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Nr. 4
DOI article:Pascal, André: Pierre Julien, [1]: sculpteur
DOI Page / Citation link:https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0363
PIERRE JULIEN
331
l’inventaire après décès1. Il choisit Dejoux, son intime ami, pour son
exécuteur testamentaire, et il ajoute : « J’espère qu’il voudra bien
accepter comme une faible marque de ma reconnaissance mes plâtres
moulés sur antique qui sont : 1° l’Apollon du Belvédère; 2° le Gla-
diateur; 3° le Germanicus ; 4° Castor et Pollux ; 5° l’Hermaphrodite. »
Ces moulages, lorsqu’il fut procédé à l’inventaire, se trouvaient dans
son second atelier, cour du Louvre.
Ces travaux considérables ne sont-ils pas pour nous une révéla-
tion? Dès maintenant Julien ne nous apparaît-il pas comme subjugué
par le charme juvénile d’un corps aux belles lignes rythmiques et
aux pures proportions classiques? Plus tard le Ganymède versant le
nectar à Jupiter, le Gladialeur expirant, les figures d’Erigone, de
Le'da, Y Amour adolescent, Narcisse se mirant dans l’eau, et l’incom-
parable Jeune fille à la chèvre, tous ces morceaux ne semblent-ils
pas se rattacher à ces premiers travaux? La vue des chefs-d’œuvre
antiques a vivement impressionné Julien : non ces statues au geste
théâtral et figé qui seront, pendant la Révolution et les premières
années du xixe siècle, regardées comme les seuls chefs-d’œuvre
grecs, mais ces œuvres plus calmes où l’esprit de la belle époque
artistique de l’Attique respire encore.
II
Julien, avec ses précieux moulages, est revenu en France. Son
maître, Guillaume II Coustou, ayant reçu la commande du Mausolée
du Dauphin en novembre 17661 2, travaille à l’exécution en marbre
depuis 1769. Cet ensemble considérable ne sera terminé qu’en 1777,
avant l’ouverture du Salon, et même à ce moment le ciseleur
demande encore deux mois pour dorer les bronzes.
Les critiques s’accordent à dire que Julien a pris une part assez
considérable à l’exécution du mausolée. A. de Montaiglon, dans un
article paru ici même3, conclut ainsi : «Malgré l’inscription gravée
sur le fragment de la frise \Guillaume Coustou 1777] l’œuvre n’est
pas toute entièrement de la main de Coustou ; on dit que l’une des
figures d’hommes, au moins, est entièrement exécutée par l’habile
sculpteur P. Julien. » Revenu de Rome en 1773, Julien ne se pré-
1. Testament du 4 brumaire an xm reçu par Me Oudinot, notaire à Paris.
Inventaire après décès du sr Julien, an xm, 1er au 29 pluviôse.
2. Arcli. Nat., 0l 19058.
3. Gazette des Beaux-Arts, 2e pér., t. XXII (1880), p. 231.
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l’inventaire après décès1. Il choisit Dejoux, son intime ami, pour son
exécuteur testamentaire, et il ajoute : « J’espère qu’il voudra bien
accepter comme une faible marque de ma reconnaissance mes plâtres
moulés sur antique qui sont : 1° l’Apollon du Belvédère; 2° le Gla-
diateur; 3° le Germanicus ; 4° Castor et Pollux ; 5° l’Hermaphrodite. »
Ces moulages, lorsqu’il fut procédé à l’inventaire, se trouvaient dans
son second atelier, cour du Louvre.
Ces travaux considérables ne sont-ils pas pour nous une révéla-
tion? Dès maintenant Julien ne nous apparaît-il pas comme subjugué
par le charme juvénile d’un corps aux belles lignes rythmiques et
aux pures proportions classiques? Plus tard le Ganymède versant le
nectar à Jupiter, le Gladialeur expirant, les figures d’Erigone, de
Le'da, Y Amour adolescent, Narcisse se mirant dans l’eau, et l’incom-
parable Jeune fille à la chèvre, tous ces morceaux ne semblent-ils
pas se rattacher à ces premiers travaux? La vue des chefs-d’œuvre
antiques a vivement impressionné Julien : non ces statues au geste
théâtral et figé qui seront, pendant la Révolution et les premières
années du xixe siècle, regardées comme les seuls chefs-d’œuvre
grecs, mais ces œuvres plus calmes où l’esprit de la belle époque
artistique de l’Attique respire encore.
II
Julien, avec ses précieux moulages, est revenu en France. Son
maître, Guillaume II Coustou, ayant reçu la commande du Mausolée
du Dauphin en novembre 17661 2, travaille à l’exécution en marbre
depuis 1769. Cet ensemble considérable ne sera terminé qu’en 1777,
avant l’ouverture du Salon, et même à ce moment le ciseleur
demande encore deux mois pour dorer les bronzes.
Les critiques s’accordent à dire que Julien a pris une part assez
considérable à l’exécution du mausolée. A. de Montaiglon, dans un
article paru ici même3, conclut ainsi : «Malgré l’inscription gravée
sur le fragment de la frise \Guillaume Coustou 1777] l’œuvre n’est
pas toute entièrement de la main de Coustou ; on dit que l’une des
figures d’hommes, au moins, est entièrement exécutée par l’habile
sculpteur P. Julien. » Revenu de Rome en 1773, Julien ne se pré-
1. Testament du 4 brumaire an xm reçu par Me Oudinot, notaire à Paris.
Inventaire après décès du sr Julien, an xm, 1er au 29 pluviôse.
2. Arcli. Nat., 0l 19058.
3. Gazette des Beaux-Arts, 2e pér., t. XXII (1880), p. 231.