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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 5
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Claretie, Jules: Du Ier au XXe: les arrondissements de Paris; vingt eaux-fortes originales de Eugène Béjot
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0431

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394

GAZETTE DES BEAUX-ARTS

quartiers et quartiers nouveaux, un présent en marche fait du passé
et de ce qui sera... Etc., etc., etc.

Et voilà le rêve. Voilà le programme de toute une vie de labeur
et d’art. 11 y a d es chefs-d’œuvre dans les et cœtera jetés là par
Eugène Béjot au bout de sa confidence. Et ce qu’il « faudrait faire »
comme il dit, il l’a fait dans les planches, les tableaux parisiens
qu’on réunit ici et qui ne sont pas, en vérité, du pittoresque à tout
prix, du pittoresque pour du pittoresque, mais des visions vivantes,
des impressions sincères, des aspects exacts, des gestes de ville en
travail saisis au passage, fixés à jamais, admirables de vérité et
pourtant d'au delà, un cerveau d’homme ayant passé par là, avec
une main d'arliste.

Vingt arrondissements ! Vingt planches en partant du vieux Pont-
Neuf pour arriver au cours de Vincennes. Des rues, des faubourgs,
des ponts, des quais. Le pont de l’Alma, le canal Saint-Martin, le
Moulin de la Galette. Un Paris où l’on ne va pas. Un Paris qui
étonnerait une habitante du faubourg Saint-Germain et amuserait un
boulevardier. Un Paris qui vit, qui grouille, qui pense. Et quelle
couleur en tout cela! Je sens, je toucherais la pierre grise des piles
de ce Pont-Neul au-dessus desquelles apparaît la légendaire statue
de bronze. L’ombre de Saint-Nicolas-des-Champs s’étend sur le mouve-
ment même de la rue. Ces bateaux du quai Montebello semblent sur
l’eau du fleuve de gros cachalots endormis. Que de surprises dans ces
paysages! Le Cours la Reine, vu ainsi, et il est ainsi, nous donne
la sensation d’une ville nouvelle. Une Parisienne dira, surprise : « Je
ne connaispas! » Moi, je reconnais cesparisienneries. Le canal Saint-
Martin des mélodrames d’autrefois a cet aspect admirable de cité en
travail. Bercy a ce vague caractère de ville flamande. Et quelle déli-
cieuse, admirable, immense apparition de grand Paris, aperçu, avec
ses fumées et ses dômes, du fond d’une bicoque de la Butte-aux-
Cailles ! Il ferait adorer Paris, le jeune maître, par ceux qui ne le
connaissent pas. Il est pour notre Paris contemporain ce qu’est
M. Hoffbauer, Y archéologue, pour le Paris disparu, le Paris d’autrefois.
Il nous révèle des paysages ignorés : il dégage le sens, l’impression,
l’âme des paysages aperçus chaque jour. Sa rue Brise-Miche estinquié-
tante comme la réalité et son Luxembourg a le sourire des beaux
jours de jeunesse. Vingt décors, vingt images parisiennes. Et, au
total, un Paris complet — un maître livre par un maître artiste.

Et comme il est différent, ce Paris-là, pittoresque et savoureux,
comme il nous console de ce Paris qu’on nous fabrique au jour le
 
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