Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
80

très bien doué qui se contente trop facile-
ment, maintenant qu’il est sorti du commun,
d’un à-peu-près. Il faut remarquer chez les
paysagistes beaucoup d’étude et des efforts
intelligents, récompensés par le succès. Les
deux tableaux de M. Daliphard rendent avec
sincérité une impression vivement sentie.
M. Daubigny fils, qui s’essaie depuis quelques
années à marcher sur les traces de son père,
n’a jamais mieux réussi que cette année. 11 est
loin d’égaler encore son maître; sa franchise
va parfois jusqu’à la brutalité et il exagère
les effets qu’il veut représenter; mais nous
pouvons constater qu’il suit une bonne
voie. M. Lansyer, récompensé l’an dernier
pour deux remarquables paysages, nous
prouve qu’il ne se repose point sur ses succès
passés. Le lavoir à marée basse sur les côtes
de Bretagne, peut, par des qualités élevées,
se compter parmi les meilleurs paysages de
l’exposition; dans toutes les œuvres de M.
Lansyer on retrouve toute la fraîcheur de
l’impression première, avec une habileté de
plus en plus sûre d’elle-même. Le succès
que M. Hanoteau obtint, il y a deux ans, a
attiré sur ses œuvres l’attention du public;
les deux grandes pages qu’il expose, bien
qu’exécutées un peu lourdement, témoignent
d’un effort digne d’éloges et de qualités sé-
rieuses.

L'étang de Rambouillet de M. P. Colin, nous
montre un des plusjolis endroits des environs
de Paris dans un effet très-pittoresque. Le
soleil se lève et toute la nature est illuminée
des premières clartés. Il ne manque presque
rien à ce tableau pour être tout à fait bon.
Quoi encore? Une exécution un peu plus
ferme. Voilà plusieurs années que M. Fran-
çais nous étonne par des alternatives de
succès et d’erreurs; cette année ne comptera
pas pour lui parmi les bonnes. Les bords de
laSeinerappellentcertainsite du bas-Meudon,
exposé en 1861, mais le fait en même temps
regretter; M. Français noie, comme M. de
Curzon, ses tableaux dans un nuage vapo-
reux qui laisse toutes les formes indécises.
C’est presque un rêve; mais la nature réelle
a des contours plus arrêtés. Peignez un
songe, comme M. Hamon, et personne ne
vous reprochera de baigner tous les corps
dans une brume diaphane. M. Français est,
avec M. Th. Rousseau, de ces artistes capa- '
blés de défaillances, mais qui prennent bien
vite leur revanche d’un échec. M. Fr. Millet se
laisse aussi trop aller à cet amollissement des
formes que la monotonie de son exécution
rend encore plus sensible. Chose singulière,
M. Fr. Millet est rangé universellement parmi
les peintres réalistes, et cependant, peu d’ar-
tistes, parleurs tendances, se rapprochent
davantage de la grande et saine poésie. Tant j

il est vrai que l’idéal, pour être varié, n’en
demeure pas moins le but de tout véritable
artiste.

Il faudrait encore beaucoup de place pour
passer en revue tous les paysages remarqua-
bles de l’exposition. J’ai constaté déjà, dans
une autre occasion, l’importance de ce genre
dans notre école contemporaine. Je ne puis
insister davantage; mais je veux citer au
moins les deux tableaux de M. Appian; la
nature y est rendue avec une vigueur qui
va presque jusqu’à la rudesse, mais qui porte
un cachet particulier d’exactitude. Je ne veux
pas oublier non plus un beau fourré de la
forêt de Fontainebleau en temps d’hiver,
par M. K. Bodmer; une grande page pleine
de style de M. Bellel, un effet de nuit d’une
transparence très-fine par M. Busson; deux
excellents tableaux représentant la campagne
romaine par M. Jules Didier, un des meil-
leurs paysagistes sortis de l’école de Rome;
les études de M. Harpignies empreintes,
comme tout ce qu’il fait, d’une vraie origina-
lité, enfin une Vue de l’étang de Cernay, par
M. Porcher, d’un effet très-juste et très-poé-
tique et d’une exécution très-habile avec son
apparente simplicité.

J. J. Guiffrey.

(La suite au prochain n°).

Pour la partie française : J. J. Guiffrey.

Avis.

Le cadre du Journal des Beaux-Arts reste
toujours le même et ses obligations grandissent
tous les jours, très souvent par la nécessité où
nous place Vactualité de certaines questions et,
presque toujours, par les communications dont
nous sommes honorés. Que nos amis et les per-
sonnes qui nous ont envoyé des livres à l’ëxa-
men, veuillent donc bien se montrer indulgents
pour les retards que, malgr é nous, nous sommes
obligés d’apporter à l’acquit de nos promesses.

CHRONIQUE GÉNÉRALE.

— Nous avions eu l’intention de publier dans nos co-
lonnes toutes les pièces relatives au legs à l’Etat des
œuvres artistiques de Wierlz, mais plusieurs grands
journaux ayant popularisé ces pièces intéressantes, nous
croyons pouvoir nous dispenser de les donnera nos lec-
teurs. Il leur suffira de savoir que les intelligentes mesu-
res prises par le Gouvernement ont été ratifiées par la
chambre des représentants et que, sous peu, le grand
peintre revivra dans ses œuvres constituant désormais
un musée à part. Nous reviendrons sur l’acte posé par le
Gouvernement; c’est, sans contredit, un des plus remar-
quables que les Beaux-Arts aient à enregistrer depuis notre
émancipation politique. Il a pour lui le tact et ia justice.

— Le Gercle artistique, littéraire et scientifique d’An-
vers vient de publier le résumé des conférences si sui-
vies de M. Charles Montigny sur les propriétés physiques
et chimiques de la matière. Bien qu’il nous soit interdit
de parler science, nous ne pouvons nous empêcher de
signaler au passage un livre qui joint à une forme litté-
raire des plus agréables et des plus claires, malgré la
difficulté de continuelles définitions, une valeur fonda-
mentale des plus sérieuses. « Que ce résumé dit M. Ch.
)) Montigny, soit donc reçu comme mémorandum par
» les uns, et comme un indicateur prévenant par d’au-
» très, qui, en le lisant, s’enflammeraient du désir de

» pénétrerplusprofondément dansl’éludede lascience. »
Dans l’un comme dans l’autre cas, nous dirons à fauteur
que son œuvre est reçue avec une vive reconnaissance.

— Nous avons reçu un volume de M. Arthur Ste-
vens, intitulé le Salon de 1863. Paris. Nous ne saurions
assez dire la satisfaction que nous avons éprouvée à
cette lecture, en quelque sorte rétrospective, d’articles
imprimés dans le Figaro il y a 3 ans, et que l’auteur a
eu l’excellente idée de sauver de l’oubli en leur don-
nant la forme traditionnelle. M. Stevens est un critique
d’une rudesse convaincue et implacable; il frappe pres-
que toujours juste pour ceux qui semblent préférer les
grâces et les vérités de la forme à la profondeur du fond.
Ses affections les plus vives sont pour ce groupe de
croyants qui depuis quelques années ont, par leurs excès
même, fait faire de grands progrès à l’art; il dédaigne
d’une façon suprême le poncif, honore d’une estime
distraite les souvenirs académiques et reste froid devant
certaines illustrations admises depuis quinze ans par le
bourgeois. Tout cela est dit et soutenu avec bonne foi
et entremêlé de lettres inédites qui ne sont pas la partie
la moins curieuse de ce volume séduisant qu’on lira
avec non moins de plaisir que de fruit. Une bonne note
sur ce livre : ce qu’il a dit il y a trois ans est plus vrai
que jamais.

— Le deuxième volume des Archives de l’art français,
vient de paraître à la librairieTross, à Paris, rue neuve
des Petits Ghamps, n° 3. C’est là une excellente nouvelle
qui réjouira fort tous ceux qui ont pu apprécier la va-
leur de celle collection dont la première série contient
12 volumes. On annonce pour pius tard un supplément.
Qu’est-ce à dire? La seconde série va-t-elle s’arrêter au
deuxième volume? Nous espérons bien que M. Anatole
de Montaiglon , l’intelligent et savant directeur des Ar-
chives, recueillera assez de sympathies autour de son
œuvre pour permettre qu’elle vive; car elle est de celles
que la dignité d’une nation ne doit pas laisser périr.

— Depuis quelques jours est ouvert à Paris, à côté
de l’exposition des œuvres des artistes vivants, une gale-
rie qui renferme un bon nombre des chefs-d’œuvre des
principales collections de Paris. Aujourd’hui nous ne
pouvons que mentionner cette magnifique exposition ;
nous y reviendrons bientôt et nous essaierons de donner
à nos lecteurs une idée des trésors qu’elle renferme. 11
est question d’ailleurs de mettre à exécution un projet
à peu près analogue, mais sur un plan beaucoup plus
vaste pendant la durée de l’exposition universelle de
l’année prochaine. On a parlé d’emprunter aux galeries
particulières et aux musées de province les œuvres im-
parfaitement représentés au Louvre. Nous croyons aussi
qu’on doit joindre à celte exposition une suite de por-
traits historiques.

— Les artistes belges et hollandais continuent à ob-
tenir du succès au palais de cristal. Indépendamment
des tableaux de Van Schendel, Jacob Jacobs, Vermeulen,
De Bruycker, Mme Geefs, Gabriel, De Pratere, Verhoe-
ven , Weiser, Van Hove, Toussaint, Boon, Vervloet, De
Keyser, Smet etc., vendus à la fin de la saison dernière
et représentant une yaleur de 22,000 francs, les ta-
bleaux suivants ont été vendus durant celte saison, sa-
voir ceux de Mrae Geefs, De Bruycker, Gabriel, De
Pratere, Van Hove, Schnedges, Breuhaus-De Groot,
Taymans, Stocquart,Reyntjens, Vogel, De Haas, Aliby,
De Beul, etc.

— Nous recommandons vivement à l’attention de nos
lecteurs la vente des intéressantes collections de feu le
peintre distingué Corneille Segers.

Nécrologie.— Jules de Senezcourt, peintre de genre,
mort à Bruxelles à l’âge de -18 ans. — Ed. de Vigne,
paysagiste, mort à Gand à l’âge de 57 ans. — P. J.
Goetgebuer, architecte, mort à Gand âgé de 78 ans.

ANNONCE.

Le Notaire MAES procédera, le Lundi 11 Juin 1866,
à 10 heures du matin et jours suivants s’il y a lieu, en
la maison mortuaire, rue d’Autriche, n° 10, à Schaer-
beek , à la vente publique :

d’une BELLE COLLECTION

DE TABLE AUX,

ESQUISSES, EAU* FORTES,

GRAVURES, LIVRES, MEUBLES d’aTELIER, ETC.,
délaissés par feu M. Corneille SEGERS, artiste peintre.

Augmentation de 10 p. c. pour frais. Exposition pu -
blique Samedi 9 et Dimanche 10 Juin.

Les catalogues se distribuent en la dite maison mor-
tuaire et en l’étude du Notaire MAES.

ST. NICOLAS, TYP. DE J. EDOM.
 
Annotationen