DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:Bertaux, Émile: Victor Hugo, [1]: artiste
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VICTOR HUGO ARTISTE 477
1870-1871, pendant les mois du siège qu’il passa à Paris, en reve-
nant de l’exil, dans la maison de son ami; mais le dessin lui-même
est de 1850; M. Meurice l’acquit à la vente qui suivit, en 1852, la
proscription. Le dessin, sans le cadre, mesure ln’25 sur lm70. Une
croix illuminée découpe ses grands bras sur une masse de murailles
toute hérissée de pointes éclatantes ou sombres; une moitié de la
forteresse est blanchie par une aube mystérieuse; l’autre plonge dans
des profondeurs obscures. Les tours se perdent dans les ombres du
ciel et sortent d’une eau qui semble noire de crimes.
Ce burg, apparu dans un drame de tempête et de nuit, est encore
LA « TOUR DES SOURIS », SUR LE RHIN
DESSIN PAR VICTOR HUGO (1 840'
'(Maison de Victor Hugo.)
un souvenir des forteresses rhénanes. Mais Paris offrait, lui aussi,
des thèmes aux spectacles formidables que Victor Hugo se donnait
sur de grandes feuilles couvertes d’encre. Après la Révolution de
1848, le poète avait quitté la place Royale pour s’installer au
numéro 37 de la rue de La Tour-d’Auvergne. Il se fit aménager
une petite chambre sous le toit, où il travaillait seul. Paris s’étendait
largement devant ses regards. Victor Hugo se mit à dessiner
l’immense ville telle qu’il l’apercevait dans les premières ombres de
la nuit. Il fit de cette vue, entre 1848 et 1851, un grand dessin
qu’il donna à Auguste Vacquerie, et que les héritiers de ce dernier
1870-1871, pendant les mois du siège qu’il passa à Paris, en reve-
nant de l’exil, dans la maison de son ami; mais le dessin lui-même
est de 1850; M. Meurice l’acquit à la vente qui suivit, en 1852, la
proscription. Le dessin, sans le cadre, mesure ln’25 sur lm70. Une
croix illuminée découpe ses grands bras sur une masse de murailles
toute hérissée de pointes éclatantes ou sombres; une moitié de la
forteresse est blanchie par une aube mystérieuse; l’autre plonge dans
des profondeurs obscures. Les tours se perdent dans les ombres du
ciel et sortent d’une eau qui semble noire de crimes.
Ce burg, apparu dans un drame de tempête et de nuit, est encore
LA « TOUR DES SOURIS », SUR LE RHIN
DESSIN PAR VICTOR HUGO (1 840'
'(Maison de Victor Hugo.)
un souvenir des forteresses rhénanes. Mais Paris offrait, lui aussi,
des thèmes aux spectacles formidables que Victor Hugo se donnait
sur de grandes feuilles couvertes d’encre. Après la Révolution de
1848, le poète avait quitté la place Royale pour s’installer au
numéro 37 de la rue de La Tour-d’Auvergne. Il se fit aménager
une petite chambre sous le toit, où il travaillait seul. Paris s’étendait
largement devant ses regards. Victor Hugo se mit à dessiner
l’immense ville telle qu’il l’apercevait dans les premières ombres de
la nuit. Il fit de cette vue, entre 1848 et 1851, un grand dessin
qu’il donna à Auguste Vacquerie, et que les héritiers de ce dernier