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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 29.1903

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Nr. 6
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Roche, Denis: Dmitri-Grigorévitch Lévitski, 1: un portraitiste petit-russien au temps de Catherine II
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https://doi.org/10.11588/diglit.24811#0553

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DMITRI-GRIGORÉVITCH LÉYITSKI

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audace entreprenante dont il fit preuve en contribuant plus que per-
sonne à mettre Catherine sur le trône, sa faveur fut, avant celle de
Potiomkine, la plus longue. Elle dura onze années. Catherine songea
un instant à l’épouser et, le premier — et le seul, avec son frère
après sa mort, et plus tard Potiomkine,— il reçut et eut le droit
d’avoir à la boutonnière le portrait de l’impératrice « en forme de
cœur », entouré de diamants, qui figure sur le portrait de Lévitski.
Tout cela n’empêcha pas Orlov d’être inconstant. Devenu follement
amoureux de sa cousine germaine Catherine Zinovicv, demoiselle
d’honneur, il l’épousa en 1777, passant outre aux interdictions reli-
gieuses et civiles. Le Sénat annula son mariage, que la tsarine,
magnanime, déclara valable. Les deux époux vécurent le peu de
temps que leur laissait le destin à l’étranger ou sur leurs terres. La
jeune femme mourut, en effet, de la phtisie à Lausanne, en 1781. Son
mari mourut deux ans après elle. Lévitski avait peint un portrait do
Catherine Zinovicv, qui fut gravé avec des vers de Derjavine. Il existe
également,dans une collection de portraits de la famille Orlov,un
portrait que Dmitri-Grigorévitch fit, en 1785, de Théodore Orlov,
l’avant-dernier des cinq frères. Général en chef, celui-ci prit part
sous les ordres de son aîné, Alexis, au fait d’armes de Tchesmé
contre les Turcs.

Pendant la faveur de Lanskoï qui dura quatre années jusqu’à la
mort du jeune homme en 1781, Lévitski fut deux fois, dit-on, ap-
pelé à le peindre (1780 et 1782). Lanskoï affectait le goût des belles
choses. Ce fut sous son influence que Catherine acheta à Paris
plusieurs collections et nombre de pierres gravées. Lévitski a placé
auprès de lui un buste de l’impératrice par Choubinc, qu’elle avait
elle-même donné au plus tendrement aimé des favoris. Le contraste
est plus vif que n’a songé le peintre entre cette matrone souriante
et mafilue et ce tout jeune homme, joli comme une fille et de la
tournure la plus élégante. Le portrait très poussé, très recherché,
très enveloppé, a un peu le défaut du modèle, qui était trop beau.
Notons que la prochaine commande que recevra Lévitski lui fut faite,
très probablement du vivant de Lanskoï.

DENIS ROCHE

(La suite •prochainement.)
 
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