir et en exprimer les traits les plus caracté-
ristiques. Les relations que Rrouwer a gardées avec ses confrères les
plus illustres, notamment avec Rubens et avec van Dyck, qui fit son
portrait, l’estime affectueuse qu’ils lui témoignaient, son affiliation
à la Société de Rhétorique d’Anvers et la régularité avec laquelle il
y paya toujours ses cotisations suffiraient à prouver sinon la fausseté
complète, du moins l’exagération des méchants propos tenus sur son
compte. Plus encore que ces considérations fournies par des docu-
ments positifs, son talent plaiderait en sa faveur. Dans sa très courte
carrière il n’a pas cessé de progresser, ce qui n’est guère conciliable
avec les défauts ou les vices que lui ont trop complaisamment
prêtés des biographes, d’ailleurs peu scrupuleux en pareille matière;
mort à trente-deux ans, il a relativement beaucoup produit, et cette
fécondité, qui suppose un travail assidu, n’est pas non plus très com-
patible avec les habitudes de paresse et de désordre qui lui ont été
attribuées. Dans cette période de production, restreinte à une dou-
zaine d’années, on compte environ une centaine de tableaux, et la
Pinacothèque de Munich, où l’on peut le mieux étudier les transfor-
mations de sa manière, n’en possède pas moins de dix-neuf. À ses
débuts, rude et farouche dans son dessin, peu harmonieux dans les
 
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