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Ce disque, frappé à l’effigie du Roi ou aux
armes du royaume, fixé à un ruban de
couleur éclatante que l’on passe au cou du
lauréat,attire l’œil de la foule, provoque des
applaudissements et voilà le vainqueur sa-
cré tel par le public. Que dirait donc celui-
ci s’il savait que cette marque durable, cette
matière précieuse, et par elle-même et par
la destination qu’elle reçoit, suivra le même
jour le chemin que nous avons indiqué plus
haut. A coup sûr, la cause de sa satisfaction
n’en subsisterait pas moins, mais il se fâche-
rait tout rouge en pensant que cette mar-
que d’honneur sera fondue dans quelques
heures et il dirait : laissez la récompense et
supprimez l’objet qui la représente, ou bien
n’en faites pas un objet de lucre et de spé-
culation.

Et ce public aurait grandement raison. Il
faut qu’on élève même,si on le peut,la valeur
morale de la récompense et qu’on supprime
radicalement la chose monnayée, cette pièce
d’or ou d’argent qu’en définitive on compte
aux élus. 11 faut chercher et trouver une
combinaison qui exalte le talent, en sauvant
la dignité de l’élève ; cette combinaison doit
surtout avoir pour objet d’exciter son es-
prit, de fortifier sa marche et de lui re-
présenter, en quelque sorte, le but auquel
il veut atteindre, le paradis de ses rêves
d’artiste. Cette combinaison ? elle est toute
trouvée et c’est elle qui permettra de réaliser
complètement, absolument, la réforme im-
portante que nous réclamons au nom de la
saine logique. Mais avant de développer no-
tre sentiment à cet égard, donnons satisfac-
tion aux amateurs quand même des médail-
les académiques, en établissant, dans notre
nouveau système, et dans des cas exception-
nels donnés, des médailles de bronze, les-
quelles par leur valeur intrinsèque insigni-
fiante, n’entraîneront personne à les échan-
ger d’une façon vénale ou dégradante.

Donc, ce que nous demandons, c’est l’oc-
troi au lieu de médailles, de livres et d’ob-
jets d’art ou autres, en harmonie avec les
études de l’élève.

La possibilité d’exécution la plus large,
la plus complète, la plus facile, est assurée
d’avance, comme nous allons le prouver, à
ce mode de récompenses d’une simplicité
primitive ; sans compter que les consé-
quences en sont si décisives, si multiples
et d’une portée si grande qu’il y a lieu de
s’étonner, nous l’avouons franchement, que
notre Conseil de perfectionnement des arts
du dessin n’ait pas encore jugé convenable
de ne laisser ni trêve ni repos au Gouver-
nement qu’il n’ait ordonné, dans la mesure
de son pouvoir, l’adoption du système, très

connu du reste, que nous préconisons.
Peut-être l’opinion a-t-elle été émise, mais
les travaux de ce Conseil ne sont pas connus
et nous sommes autorisé à croire qu’à cet
égard il n’a rien fait puisque rien n’a été
fait, (i)

La Belgique, la France, la Hollande et
l’Allemagne ont produit et ces dernières
produisent encore tous les jours des livres
didactiques et monographiques qui font la
gloire et l’honneur de l’esprit humain. Nous
étonnerons peut-êtrebiendumonde en disant
que de tous ces livres il en est extrêmement
peu qui, en Belgique, aillent à l’adresse de
ceux pour qui ils sont faits et pour lesquels
ils seraient de véritables foyers de lumière.
Ainsi le veut l’inconcevable impéritie de
certaines administrations communales qui,
entre un Vignole à donner en prix et une
somme de dix francs n’hésiteraient pas en
faveur de cette dernière ! Ainsi le veut la
stupide loi de la routine qui tue l’initiative,
enraie le progrès, étouffe les vocations et
paralyse les intelligences les mieux douées.

Voilà ce que nous voudrions voir changer
et nous avons résolu d’enlever à tout prétex-
te le moyen de se produire. Après avoir
insisté sur l’immoralité de l’octroi de la
médaille, nous allons entrer profondément
dans les moyens de la remplacer, en plaçant
sous les yeux de nos lecteurs les nombreu-
ses ressources que nous avons sous la main,
non-seulement pour supprimer un vieil
abus, mais encore pour élever dans les clas-
ses artistiques le sentiment de l’art au
diapason le plus élevé. Qu’on veuille donc
nous suivre dans l’excursion que nous allons
faire au milieu des objets d’art, des livres,
des albums, des cahiers, des traités, des
manuels etc. etc. qui parleur nature diverse
et multiple, s’adressent à tous : Architec-
tes, peintres, sculpteurs, graveurs, ornema-
nistes, modeleurs, ciseleurs, orfèvres, ébé-
nistes, menuisiers, serruriers, etc. Nous
aborderons toutes les manifestations des
arts plastiques et graphiques et nous démon-
trerons péremptoirement qu’il existe,à l’heu-
re qu’il est, des récompenses, à des prix
inférieurs même à la médaille d'argent de petit
module, pour les élèves de toutes ces caté-
gories. Nous prouverons enfin qu’il existe,
pour nos académies et nos écoles, un mon-
de tout nouveau à offrir à tous ces tempéra-
ments que les tiédeurs et les visées étroites
de l’état de choses actuel maintiennent à
un niveau où ils ne trouvent que le dé-
fi) On nous a dit que, dans le temps, le Gou-
vernement avait essayé d’entrer dans cette voie,
mais que les Communes avaient refusé de l'y suivre.
En quoi ce refus devait-il engager la volonté et la
liberté du Gouvernement ?

couragement, l’oubli et parfois la mort.

Le travail auquel nous allons nous li-
vrer, à partir du prochain numéro, (1) offrira
un intérêt réel et spécial pour tous ceux
qui s’occupent de l’enseignement des arts
du dessin. Nous ne savons si nous nous
trompons,mais nous croyons leur apprendre
beaucoup de choses qu’ils ne savent pas,
non pas par préméditation,mais pareequ’ils
sont laissés dans l’ignorance de ce qui se
fait, autant par l’apathie de la librairie bel-
ge uniquement préoccupée de journaux,
de romans et de revues, que par le décou-
ragement qui s’empare d’eux en présence
de la manière dont sont accueillies toutes
propositions qui pourraient alarmer la rou-
tine.

Nous avons encore deux réflexions im-
portantes à présenter avant de terminer cet
article ; elles ont trait aux conséquences
qu’aurait indubitablement en Belgique l’a-
doption de la mesure que nous recom-
mandons.

L’une a pour objet l’éducation de l’artis-
te ou de l’ouvrier sorti vainqueur des
classes de son académie avec des prix de
l’espèce. Il est évident que les livres, pres-
que toujours ornés de nombreuses gravures,
auront exercé sur son imagination une influ-
ence incontestable qu’un million de médail-
les ne saurait produire. La récompense
dont cet élève aura été l’objet, est une pré-
somption assez judicieuse de sa raison,de ses
capacités et de ses aptitudes. Nulle crainte
donc que ce livre où il compte trouver les
raisons de beaucoup de choses, soit vendu.
D’ailleurs il ne le pourrait qu’à un de ces
prix de rabais peu tentants qui sont les
mystères de la librairie ; ensuite le nom du
lauréat, imprimé en lettres d’or d’une façon
visible, rendrait le livre inaliénable en tant
que livre de bibliothèque. Au fur et à me-
sure des études et des succès, ces livres
varieraient et gagneraient en importance,
de telle façon qu’une petite bibliothèque
précieuse formerait, au bout de quelques
années, la science consultative de notre
homme ; jointe à la science acquise et à l’ex-
périence, elle en ferait un artiste ou un ou-
vrier d’une réelle valeur.

En même temps qu’aux livres, il y aura

(i) Ce travail porte pour titre : Catalogue rai-
sonné de livres à être donnés en prix aux élèves des
Académies et des écoles de dessin. Nous n’avons pas
entendu parler de tous les livres, ce qui serait
oiseux,et, à certains égards, impossible, mais de
ceux qui nous paraissent, parmi les publications
modernes, les mieux faits pour répandre le goût
de l’art proprement dit et celui des arts indus-
triels. Toutes les indications désirables accom-
pagneront notre catalogue qui, naturellement,
s’augmentera au fur et à mesure des apparitions
d’œuvres nouvelles.
 
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