Journal des beaux-arts et de la littérature (7.1865)

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INiessen, bon dessinateur mais coloriste exa- |
géré, va nous quitter. On craint, paraît-il, j
l’influence de ses idées religieuses exaltées j
sur les élèves. J’ignore s’il y a quelque chose
de vrai dans ce bruit et je me permets d’en
douter. M. INiessen est artiste, et, quelle
que soit sa conviction religieuse, il est du
caractère le plus noble et par conséquent le
plus honorable. Il a, ce qui a bien sa valeur
de nos jours — du caractère!

Tus.

CHRONIQUE GÉNÉRALE.

— On lit dans les procès-verbaux de l’académie royale
de Belgique : « M Balat exprime le désir de \oir dresser
un catalogue général, comprenant les ouvrages d’art
d’origine belge qui se trouvenldans les collections étran-
gères. 11 serait du plus grand intérêt pour l’histoire j
de l’art, dit-il, de pouvoir connaître ce qui a été pro-
duit par les artistes belges.qui se sont expatriés, et dont
les productions ornent encore les musées étrangers.
M. le président, en appuyant cette proposition, désigne
MM. Balat et Van llasselt pour rédiger ie programme du
travail qu’il s’agit d’élaborer et les invite, avec l'assen-
timent de la classe, à déterminer le mode d’après lequel
on pourrait s’adresser aux corps savants et aux diverses
associations étrangères. »

C’est là un excellent projet. La rédaction de ce ca-
talogue sera rendue facile par les travaux remarquables
auxquels s’est livré depuis deux ans, dans le même but,
un écrivain belge d’un grand savoir et d’une grande va-
leur comme critique d'art, M. Jean Rousseau, travaux
dont nous avons commencé la publication dans les co-
lonnes de notre journal. D’un autre côté, nos travaux
personnels, encore inédits, sur les tableaux non resti-
tués à la Belgique, en 1815, tableaux dont le chiffre
s’élève à 159, seront également des indications qui au-
ront leur utilité. Enfin, les articles sur la matière que
nous ont promis beaucoup de nos correspondants, con-
tribueront sans doute à dresser, aussi complet que pos-
sible, le catalogue demandé par M. Balat.

— On se procure très difficilement en Belgique cette
délicieuse imagerie qu’on publie avec tant de succès à
Dusseldorf et à Ratisbonnc et dans laquelle l’art le plus
pur, le plus grandiose, pratiqué par les individualités les
plus illustres, est consacré à reproduire les scènes les
plus belles de la religion, les saints, les martyrs, les
traditions de l’ancien et du nouveau testament. Nous
apprenons qu’un dépôt de celte imagerie qui contient de
véritables chefs-d’œuvre de pensée et de sentiment, va
être créé au comptoir universel d'imprimerie et de li-
brairie à Bruxelles, r. St. Jean , 26.

— Le photographe Maes a mis en vente sa collection
de planches photographiques d’après les trésors d’art
exposés en 1864, à Malines. C’est une publication réel-
lement splendide.

— Nous signalerons aux personnes qui aiment les
portraits au pastel, le talent fin , gracieux et correct de
Mlle Kessels dont les œuvres ont été, dans nos derniers
salons, l’objet de l’attention publique.

— L’Indépendance du 18 Mars contient une annonce
qui peut intéresser ceux de nos artistes statuaires ayant
pris part au concours ouvert par le Portugal pour un
monument à élever à Don Pedro IV.

— Le prix du Gouvernement pour la littérature dra-
matique flamande, a été décerné, à l’unanimité des mem-
bres du jury, à M. le Lieutenant Colonel retraité Van
Geerl, pour son drame Van Arlevelde.

— La belle collection de dessins de M. le chevalier
C. C. A. de Rappard , d’Utrecht, a été exposée pendant
deux jours au local du Cercle artistique d’Anvers. Une
foule nombreuse de visiteurs est venue payer son tribut
d’admiration à cette réunion unique de chefs-d’œuvre
signés des noms les plus connus et les plus populaires de
l’art moderne. On doit de vifs remerciments au géné-
reux propriétaire de celte collection qui a bien voulu
mettre ces trésors sous les yeux du public.

— La Collection des œuvres musicales qui forment la
publication que nous annonçons aujourd’hui sous le ti-
tre de Trésor Musical, contient un choix judicieux de
chefs-d’œuvre des anciens artistes belges, lesquels au
XIVe, XVe, XVIe siècle sont jeté tant d’éclat sur l’Europe
entière.

Les morceaux qui composent ce recueil ont été exhu-
més des bibliothèques et des monastères de Belgique,
de L rance, d’Allemagne et d’Italie, notamment du Va-

tican, où ils reposaient sous la poussière de l’oubli, et
îecueillis par les soins intelligents de notre savant et
consciencieux compositeur de musique, M. Robert Van
Maldeghem.

Si tout ce qui concourt à faire connaître les œuvres de
nos pères est louable et digne d’intérêt, nous ne dou-
tons nullement que cette publication n’obtienne l’appro-
bation de tous ceux qui s’intéressent à l'art et à la scien-
ce musicale.

Le Trésor Musical sera orné de quelques portraits.
Des notes historiques et biographiques accompagneront
la dernière livraison de chaque année.

— L’empereur d’Autriche vient de faire publier un
ouvrage plein de recherches et d’érudition. Ce sont des
représentations coloriées de tous les bijoux, ornements
et autres trésors appartenant à la couronne d’Autriche.
Le roi de Suède et sou frère Oscar ont écrit un volume
de poèmes, maintenant sous presse. L’impératrice Eu-
génie est sur le point de publier un livre sur Marie-
Antoinette, et le roi de Bavière vient aussi de faire édi-
ter des poèmes.

— La ville de Palerme vient d’ouvrir un concours
pour la construction d’une salle de spectacle devant con-
tenir 5,000 spectateurs. Les architectes étrangers sont
admis au concours aussi bien que les Italiens. Les projets
doivent être envoyés à Palerme dans le délai de deux
ans. Une exposition publique en sera faite pendant deux
mois, soit à Palerme soit dans une autre ville d’Italie.

La municipalité palcrmitainc agit généreusement :
chacun des cinq projets jugés les meilleurs recev ront, le
premier, 25,000 fr. ; le second, 16,000 fr. ; le troisième,
9,000fr. ; le quatrième, 4,000 fr. ; le cinquième 2,000 fr.
Le conseil munieapai choisira parmi ces cinq projets
celui qui devra être exécuté. L’auteur du projet choisi
sera chargé de la direction des travaux avec une indem-
nité de o p. c. sur le montant des dépenses, qui ne de-
vront pas excéder 2,500^000 fr. L’indemnité pourra
donc s’elever à 25,000 fr.

— Le Louvre a acquis pour 150,000 francs, payables
en six ans , la collection de médailles Gauloises formée
par M. de Saulcy, sénateur. Le musée a encore acquis
de M. de Laporte, consul en Egypte, divers morceaux
Egyptiens et Babyloniens pour 24,000 fr., payables en
trois ans.

Ces dépenses intelligentes consolent un peu de l’en-
lèvement des morceaux capitaux de la galerie Pourtalès
par les musées de Londres, de Berlin et de St. Péters-
bourg. C’est sans doute à propos de la vente des ta-
bleaux que s’engagera la lutte la plus vive,
j — On vient de créer, à l’Ecole des Beaux-Arts, un
i cours de grav ure en pierres lines; la direction en est
! confiée à M. Faroehon.

— La librairie Dentu va publier prochainement une
[ Histoire de la caricature dans l’antiquité, enrichie de
planches, de M. Champfleury, qui a déjà publié, dans la
Gazelle des Beaux-Arts, des extraits de ses travaux sur
cette intéressante question. Rappelons, à cette occasion,
que les journaux anglais annoncent de leur côté une
savante histoire de la caricature due à M. Th. Wright
I et illustrée par M. Fairholt.

— L’administration de la ville de Paris a voté une
somme de 66,000 francs pour remettre en bon état les
v itraux détériorés des églises de Paris. On commencera
parles églises St. Germain l’Auxerrois, St. Eustache,
St. Gervais, St. Séverin , St. Merri, St. Sulpice, St.
Etienne du Mont, St. Nicolas du Chardonnet et Notre
Dame des Blancs-Manteaux où sc trouvent des verrières
d’un grand prix.

— Les statues de la façade du nouveau tribunal de
commerce sont : La Loi de M. Elias Robert; la Justice
de M. Chevalier; la Prudence par M. Salmson; la
Fermeté par M. Eudes. Les quatre figures du fronton
renfermant les armes impériales, sont de M. Carrier-
Belleuse. — M. Carrier a exécuté aussi les vingt-quatre
/ cariatides de la cour intérieure qui comptent neuf pieds
de proportion. 11 y a aussi fait les quatre cariatides de
la façade, personnifiant FActivité et F Expérience et qua-
tre groupes d’enfants.

— Sous une des arcades qui entourent la jolie petite
cour Louis XIV, à l’hôtel de ville de Paris, on a décou-
vert le nom de l’architecte qui Fa construite en 1628.
11 se nommait Morin de la Vallée. L’inscription était
empâtée et perdue sous le badigeon.

— Mme la duchesse Colonna d’Islria nui signe aux
livrets des salons sous le pseudonyme de Marcello, vient
d’achever une Gorgone, grand buste décoratif en marine
qui formera un magnifique pendant à son buste de
1 Biunca Capellu du Salon dernier.

— M. Gerôme a été chargé par l’Empereur de dessiner
I un César en costume militaire, pour être mis en tète
du second volume de la vie de Jules César. Le César
du 1er volume est de M. Ingres.

— On annonce pour les premiers jours d’Avril une
intéressante vente d’études et d’esquisses de M. Blin,
paysagiste.

— L’administration municipale de Lyon a commandé
à M. Fabisch un buste en marbre d’ff. Flaudrin.

— M. Blanchard de Farges, chef d’escadron en re-
traite, vient de faire don à la bibliothèque impériale de
Paris, de cent dix plans de Mansard et de Le Nôtre qui
s’élaicnt conservés dans la famille de ce dernier jus-
qu'au donateur, son arrière-petit-neveu. Le palais de
Versailles et ses distributions avec les écuries et quel-
ques autres édifices de la ville, prennent cinquante-sept
plans, datant de 1685; il y en a d’autres sur les châteaux
de Compiégne et de St. Germain. Ces plans révèlent de
curieux détails sur les mœurs de celte cour. Tandis que
la reine a onze pièces au deuxième étage, Madame de
Montespan en occupe vingt au premier et le Dauphin
a un appartement de cinq pièces, exactement comme le
fils de la favorite, le duc du Maine, logé comme sa
mère au premier étage.

— Expositions. Gand; ouverture le 15 Août, dans la
belle rotonde de l’Université. La société royale pour l’en-
couragement des Beaux-Arts met tout en œuvre pour
ijue son exposition triennale soit digne de ses ainées et
même les surpasse. Rappelons ici en passant qu’aux
dernières expositions une somme de plus de 50,000 fr.
a été versée entre les mains des artistes. Les frais d en-
voi et de renvoi des œuvres des artistes (pii ont reçu une
inv itation spéciale, sont à la charge de la société. Remise
avant le 1er Août à la commission directrice de T exposition
nationale des Beaux-Arts à Gand, au palais de V université.
Tarif n° 2. — Malines. Ouverture de l’exposition le 2 Juil-
let, époque des fêtes communales. Adresser les envois
franco à 1a commission directrice, avant le 20 Juin. Les
ouvrages non vendus seront renvoyés franco. A l’occa-
sion de celle exposition, la société ouvre le concours dont
voici le programme :

Dans le but, de stimuler l’émulation parmi les jeunes
artistes du pays, la Société a résolu d’ouvrir trois con-
cours auxquels elle a destiné une somme de 450 fr. et
trois Médailles en argent, à accorder comme suit :

1° A Fauteur de la meilleure tcle d’étude, peinte à
l’huile, d’après nature et de grandeur naturelle, 150 fr.
cl une Médaille.

2° À Fauteur de la meilleure étude de paysage, ou
animaux, peinte à l’huile, d’après nature, 150 lr. et
une Médaille; cette élude devra mesurer au moins 40
centimètres sur 30.

5° A Fauteur d’un dessin d’architecture en lavis. Sujet :
Façade d’un hôtel de ville; la largeur de la façade est de
49 mètres, l’échelle du dessin un centimètre par mètre.
Style facultatif; le gothique excepté (i; 150 fr. et une
Médaille.

CONDITIONS.

Les œuvres couronnées deviendront la propriété de la
Société et seront distribuées commes celles qui ont été
acquises par la voie du sort.

Tous les ouvrages destinés aux différents concours
porteront une devise ou marque, qui sera répétée sur
l’adresse d’un billet cacheté et détaché; ce billet indi-
quera les nom , prénoms et lieu de naissance de 1 artiste :
il sera inclus dans une lettre expédiée, donnera les ex-
plications y relatives et sera adressé au Secrétaire.

Les six meilleures études, (ou davantage si la Com-
mission le juge convenable) de chacun des concours, se-
ront exposées pendant la durée de l’Exposition.

Aucun objet destiné au concours ne pourra être admis
après le 19 Juin.'

Nécrologie. -— Rouaiigue (Emile) aîné, gravcui,
élève de Delaunay et de Mariage, mort à Eponc, le 10
Janvier, à 70 ans, illustra pendant trente ans une
foule de petits recueils pour l’enfance et grava souvent
d’après les dessins de son frère, M. Ad. Rouargue.

Gabé (Nicolas Edward,) peintre, né a Paris en^l8!4,
mort le 4 Janvier, exposa en 1848, 1851, 52, 65, 6-4,
notamment les Parasites et des Fleurs. _

Jung (Théodore), peintre aquarelliste , élèvede Gabriel
Guérin , de Strasbourg, et de Siméon Fort, né à Stras-
bourg le 20 Septembre 1803, mort le 5 Février, obtint
une médaille de 5e classe en 1841 et la croix de la Légion
d’honneur le 3 Mai 1860. Cet artiste a beaucoup pro-
duit et a représenté surtout nos complétés modernes,
ses œuvres ont figuré à vingt salons de 1834 à 1864, on
les trouve surtout au Musée de Versailles et au depot
ce la guerre.

(î) Au nom des façades-types des hôtels de ville de
Bruxelles, de Gand, de Louvain, d’Audenarde, de
Bruges, d’Ypres, etc. nous protestons contre cette in-
concevable proscription. (N. D. L. R.)