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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 11.1914

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Nr. 4
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Golubev, Viktor V.: Li Long-mien: un peintre chinois du XIe siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24888#0317

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LI LONG-MIEN

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a établi la valeur documentaire. Il ne s’agit pas d’un original, mais
d’une copie d’après une peinture authentique, dont trois autres
répliques, conservées en Angleterre, attestent la célébrité *. Elle conte
la légende de Ivouei tseu mou chen, la mère des dix mille démons,
qui « tuait les fils des hommes pour se nourrir », et en fut punie :
le Bouddha enferma dans son bol à aumônes le plus jeune des dix
mille enfants, et les efforts désespérés de la mère et d’une armée de
démons ne purent le délivrer; il fallut que Kouei tseu mou chen, pour
obtenir la liberté de son fils, renonçât à persécuter les hommes.

Un rouleau, se développant dans le sens horizontal, donne
la facilité de déployer une succession de paysages qui forment,
dans leur ensemble, le « panorama de trois cent li », si cher aux
Chinois, et dont chaque aspect nouveau ne se révèle qu’au fur et
à mesure qu’on étale le rouleau. Ainsi les divers sites du paysage
ont l’inattendu des échappées que découvre un promeneur pendant
sa marche. De même, un récit peut être conté au moyen d’une suite
de scènes qu’il convient de regarder l’une après l’autre. Ce fait
stimule le peintre à se manifester comme un improvisateur
agréable, et à joindre l’art de la narration à l’habileté du pinceau.

L’histoire de Kouei tseu mou chen en est un exemple des plus
aimables. La longue et étroite bande de soie fourmille de person-
nages étranges ou grotesques. La composition se poursuit librement
et sans arrêt. Rien de plus amusant que d’examiner à tour de rôle
chacun de ces êtres fantastiques qui se démènent comme des mimes
forcenés. Il n’y manque ni crapauds monstrueux, ni démons longi-
rostres, ni crustacés gigantesques, ni ailes de chauves-souris, ni
serres d’oiseaux rapaces ; un roi-esprit, équipé en mandarin militaire,
monte un lion; un autre, juché sur un éléphant sans trompe, ressemble
à un tigre; deux « génies affamés », émaciés jusqu’aux os, et aux
cheveux hérissés, paraissent jeter des notes stridentes dans ce grouil-
lement diabolique. Seul, le Bouddha demeure grave et paisible
sur son trône d’herbes, que protègent les Seigneurs Gardiens du
ciel. Tous les personnages se silhouettent dans le vide. Us sont
peints « sur du blanc », comme le signale une notice en chinois
ajoutée à la peinture. On devine que l’artiste n’a pas voulu entraver
l’élan de sa fantaisie par des nécessités de décor. L’arbre contourné 1

1. Cf. E. Chavannes, ouv. cit. (T’oung Pao, t. V de la 2e série, p. 490), — et
Franks, On soine Chinese rolls with Buddhist legends and représentations. Archaeo-
logia or Miscellaneous tracts, relating to Antiquity, Society of Antiquaries of London,
sér. 2, vol. 111, 1892, p. 239-244.
 
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