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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 11.1914

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Nr. 1
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Dorbec, Prosper: La peinture française, de 1750 à 1820, [1]: jugée par le factum, la chanson et la caricature
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https://doi.org/10.11588/diglit.24888#0097

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS

de telles idées se heurtent aux préjugés en cours, passent l'imagina-
tion, frisent le scandale.

Une autre déclaration de VOmbre de Rubens, plus faite encore
pour soulever les protestations, accompagnait l’annonce de la fin
prochaine en France de la peinture d’histoire si l’on y persistait dans
les principes du jour : <c les Français n’ont pas le caractère qu’il
faut pour être grands et corrects comme les Italiens1; c’est l’affaire
du climat, et je vois avec peine que la nouvelle religion qu’ils adoptent
les mène à l’enfance de l’art et à la barbarie des Goths » bgothique,
barbare, épithètes qu’Ingres subira). Déjà, en effet, on commençait
dans les ateliers à disserter sur le Pérugin; nous l’apprenons d’une
brochure sur l’exposition de 1789 : Les Elèves au Salon ou l'amphi-
gouri, qui nous initie à la sorte de désarroi qui se produisait alors
parmi les jeunes artistes, ne sachant plus auquel entendre au milieu
des opinions contradictoires. « N’a-t-on pas eu l’insolence », dit un
interlocuteur, « de m’injurier en pleine Académie à cause que j’ai eu
la bonhomie de dire que j’aimais le Cortone et ne pouvais souffrir
le Pérugin! » Et, nous le tenons de Delécluze2, il arrivera aussi à son
maître David d’invoquer, en faveur de la juxtaposition des figures
sur même plan, l’exemple du primitif ombrien. On surprend là,
tout à son origine, la hantise de cette simplicité préraphaélite qui,
par les temps surtout de réveil du sentiment chrétien, aura désor-
mais ses partisans, de cette simplicité à laquelle Puvis de Chavannes
demandera la paisible eurythmie de certaines pages narratives,
mais dont il faudra que la leçon, pour ne pas aboutir à de froids
pastiches, sache demander renouvellement et vie à un constant
naturalisme.

Au reste, sans ce concours toujours nécessaire du naturalisme,
au moyen de quelle méthode régénérer le genre de l’histoire?
A la correction de Vien répond l’outrance de Doyen peignant sa
grande toile de Mars vaincu par Minerve ou le Combat des Dieux
(1781) :

1. A vingt ans de là, c’est-à-dire après vingt ans d’« histoire » ayant régné
selon ces principes, on entendra même chanson :

Le genre g rave a peu d’attraits
Pour nos artistes, je vous jure.

Mes amis, nous sommes Français,

Par malheur, jusques en peinture.

(Arlequin au Muséum, 1806).

2. Louis David, son école et son temps. Souvenirs, 1863, in-8°.
 
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