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lieu de songer aux objets d'art,et ici la chose
nous semble non moins facile. Les bustes,
les groupes, les statuettes, les fragments,
les études, les mille objets inventés par les
besoins du jour et dont bon nombre sont des
chefs-d’œuvre, sans compter les merveilles
de l’art ancien, constitueraient de précieux
éléments de récompenses dont la valeur
commerciale serait naturellement propor-
tionnée à l’importance du prix à donner. Le
bronze, le plâtre, le cuivre, le zinc, tout ce
que l’industrie actuelle emploie,conviendrait
au but que nous voulons atteindre ; l’on doit
comprendre que ces objets, soit qu’on les
place comme des trophées en forme d’or-
nement dans l’habitation de l’artiste, soit que
celui-ci en fasse un sujet d’étude, aideront
puissamment à former son goût et à déve-
lopper son instruction. Des gravures clas-
siques, des instruments, des boites, des
modèles, tout ce qui enfin porte le cachet
de l’art ou aide à l’art, serait mis à contri-
bution, selon la vocation de l’élève à ré-
compenser. Il va sans dire que les commis-
sions locales auraient à déterminer, sur des
rapports spéciaux, ce qu’il convient défaire.

Il ne faut pas, pensons-nous, de violents
efforts d’imagination pour se rendre un
compte exact de ce que deviendrait une na-
tion au sein de laquelle se développerait ré-
gulièrement et naturellement, dans un tel
milieu, le sens artistique. Et tout cela, en
remplaçant un système sur lequel nous nous
sommes suffisamment expliqué, par une me-
sure qui ne saurait avoir contre elle aucun
contradicteur sérieux.

La seconde réflexion touche à un objet
non moins important au point de vue de
l’industrie typographique et iconographique
du pays. Personne n’ignore que,sous ce rap-
port, nous sommes, tout en étant un pays
artistique par excellence, la dernière nation
du continent européen. Nous venons même
après la Suisse qui a des journaux et des
manuels illustrés alors que nous sommes
d’une pauvreté inqualifiable. 11 est vrai de
dire qu’il y a une vingtaine d’années nous
valions mieux, sous ce point de vue,qu’au-
jourd’hui. En effet,avant 1848,il s’est publié
à Bruxelles une assez grande quantité de li-
vres illustrés originaux, mais depuis,rien,ou
presque rien, n’a rompu le silence de notre
typographie iconographique.

Si donc le Gouvernement donnait le signal
du remplacement des médailles par les li-
vres, il se formerait immédiatement des
éditeurs et un public ; laBelgique se trouve-
rait enrichie d’une industrie prospère, so-
lide, pouvant rivaliser, chez elle et sur les
marchés étrangers , avec des productions

similaires et créant, en même temps qu’une
source de revenus non aléatoires, une ca-
tégorie d’écrivains qui n’a jamais su exister
chez nous. Certes, ce n’est pas du premier
coup qu’un résultat complet serait obtenu
en cette matière, mais il est hors de doute
qu’en quelques années cette position serait
acquise et que nous serions dotés de plu-
sieurs établissements nouveaux rappelant
ceux que nous avions le bonheur de possé-
der autrefois. 11 est également hors de
doute que nous verrions surgir des livres
dignes de notre école artistique, car il est à
remarquer, et nous le disons avec une pro-
fonde amertume, que depuis que nous
sommes nation indépendante, nous n’avons
pas su produire un seul livre esthétique ou
un seul manuel qui puisse servir d’ensei-
gnement à la nation. Ce n’est pas stérilité,
qu’on veuille bien le croire, c’est tout sim-
plement pareeque l’on n’a jamais su j usqu’ici,
en cette matière, faire donner à la nation
ce qu’elle peut produire. Faites un public
et vous aurez des livres. Frappez le rocher
au bon endroit et l’eau jaillira.

Ce sont là des vérités qui éclairent tout
le monde quand elles viennent à éclater et
alors, éternelle histoire de l’œuf de Colomb,
on s’étonne de voir qu’il était si facile de
réussir.

(iCorrespondance particulière.)

Bruxelles.

Mon cher Directeur,

Votre dernière correspondance de Bru-
xelles, en parlant des tableaux destinés à
l’exposition de Londres, s’est plainte de la
décision de la commission qui avait exclu
le public du temple des Augustins pend nt
l’exhibition des dits tableaux. A première
vue, en effet, il semble assez difficile d’ex-
pliquer que l’on cloue, qu’on étale, qu’on
classe un grand nombre de toiles dans un
vaste local pour le seul agrément d’une
vingtaine de personnes, et l’on se demande
si tant de frais de clouage et d’étalage n’au-
raient pas pu profiter un peu à ceux qui à
Bruxelles, s’intéressent à ces sortes de cho-
ses. Mais pour qui a écouté aux portes, tout
s’explique, et le temple des Augustins
était pavé ces jours-là d’excellentes inten-
tions.

Vous savez, mon cher Direteur, de quelle
importance il est pour un artiste d’avoir son
œuvre placée dans un bon jour, à une hau-
teur convenable, à la rampe le plus possi-
ble, et pas du tout dans les coins... Or, la
commission avait quelque chose comme
cent trente à cent cinquante tableaux, ré-
clamant tous les mêmes conditions pour

être bien appréciés et s’en croyant tous
également dignes. Supposons que la com-
mission ait, pour son usage, successivement
soumis à cette épreuve favorable chacune
des œuvres picturales qu’elle avait à voir -
ce qui est très probable — et que pour la
commission les choses se soient passées
de façon à la convaincre qu’elle n’a admis
que des chefs-d’œuvre, mais reconnaissons
qu’un pareil procédé eût été extraordinaire-
ment diiïicilc pour le public. Or, mal placé,
l’artiste était mécontent et mal jugé ; il en
résultait des récriminations, des critiques ;
d’avance on écartait celui-ci pour faire
valoir celui-là, si bien qu’arrivé à Londres,
le contingent belge était connu déjà par ses
mauvais côtés et paraissait n’avoir que des
côtés mauvais... Il valait mieux laisser
l’œuvre entière, trouver dans le milieu qu’on
lui réserve là-bas, tous les avantages d’une
exposition meilleure, sans être d’avance
sous le coup d’un décri quelconque.

Voilà, si j’ai bien compris, le motif réel
de l’exclusion dont votre correspondant,mon
obligeant collègue et ami, s’est plaint dans
votre journal. Il y a quelque chose de fondé,
me semble-t-il dans les scrupules de la com-
mission, au moins est-ce tout à l’avantage
de notre réputation artistique à l’étranger
qu’elle semble les avoir eus.

D’ailleurs, en refusant la vue avant le dé-
part pour Londres, la commission émettait
le vœu qu’au retour, il y eût une exposition
à Bruxelles. C’est, tout couverts de palmes,
que les travaux des maîtres de notre école
reviendront dans le pays... Une sorte de
rentrée triomphale, quoi !.. Comme une ar-
mée victorieuse ! Pour les uns, ce sera un
moyen d’en appeler du jugement du public
anglais s’il a été défavorable, pour les autres
ce sera une consécration de gloire.

Eh bien,non, mon cher Directeur, je pense
que tout le monde aura du succès et un suc-
cès mérité.

Si votre correspondant avait, après avoir
collé au trou de la serrure son oreille, y
avait placé l’œil,il aurait pu s’en convaincre.
C’est un procédé bien indiscret, direz-vous.
Soit, mais on est correspondant ou on ne
l’est pas, et les correspondants ne vivent
que d’indiscrétions.

Il y avait cent neuf tableaux, tous excel-
lents, tous admis. Vous les décrire serait
chose assez difficile, mon point d’observa-
tion était trop gênant ; mais je puis vous
citer les principaux.

C’est ainsi que j’ai reconnu quelques toiles
empruntées au musée moderne : le Portaels,
le Fourmois et le Quinaux, par exemple, et
 
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