Histoire de l'esprit humain ou mémoires secrets et universels de la république des lettres (2.1765)

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garder une femme sans desirer l’ceuvre de la
chair, & sans ie facher apres l’avoir accom-
plie. Si cela est vrai, Democrite ressembloit
aux Vieillards, qui, apres avoir latisfair Jeur
lubricite, regrettent iouvent l’argent qu’ils
ont d^pense. Ce n’est pas qu’on pretend
que Omne Animal poß cöitum fit trifte ; mais
on ajoute ä cet Aphorisme excepto Gallo gal-
linaceo , Scholaßico faciente gratis.
L’accusation du peu de chastere de De-
jnocrite nie paroit ne devoir pas l’emporter
sür les tcmoignages de tant d’Ecrivains qui
semblent s’accorder ä dementir Tertullien.
D ’ailleurs y ayant asfez d’apparence que
l’histoire de son aveuglement est une fable,
cela ruine totalement les reproches qu’on iui
fait, puisqu’ils ne sont fondes que sür ce pre-
tendu aveuglement. 11 n’est pas ausii alle de
le justifier sür les fausses idees, qu’il avoit
du Bien & du Mal, des Vices & des Vertus
qu’il voioit chez les hommes. II les at-
tribuoit ^galement aux caprices du Destin;
ce qui est un Principe, dont les consequen-
ces sont pernicieules parcequ’elles detrui-
sent & ruinent defond en comble les plus
saines maximes de la Morale.

$. VIIIT.