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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 4
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Pascal, André: Pierre Julien, [1]: sculpteur
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0372

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

souffrir le costume moderne : « Convenons que rien n’est plus
ingrat, pour la sculpture surtout, que notre costume. Le génie de
l’artiste doit se glacer à la vue des formes bizarres de nos habille-
ments. Des manchettes, une cravatte, des boucles, des milliers de
boutons : le moyen d’ennoblir tous ces détails ! La belle Nature est
comme ensevelie sous cet ajustement gothique avec lequel nous
nous croyons si beaux. Sous la toge des anciens, à travers leur cui-
rasse, nous suivons toutes les formes de leur corps; mais qui est-ce
qui reconnaîtra le plus beau torse lorsqu’il sera enveloppé d’un juste-
aucorps, d’une veste? Nos culottes ne sont pas plus propres à
accuser le nu, et dans les bottes de Catinat et de Vauban les jambes
sublimes de l’Apollon du Belvédère feraient la même chose pour les
yeux que les deux ceps tortueux sur lesquels est enté le corps d’un
bancale. Cependant l’on pourrait rendre ces costumes moins lourds
et moins chargés ; ils sontmême susceptibles de simplicité jusqu’à un
certain point. Pourquoi ces plis si multipliés? Pourquoi tant de mou-
vement dans toutes les parties de vos draperies, demanderai-je aux
artistes? Il leur sera encore plus difficile de répondre si on les inter-
roge sur le choix des attitudes et le genre d’expression qu’ils ont
donné à leurs personnages. »

Cette citation est un peu longue ; mais nous n’avons pu résister
au plaisir de la donner dans sa plus grande partie. C’est bien ren-
seignement nouveau des Dandré-Bardon, des Winckelmann; c’est le
programme de la future école classique; aux artistes de le suivre.
Ces paroles ne vont pas rester longtemps sans écho : au Salon suivant,
1783, apparaît le retentissant tableau du Serment des H or aces ; la
nouvelle école a trouvé son chef : c’est David.

Le bon public, en se promenant dans la cour du Louvre, s’arrête
avec plaisir devant la statue de La Fontaine, et ne se trouve pas le
moins du monde offusqué de voir notre fabuliste en longue perruque,
cravate retombante, justaucorps ne dessinant point le torse, larges
manchettes à boutons, culotte courte, souliers à boucles et, pour
bien draper notre personnage, un large manteau laissant libre
l’épaule et le bras droits, couvrant l’épaule gauche et négligemment
jeté, mais non sans art, sur les genoux : plis un peu pesants, mais
contribuant si bien à faire ressortir la linesse des traits.

Bientôt les fervents de l’art nouveau ne voudront plus que toge,
casque, type idéal, profil grec (celui de l’Antinoüs). Nous verrons que
Julien même, dans sa statue de Poussin, a sacrifié dans une certaine
mesure à la mode nouvelle. Pour le moment, il reste naturel dans
 
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