DE L’ESPRIT HUMAIN. 2§j
„iridependante. Le Chien d’Hyrcanie fuiroit
„devant le Cerf, l’Epervier craindro.it la
„Colombe, les Hommes seroient aussi irrai-
„sonnables que les B8tes, & les Animaux
„pourroient Gtre doues d’une grande sagehe
„& d’une connoissance träs-sensee. En vain
„pretendroit -on que des Aines, qui de leur
„nature sont immortelles, changent d’incli-
„nation en changeant de Corps. Cette nou-
„ veile disposition, au contraire, faxt leur dis-
„solution, parce qu’elles sont penetrees &
„deplacees, & que cette transmigration de-
„truit necessairement leur totalite ; de sorte
„qu’il faut necessairement que la m£me cause
„qui ru’ine les Corps entraine la perte des
„Arnes. Je voudrois bien qu’on m’expliquät
„par quelle metamorphose l’Ame d’unSage21
„devient celie d’un Extravagant; & pourquoi
„nous
Cornigeri incurfam Cervi; tremeretque per auras
Aeris Accipiter fugiens veniente Columba:
Deiiperenj homines, saperent fera sseclaFerarum.
Illud enim salsa fertur ratione, quod ajunt
Immortalem Animam mutato corpore ssefti:
Quod mutatur enim, diiTolvitur, interit ergo;
Trajiciuntur enim parteis atque ordine migrant.
Quare dissolvi quoque debent posse per artus,
Denique ut intereant unä cum corpore curnSas.
T.Lucret, de Rer. nat. Lib.III. vers.741. & seq.