LE GRAND CAMÉE DE TRIANON
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Est-elle antique cette lourde guirlande de feuillages? Un sculpteur
grec ou romain voudrait-il les avouer?
Mais si, comme nous le pensons, la pierre ne saurait dater de
l’époque romaine, à quelle école faut-il donc la rattacher?
Incontestablement, dans le sujet comme dans l’exécution, il y a
des réminiscences de l’antique, transformées d’abord par la Renais-
sance, sur lesquelles, enfin, le xvme siècle a laissé une empreinte toute
spéciale. Et de même que j’ai tenté naguère de dater, d’après un des
personnages, le coffret de Saint-Nazaire de Milan, je crois qu’il est
possible de procéder ici d’une identique façon.
La Muse au flambeau de gauche, parait inspirée par l’Uranie du
sarcophage des
Mu ses du musée
du Louvre, abso-
lument, comme
le jeune éphèbe
de droite semble
bien proche pa-
rent de l’Anti-
noüs, auquel on
aurait mis une
cimula dans la
main droite; dans
la souplesse de
son mouvement, il rappelle enfin étrangement les statues d’Andrea
Sansovino de l’escalier des Doges, à Venise, et des grottes des jardins
Boboli, à Florence.
Jusqu’ici, pourtant, rien de bien particulier.
Le groupe central, le seul qui soit vraiment un, nous amène, par
contre, indiscutablement, en pleine école française : la femme
debout, accostée des deux femmes assises, présente un caractère
spécial et bien connu. Longtemps, je me suis demandé où je les avais
déjà rencontrées. N’était-ce pas la copie de quelque dessus de porte
du xvme siècle? Je me souvenais bien d’un délicieux bas-relief du
vestibule du château de Maisons, de Gilles Guérin ; mais comme ce
dernier était plus largement compris! J’ai fini par songer aux bas-
reliefs du Palais de la Légion d’honneur1 et de l’hôtel de La Roche-
1. Commencé par le prince de Salm en 1782, terminé en 1790. Les sculpteurs
qui y travaillèrent furent Moitte, Roland et Boquet.
— 3e PÉRIODE.
FRAGMENT DU «SARCOPHAGE DES MUSES»
(Musée du Louvre.)
XXIX.
32
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Est-elle antique cette lourde guirlande de feuillages? Un sculpteur
grec ou romain voudrait-il les avouer?
Mais si, comme nous le pensons, la pierre ne saurait dater de
l’époque romaine, à quelle école faut-il donc la rattacher?
Incontestablement, dans le sujet comme dans l’exécution, il y a
des réminiscences de l’antique, transformées d’abord par la Renais-
sance, sur lesquelles, enfin, le xvme siècle a laissé une empreinte toute
spéciale. Et de même que j’ai tenté naguère de dater, d’après un des
personnages, le coffret de Saint-Nazaire de Milan, je crois qu’il est
possible de procéder ici d’une identique façon.
La Muse au flambeau de gauche, parait inspirée par l’Uranie du
sarcophage des
Mu ses du musée
du Louvre, abso-
lument, comme
le jeune éphèbe
de droite semble
bien proche pa-
rent de l’Anti-
noüs, auquel on
aurait mis une
cimula dans la
main droite; dans
la souplesse de
son mouvement, il rappelle enfin étrangement les statues d’Andrea
Sansovino de l’escalier des Doges, à Venise, et des grottes des jardins
Boboli, à Florence.
Jusqu’ici, pourtant, rien de bien particulier.
Le groupe central, le seul qui soit vraiment un, nous amène, par
contre, indiscutablement, en pleine école française : la femme
debout, accostée des deux femmes assises, présente un caractère
spécial et bien connu. Longtemps, je me suis demandé où je les avais
déjà rencontrées. N’était-ce pas la copie de quelque dessus de porte
du xvme siècle? Je me souvenais bien d’un délicieux bas-relief du
vestibule du château de Maisons, de Gilles Guérin ; mais comme ce
dernier était plus largement compris! J’ai fini par songer aux bas-
reliefs du Palais de la Légion d’honneur1 et de l’hôtel de La Roche-
1. Commencé par le prince de Salm en 1782, terminé en 1790. Les sculpteurs
qui y travaillèrent furent Moitte, Roland et Boquet.
— 3e PÉRIODE.
FRAGMENT DU «SARCOPHAGE DES MUSES»
(Musée du Louvre.)
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