XVII
Porte de Scheik-Joied. — Torrent. — Les colonnes de Syrie. — Khan Jeunes. — Les hommes sanglants*.
— Gaza. •— La place du Cimetière des pestiférés. — Signor Spada. — Souvenirs historiques.— Ode arabe
sur l'expédition française. — La nuit. — Déluge et inondation dans le camp. — Le séchoir hospitalier. —
Visite au gouverneur qui sort du bagne. — Le palais du gouverneur. — Ses écuries — Ses chevaux. — Son
premier écuyer et sa montre ou oignon d’argent.— Tombeau de Samson. — Bazars boueux. — Le 6, cou-
ché à trois heures de Gaza.— Fausse alerte.
Le 4, après la poste de Scheik-Joyed, on rencontre encore des sables
parsemés de quelques oasis de palmiers, où viennent s’abriter des ber-
gers et des troupeaux. La nuance blanchâtre du désert lui donne un
caractère singulier qui vous transporte subitement dans les régions du
nord. On traverse ensuite le pont de Raffih, jeté maintenant sur le lit
caillouteux d’un torrent. Les colonnes élevées sur la limite de l’Afrique
et de l’Asie ne tardent pas à se montrer à l’horizon comme deux points
d’exclamations placés à propos dans une phrase à perte d’haleine.
Nos pauvres soldats s’étaient perdus après le siège d’El-Arich sur cette
même route, et avaient beaucoup souffert de la faim et du manque d’eau ;
ils avaient même manqué de vivres au point de manger des chevaux,
des mulets et des chameaux !
Le chemin qui mène à Gaza ne diffère guère de celui que nous avons
suivi précédemment; le ciel commence à se charger des nuages de Syrie,
et le vent, qui soulève des tourbillons de sable, commence à nous aveu-
gler de toutes parts ; Kan-Jounez nous apparaît enfin au milieu de la
tempête. Un arbre providentiel nous offre pour un instant sa bienfai-
sante verdure, sous laquelle chacun est heureux de s’asseoir et de
prendre quelque nourriture. Il y a très-peu d’habitants dans ce petit ha-
meau, asile de la plus grande misère. De pauvres enfants se cachent à
Porte de Scheik-Joied. — Torrent. — Les colonnes de Syrie. — Khan Jeunes. — Les hommes sanglants*.
— Gaza. •— La place du Cimetière des pestiférés. — Signor Spada. — Souvenirs historiques.— Ode arabe
sur l'expédition française. — La nuit. — Déluge et inondation dans le camp. — Le séchoir hospitalier. —
Visite au gouverneur qui sort du bagne. — Le palais du gouverneur. — Ses écuries — Ses chevaux. — Son
premier écuyer et sa montre ou oignon d’argent.— Tombeau de Samson. — Bazars boueux. — Le 6, cou-
ché à trois heures de Gaza.— Fausse alerte.
Le 4, après la poste de Scheik-Joyed, on rencontre encore des sables
parsemés de quelques oasis de palmiers, où viennent s’abriter des ber-
gers et des troupeaux. La nuance blanchâtre du désert lui donne un
caractère singulier qui vous transporte subitement dans les régions du
nord. On traverse ensuite le pont de Raffih, jeté maintenant sur le lit
caillouteux d’un torrent. Les colonnes élevées sur la limite de l’Afrique
et de l’Asie ne tardent pas à se montrer à l’horizon comme deux points
d’exclamations placés à propos dans une phrase à perte d’haleine.
Nos pauvres soldats s’étaient perdus après le siège d’El-Arich sur cette
même route, et avaient beaucoup souffert de la faim et du manque d’eau ;
ils avaient même manqué de vivres au point de manger des chevaux,
des mulets et des chameaux !
Le chemin qui mène à Gaza ne diffère guère de celui que nous avons
suivi précédemment; le ciel commence à se charger des nuages de Syrie,
et le vent, qui soulève des tourbillons de sable, commence à nous aveu-
gler de toutes parts ; Kan-Jounez nous apparaît enfin au milieu de la
tempête. Un arbre providentiel nous offre pour un instant sa bienfai-
sante verdure, sous laquelle chacun est heureux de s’asseoir et de
prendre quelque nourriture. Il y a très-peu d’habitants dans ce petit ha-
meau, asile de la plus grande misère. De pauvres enfants se cachent à