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Grand-Carteret, John
Les moeurs et la caricature en France — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.9066#0031

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LA CARICATURE ATI XVI0 ET AU XVIIe SIÈCLE

S

tants furent pris à leur propre piège, mais encore cette émission de mon-
naies fantaisistes jeta le trouble dans les relations commerciales, prépa-
rant ainsi la voie à ce qui sera do nos jours les billets de banque de la
Sainte-Farce. Du reste, la médaille satirique, forme la plus populaire de la
caricature d'alors, ne descendait-elle pas en droite ligne des médailles de
fous dont le moyen âge avait largement usé ?

Signe non équivoque de la perpétuité de certains sentiments, cette façon
âpre et comme enfiévrée de clouer les maîtres du monde au pilori de l'his-
toire réapparaîtra après les désastres de 1870. Quel musée, celui où l'on ras-
semblerait ces milliers de pièces, mitraille de vengeance et de passion,
depuis les pistoles aux profils grotesques, sans intention autre qu'un pur
besoin de caricature, jusqu'aux sous tronqués, défigurés, mutilés, sur les-
quels apparaît, coiffé du casque prussien, le profil de Napoléon III !

Tandis que l'estampe de la Réforme partait de Genève, l'esprit français
triomphant avec Rabelais, donnait également la note de sa conception gra-
phique, par les curieuses figures « de l'invention du maître » qui ornent les
s'»t>/cs drolatiques de Pantaqruel (1565). Comme dans le texte, la satire se
présente ici sous une forme grotesque et scatologique. Ce ne sont que per-
sonnages au nez bourgeonné et poilu, aux faces lippues, hébétées, aux
énormes bedaines, tenant tantôt de l'oiseau, tantôt du poisson , souvent
chaussés d'immenses souliers à la poulaine montés sur des roulettes ; fan-
taisie abracadabrante, paraissant dégagée de toute prétention à la satire
Personnelle. Mais aussi, quelle verve, quelle individualité puissamment
accusée dans les figures qui représentent l'Église ou l'Inquisition, dans les
nombreuses caricatures dirigées contre le pape Jules II ! Certes, cela a été
voulu et cherché.

Des avantages personnels généreusement octroyés à chacun, on ne sau-
rait s'étonner : c'est l'enveloppe extérieure, aussi nécessaire aux images
qu'au texte, sorte de passe-port sans lequel la pensée, écrite ou graphique,
ne pouvait circuler. Dans les pamphlets du temps s'attaquant aux person-
nages de la cour de Henri III ou de Henri IY la pornographie a été poussée
bien plus loin.

Entre ce Pantagruel et les dessins d'Holbein pour l'Éloge de la Folie
d'Érasme, il y a, — quoique ces derniers soient antérieurs, — comme un
air de parenté. La Folie et Priape, ne sont-ce pas, du reste, les deux grands
"Mitres de l'époque, puisque la Sagesse et la Satire ont besoin d'eux pour
communiquer avec les humains !

impuissant, en tant que manifestation religieuse, à soulever un grand
 
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