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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 4
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Stryienski, Casimir: Le Salon de 1761, 1: d'après le catalogue illustré par Gabriel de Saint-Aubin
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0319

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LE SALON DE 1761

289

lanterne, des réchauds, des cruches, des chaudrons?... Quel tapage
d’objets disparates! On en sent toute l’absurdité; avec cela on ne
saurait quitter le tableau. Il vous attache. » (Diderot.) Ce jugement
n’a rien de trop sévère ; aussi les Concourt exagèrent-ils quand ils
nous montrent Diderot résistant à cette espèce d’ensorcellement que
le peintre exerçait sur ses contemporains ; cet ensorcellement, il l’a eu.
Boucher, a-t-il dit, fait tourner la tête à deux sortes de personnes,
aux gens du monde et aux artistes. Aux uns plaisent l’élégance, la
mignardise, la galanterie romanesque, etc. ; aux autres la technique,
le faire, la difficulté surmontée : ils « lléchissent le genou devant
lui; c’est leur dieu ».

Plus tard Diderot sera de moins bonne humeur; il opposera dans
sa pensée les intentions morales de Greuze à la débauche de Boucher,
mais il n’en rend pas moins justice au peintre. En 1765, il signalera
brutalement la décadence de l’artiste; aussi bien, dans l’œuvre de
Boucher, auprès de morceaux superbes, comme le plafond de la Salle
du Conseil à Fontainebleau, que de morceaux négligeables, écœurants
même par leur fadeur! Les sévérités tardives de Diderot s’expliquent
fort bien : Diderot juge Boucher sur la fin de sa vie, alors que
son talent n’avait plus la jeunesse, la nouveauté d’autrefois.

Boucher, suivant l’heureuse formule des Concourt, a une manière
et n’a pas de style; et l’on s’explique sans peine pourquoi, dans ce
xvni* siècle, le « peintre des grâces » reste, pour les délicats, si loin
du « peintre des fêtes galantes ».

III

JEAURAT, PIERRE, NATTIER, HALLÉ, DESHAYES

Page 8. Le Songe de saint Joseph (n° 10), par Etienne Jeaurat. Ce
tableau est aujourd’hui à l’église Saint-Louis de Versailles qui ne ren-
ferme pas moins de cinq toiles ayant été exposées en 1761 ; on y peut
étudier l’art religieux du xvme siècle aussi bien qu’à Saint-Boch.

La peinture dite d’histoire n’était point l’affaire de Jeaurat; aussi
n’est-on guère étonné des jugements assez âpres des critiques. Ce
Songe n’offre aucune espèce d’intérêt, ni comme peinture, ni comme
arrangement, pas plus que XAdoration du Sacré-Cœur, du même
Jeaurat, qui se trouve dans la chapelle voisine. De plus, ces deux
tableaux ont subi en 1804 des retouches malheureuses de Bellangeon,
peintre versaillais (Archives de la fabrique de Saint-Louis).

— 3e PÉRIODE.

XXIX.

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