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Grand-Carteret, John
Les moeurs et la caricature en France — Paris, 1888

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https://doi.org/10.11588/diglit.9066#0327

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292

LES MŒURS ET LA CARICATURE EN FRANCE

Donc, le Charivari et le nouveau journal que l'infatigable Philipon vient
de lancer se jettent dès le premier jour dans la mêlée, où la Revue Comique,
à son tour, ne tardera pas à les rejoindre, sans plus s'occuper du passé.
On fait bien un peu danser les rois, on leur fait bien avaler quelques pilules
républicaines, mais tout cela est anodin. La garde nationale, cette institution
philipparde qui charma les bons bourgeois, est plus malmenée : de son
bonnet à poil, cet immense bonnet sous lequel disparaissait Mayoux, on fait
des manchons pour ces dames, du coq de la plaque on fait la poule au pot
de la monarchie, et comme, malgré les coupures, malgré les suppressions
d'épaulettes et de cors de chasse, il reste encore quelque chose pour gêner,
pour « embêter les citoyens », Daumier saisit son crayon vengeur et, re-
présentant un garde national exaspéré par toutes les buffleteries qu'on ne
veut pas lui enlever, s'écrie : « Dire que nous avons pu nous débarrasser de
Louis-Philippe, et qu'il n'y a pas moyen de se délivrer de ces bricoles-là ! »
A son tour, Mayeux, qui revient sur l'eau, déclare qu'il en a assez de ces ma-
chines, n... de D...

Quand on parcourt avec soin la collection du Charivari sous la seconde
République, on est pour le moins surpris de cette espèce de dualité politique
que donnent au journal anti-monarchique le crayon nettement républicain
de Daumier, et le crayon toujours modéré, quand il no lance pas déjà des
attaques aussi justes que violentes, de celui que certains appelleront bientôt
le « réactionnaire » Cham.

D'emblée la satire illustrée s'y montre sous ces deux faces.

D'un côté Daumier qui colle un affreux gamin sur le trône avec la légende :
Cristil... comme on s'enfonce là-dedans ; qui publie la série Les alarmistes
et les alarmés où se lisent, par le crayon et par la plume, toutes les frayeurs
ridicules des vieux bourgeois tremblant devant les lampions qui doivent
mettre le feu à la capitale, devant les moutards qui jouent au soldat, devant
un rassemblement de... deux hommes; prédisant la famine parce que le
maquereau est augmenté d'un sou, et pariant qu'avant huit jours les pièces
de cinq francs vaudront trente sous.

D'un autre côté, Cham qui houspille les solliciteurs, les quémandeurs de
places, qui se montre d'abord sceptique, peu enthousiaste, et ne tarde pas à
décocher ses traits aux uns et aux autres, transformant les sergents de ville
en chanteurs tyroliens, empoignant les communistes et M. Cabet en atten-
dant qu'il publie contre Proudhon et les fouriéristes les caricatures qui
doivent amuser la galerie encore plus que les charges sur Raspail Quen ferez-
 
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