Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
47 —

valut la croix de la Légion d’honneur et fut
acquis par M. Scheletter, consul, du roi de
Bavière, à Leipzig, qui lui commanda aussi
deux autres grands tableaux, une Vue du Mont
Rose et les Temples de Pæstum. 11 reproduisit
ce même sujet pour M. de la Rive et pour M.
Kunkler, de Genève. Cette Vue des temples de
Pæstum lui valut en Hollande la médaille d’or
de première classe, et eu Belgique la croix
de Léopold.

Après avoir exécuté deux grands tableaux
pour le roi de Wurtemberg, il reçut l’ordre
de la couronne de Wurtemberg qui confère
la noblesse personnelle; puis, l’année suivan-
te, le roi de Hollande lui conféra l’ordre du
Lion Néerlandais. Il avait reçu successive-
ment du roi de Prusse deux médailles de se-
conde et de première classe, puis, à Genève,
une médaille de première classe, ainsi que la
médaille de première classe à la grande ex-
position universelle de Paris. Sa petite for-
tune s’augmentait et lui permit de passer, en
1844, un hiver en Italie. A son retour, son
atelier fut honoré de la visite de plusieurs
princes et souverains. La grande-duchesse
Marie de Leuchtenberg, fille de l’empereur
de Russie, vint, pendant son séjour à Ge-
nève, visiter son atelier avec ses deux tilles,
les princesses Marie et Eugénie, ainsi qu’avec
le grand-duc Nicolas, leur frère; il en reçut
plusieurs commandes et fut honoré de magni-
fiques présents. Il reçut aussi des commandes
de l’impératrice douairière, de l’impératrice
régnante de Russie, du grand-duc Michel, de
la grande duchesse Hélène , et l'empereur
Alexandre voulut bien l’honorer du cordon
de Sle Anne de Russie; il fut aussi sensible à
la visite du grand-duc héritier de Mecklen-
bourg Strelilz, avec l’illustre père duquel il
avait eu l’honneur d’échanger quelques let-
tres; enfin, à l’âge de quarante ans, il avait
reçu cinq décorations de différents ordres,
neuf médailles d’or et faisait partie d’un grand
nombre d’académies. Malgré tous ces hon-
neurs, auxquels il était loin d’être insensible,
il resta toujours modeste. Il eut le malheur
de perdre trois de ses enfants, chagrin qui
contribua à miner sa santé déjà délabrée de-
puis de longues années par la fatigue des
voyages où, tout entier à son inspiration, il
fut souvent surpris parla maladie, et, loin
de tout secours, obligé d’attendre le retour
de ses forces pour se remettre en chemin et
retourner chez lui. Sa santé devenant toujours
de plus en plus compromise, il partit pour le
midi, mais trop lard; car après une année
de maladie, il fut enlevé à sa famille et à ses
amis, les laissant tous dans l’admiration de
la profonde piété qui l’avait toujours distin-
gué, de la foi vive qui, à l’heure dernière,
triompha de tous ses maux. 11 mourut en Mars

1864 à Menton (Alpes-Maritimes) à l’âge de
cinquante-trois ans.

11 a fait pour M. F. Delarue, éditeur, un
grand nombre de lithographies et de gravu-
res, et termina par deux grandes planches,
le Torrent et la Solitude qui sont restées sa
propriété.

Ses éludes, qu’il gardait si religieusement
et qu’il n’avait jamais voulu vendre malgré
les offres qui lui en avaient été faites bien
souvent, témoigneront à quel degré il poussait
la recherche de la vérité et de l’exactitude. »

Nous nous sommes plu à reproduire tout
au long, dans sa touchante simplicité, la re-
lation de cette vie trop courte et si laborieu-
se. Le contraste de cet humble début et de
ces fastueux honneurs si rapidement et si
glorieusement conquis, nous paraît d’un utile
enseignement. L’éloge sincère et réservé qui
termine cette biographie, résume parfaite-
ment en deux mots le style de Calame. Sans
tomber dans l’exagération de certains ama-
teurs qui devant ses cascades et ses chutes
d’eau ont prononcé le nom d'Everdingen et
même risqué celui de Ruysdael, nous nous
empresserons de reconnaître que le talent de
Calame se recommande par une grande vérité,
une minutieuse exactilude. Ses nombreuses
études en offrent une preuve signalée. Au
premier aspect, ternes et froides, elles sé-
duisent peu ; les vastes assises de roches, la
chute torrentielle de neiges fondues, une vé-
gétation d’un vert intense et presque cru, un
soleil froid et clair, le soleil des glaciers enfin,
composent un ensemble qui n’attire pas.

En s’arrêtant quelque temps devant ces ta-
bleaux, on se familiarise avec cette nature ex-
ceptionnelle. L’onde des torrents qui écume
et se brise, laisse apparaître, à travers son
fluide cristal, les herbes et les cailloux de leur
lit; elle rejaillit en gouttelettes et arrose le ver-
sant des coteaux tapissés d’une mousse épaisse
semblable à un velours soyeux. Les groupes
d’arbres s’espacent et se détachent sur le fond
de montagnes; la crête chevelue des sapins
découpe sur le ciel sa silhouette irrégulière
avec une étonnante netteté. Les nuages flot-
tent sur les cimes tandis qu’une vapeur dia-
phane adoucit les silhouettes noires des ro-
! cher du vallon. Le soleil ne brûle pas, il est
vrai; mais sa vive lumière éclaire, illumine
et les glaciers et les vallées verdoyantes et
accroche en passant, aux blocs de pierre, d’é-
| tincelants reflets. Le pinceau de Calame excelle
à rendre les couches basaltiques, les flancs
rocailleux des montagnes. II délaehe les
moindres saillies de chaque caillou, il en in-
dique la nature, la couleur, la forme, il y
attache le lichen qui convient, il le salit de
rouille, le creuse, le penche tel qu’il l’a vu
dans la nature. Nous sommes réellement

transportés au milieu de ces chaos inextrica-
bles que les habitants des montagnes appel-
lent la fin du monde.

Quelques marines, des études de sapins,
de châtaigniers, ou de pins parasols de Can-
nes, des torrents, des vues de glaciers, le
panorama d’une profonde vallée, ou la pers-
pective d’un lac enfermé entre les montagnes;
parfois le détail d’une touffe d’herbes, un
paysage composé ou le coin d’un chemin es-
carpé; tels sont les sujets que Calame traitait
avec le plus de complaisance. Une étude con-
stante et approfondie de la nature se révèle
dans chaque toile; mais aussi on y reconnaît
la température glacée des montagnes et le
soleil des rivages de Naples n’est pas plus
chaud que celui des glaciers du Mont-Blanc.
En vain Calame s’efforce-t-il de rendre les
riches teintes de l’automne, ses arbres roux
n’ont pas celte splendeur de la nature brûlée
du soleil.

Ces qualités et aussi les défauts de Calame
en font un dessinateur irréprochable. Son
crayon habile rend avec une merveilleuse vé-
rité les sites montagneux, les pins et les ro-
chers. Celte conscience, cette scrupuleuse fi-
délité donnent aussi beaucoup de prix à ses
lithographies. Un jour viendra, et il n’est
peut-être pas loin, où les collectionneurs se
disputeront ces planches avec acharnement.

Le public s’est montré favorable à un talent
qui cependant n’offrait pas le charme ou les
défauts brillants qui souvent le séduisent plus
que des qualités. Bon accueil a été fait aux
éludes de Calame, dont la moyenne s’est main-
tenue dans les prix de deux ou trois cents
francs. Si quelques toiles remarquables n’ont
pas été bien disputées, peut-être faut il en
attribuer la cause à cette affluence trop con-
sidérable de paysages, tous conçus à peu près
dans la même gamme froide et claire, à la-
quelle nous ne sommes pas accoutumés. Quoi
qu’il en soit, cette vente aura été un succès
plutôt qu’un échec pour le nom de Calame et
elle aura servi, dans tous les cas, à nous faire
mieux connaître et estimer son talent.

J. J. Guiffrey.

CONCOURS.

En vertu du testament de M. Lamey, juge
honoraire au tribunal civil de Strasbourg,
l’académie universitaire de cette ville, dû-
ment autorisée par décret impérial du 13
Août 1862, décernera dans la séance de
rentrée des facultés du mois de Novembre
1867 un prix de trois mille francs à l’auteur
du meilleur mémoire sur celte question :

« L’art doit-il être soumis à des règles?
D’où dériveraient ces règles? Sur quoi se
fonderaient-elles? Seraient-elles absolues,
ou bien en partie relatives, en partie abso-
 
Annotationen