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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 3
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Mély, Fernand de: Le grand camée de Trianon
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0274

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248

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

puisque pour la première fois nous en entendons parler seulement
en 1834. N’ayons-nous pas lieu, en plus, de nous étonner grandement
de n’avoir jamais vu citer ce monument par aucun de ces érudits
épris des pierres gravées qui leur consacrèrent, à la fin du
xviu° siècle et au commencement duxix°,de si magnifiques ouvrages?

Mais si cet examen nous amène ainsi rapidement à la conviction
que le camée n’a pas été découvert à Pompéi, qu’il n’a pas été
envoyé à Marie-Antoinette, ne devient-il pas, par cela même, indis-
pensable de nous préoccuper de son antiquité même?

Si à distance, car on ne l’aperçoit que de fort loin, séparé qu’on en
est par une barrière, il est permis de croire à l’antique annoncé, on
ne saurait, en se rapprochant, tarder à constater combien la matière,
combien le sujet, combien le faire sont différents de ces admirables
œuvres antiques, dont les plus grands camées connus, ceux de la
Sainte-Chapelle de Paris, et de Saint-Sernin de Vienne, comme tant
d’autres du Cabinet des médailles, nous offrent de si merveilleux
spécimens.

Tout d’abord, la matière, un onyx à trois couches, assez mauvaise,
assez mal utilisée, quoique finement travaillée, ferait bien plutôt de
ce précieux objet un petit bas-relief sur pierre dure, qu’un véritable
camée. Un artiste antique, pour une œuvre de cette importance, eût
certainement plus soigneusement choisi sa pierre.

L’harmonie de la composition est loin d’être meilleure : car, si
les figures, chacune en leur particulier, ou même par petits groupes,
sont largement traitées, l’ensemble n’offre réellement que le rap-
prochement de personnages juxtaposés, sans aucun lien sensible.

Est -ce là, comme le dit Dussieux, une priapée ? A la vérité, il y a un
priape, enguirlandé par une jeune fille; mais qui sont les femmes qui
se trouvent devant lui? Des danseuses, des ménades, des nymphes?
Nullement ; elles ne le regardent même pas. A ses pieds, voici, je
crois, la Peinture assise, tandis qu’à l’extrême gauche, pensive,
une Muse semble bien étrangère à la scène dont elle doit faire cepen-
dant partie. Et la femme debout, qui porte un thyrse embaumé,
qui est-elle? Et l’autre femme assise qui lui tourne le dos? Est-ce
Pandore avec sa boite? Et tout à droite, derrière le priape, que vient
faire ce jeune échanson, dans sa nudité antique qui contraste si étran-
gement avec les amples vêtements de toutes ces femmes, alors
qu’une priapée exigerait à tout le moins un satyre?

Est-il d’ailleurs antique, ce priape à la base si peu architecturale ?
 
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