BIBLIOGRAPHIE
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ment, ont permis de constater l’intérêt d’art qui s’attache à de telles éludes, et
qui est surtout celui qui doit nous préoccuper ici. A ces époques reculées où
les peintures françaises sont fort rares, les dessins à peu près inexistants J, il ne
nous reste d'autre témoignage de l’activité artistique de l’époque que les minia-
tures et les livres illustrés. Quant au point de vue de la confection du livre, de
son homogénéité, de son caractère, de sa beauté en un mot, ces ouvrages primi-
tifs rappellent d’utiles
principes de simpli-
cité et de franchise,
de mâle vigueur dans
l’ensemble, de solide
coloration, dont nos
artistes et nos typo-
graphes auraient rai-
son de s’inspirer. Il
y a à réagir, dans
la librairie moderne,
contre un excès de
distinction qui con-
fine à l’anémie, et
telle fut n o tamment la
manie d’« impression
blonde » que Claye
préconisa et qui dure
encore. Telle aussi la
confusion des procé-
dés de gravure rem-
plaçant le bois, et telle
encore la monotonie
des impressions noi-
res, ou la cacophonie
des tirages polychro-
mes imitant l’aqua-
relle et ignorants de
la tache. Mais il fau-
drait se garder de
refaire du Pigouchet,
et de tomber dans le travers des Anglais, stérilisant une réaction qui aurait pu
être féconde, par une imitation quasi-servile du xvie siècle. Nous avons d’autres
besoins; notre littérature les exprime et le livre doit les exprimer aussi. L’ou-
vrage de M. Claudio, l’exposition de la Gravure sur bois, nous ont surtout montré
t[ue nous devons être de notre temps, comme les imprimeurs du xv° étaient du
leur, et que là seulement est le secret de la durée et la condition de l’influence
que chaque époque désire légitimement exercer.
CLÉMENÎ-JANIN
1. Faut-il rappeler qu’à l’Exposition des dessins anciens, de 1879, ne figurait qu’un
dessin, présumé de 1470?
GRAVURE EXTRAITE DES «HEURES DE NOTRE-DAME»
PAR ANTOINE V É R A R D
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ment, ont permis de constater l’intérêt d’art qui s’attache à de telles éludes, et
qui est surtout celui qui doit nous préoccuper ici. A ces époques reculées où
les peintures françaises sont fort rares, les dessins à peu près inexistants J, il ne
nous reste d'autre témoignage de l’activité artistique de l’époque que les minia-
tures et les livres illustrés. Quant au point de vue de la confection du livre, de
son homogénéité, de son caractère, de sa beauté en un mot, ces ouvrages primi-
tifs rappellent d’utiles
principes de simpli-
cité et de franchise,
de mâle vigueur dans
l’ensemble, de solide
coloration, dont nos
artistes et nos typo-
graphes auraient rai-
son de s’inspirer. Il
y a à réagir, dans
la librairie moderne,
contre un excès de
distinction qui con-
fine à l’anémie, et
telle fut n o tamment la
manie d’« impression
blonde » que Claye
préconisa et qui dure
encore. Telle aussi la
confusion des procé-
dés de gravure rem-
plaçant le bois, et telle
encore la monotonie
des impressions noi-
res, ou la cacophonie
des tirages polychro-
mes imitant l’aqua-
relle et ignorants de
la tache. Mais il fau-
drait se garder de
refaire du Pigouchet,
et de tomber dans le travers des Anglais, stérilisant une réaction qui aurait pu
être féconde, par une imitation quasi-servile du xvie siècle. Nous avons d’autres
besoins; notre littérature les exprime et le livre doit les exprimer aussi. L’ou-
vrage de M. Claudio, l’exposition de la Gravure sur bois, nous ont surtout montré
t[ue nous devons être de notre temps, comme les imprimeurs du xv° étaient du
leur, et que là seulement est le secret de la durée et la condition de l’influence
que chaque époque désire légitimement exercer.
CLÉMENÎ-JANIN
1. Faut-il rappeler qu’à l’Exposition des dessins anciens, de 1879, ne figurait qu’un
dessin, présumé de 1470?
GRAVURE EXTRAITE DES «HEURES DE NOTRE-DAME»
PAR ANTOINE V É R A R D