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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0290

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BIBLIOGRAPHIE

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toile ayant décoré l’église Saint-Nicolas, à Bruxelles, toile que détruisit le bom-
bardement de 1693. Quant au Philopœmen, splendide esquisse ayant appartenu
au docteur La Caze, contrairement à l’avis de mon savant confrère, j'y vois plutôt
l’œuvre de van Dyck.

Revenant à Rubens, à propos de son œuvre à la National Gallery de
Londres, M. Rooses décrit d’une façon remarquable une des plus grandioses
créations du prodigieux metteur en scène : La Paix et la Guerre. Cette pein-
ture-là, Rubens la produisit sans le secours d’aucun auxiliaire, durant son
mémorable séjour de neuf mois à Londres,eu 1629-30. « Il chérissait la paix, et
ne savait que trop les maux que la guerre avait, durant un demi-siècle, déchaînés
sur son pays. De là la profonde émotion qui se dégage de sa poétique donnée.
On peut dire de son œuvre qu’elle constitue un éloquent plaidoyer pour la paix. »
Les figures de la déesse, et des enfants qui l’environnent — la chose est d’ailleurs
connue — la femme et les enfants de Balthasar Gerbier, peintre quelque peu
diplomate, chez qui logea Rubens, aux frais du roi Charles Ier.

Ceci nous amène à parler de l’énigmatique portrait de famille faisant partie
de la Galerie royale d'Angleterre, où Gerbier, sa femme et ses neuf enfants se
trouvent réunis. Cette vaste, et d’ailleurs fort remarquable, peinture orne un des
salons du château de Windsor. On l’a four à tour attribuée à Rubens et à van
Dyck,puis retranchée à l’un comme à l'autre. Waagen la donnait sans réserve au
second. M. Rooses assure que tous deux y sont étrangers. Je n’ose me montrer
si absolu, depuis une étude récente de la galerie de Windsor et d’une toile con-
sidérable, exposée cet hiver à la Royal Academy, où ne figurent que la femme
de Gerbier et les quatre aînés de ses enfants. Ce serait là, au gré de M. Rooses
et d’autres connaisseurs tels que M. Claude Philipps, M. Ernest Law, le tra-
vail authentique de Rubens, le noyau du grand ensemble de la galerie de Wind-
sor, auquel son pinceau n’aurait pas eu la moindre part.

Le groupe de lady Gerbier et de ses quatre enfants est une œuvre de mérite
secondaire1, nullement empreinte de la maîtrise qui se révèle dans la même
partie du tableau de Windsor. C’est chose profondément injuste, à mon humble
avis, que cette méconnaissance de la très haute valeur de ce dernier ensemble,
et cela au profit d’une toile infiniment moins connue et plus rarement étudiée,
qui, elle aussi, passa un temps pour être de van Dyck.

Outre que les deux groupes ne sont pas identiques, que, notamment, la mère,
dans une des peintures, a le sein voilé, et l’a découvert dans l’autre (celle de
Windsor) — chose naturelle, puisqu’il s’agit d’un nourrisson qu’on vient d’allai-
ter,— qu’en outre le petit garçon, dans le tableau de Windsor toujours, soulève la
draperie du fond d’un geste plus noble que dans l’autre, où il agit de la main
droite, sans parler de divers détails des ajustements, j’observe qu’un copiste
ne se serait pas appliqué, n’ayant point le modèle sous les yeux, à compliquer
un mouvement, plutôt cherché, c’est possible, mais aussi d’un art plus achevé.
Nous voyons, en effet, un coup de lumière dans la peinture de Windsor, déta-
chant sur le fond le bras du jeune homme, perdu au contraire dans la pénombre
dans la composition restreinte de sa quasi-copie au musée de Bruxelles.

Sous le rapport technique, la peinture de Windsor m’a paru plus franche que
l’autre et de facture plus délicate. Et qui donc pouvait traiter de la sorte les

1. G’est également l’avis de MM. lîredius et Friedlaender.
 
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