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presque sans le vouloir et toujours (l’une
clarté parfaite. 11 est peu de livres dont
il soit plus juste de faire l’éloge sans la
moindre réserve.

Raphaël et l’Antiquité, par F. À. Gruyer.

2 vol. in-8°. Paris. Xe Jules Renouard. 1864.

Prix : 15 frs.

Études excessivement intéressantes faites
par un homme qui a pour la Renaissance un
enthousiasme un peu sonore et peut-être exa-
géré,mais qui a en même temps,trop de talent
pour lui en faire un reproche sérieux. Les
jeunes artistes qui aiment à s’instruire trou-
veront dans ce livre, d’abord une très belle
entrée en matière sur les prédécesseurs de
Raphaël. Cette Introduction n’est pas une des
moindres valeursde l’ouvrage dont elle prend
près du quart. Le parti que Raphaël a tiré
de l’antiquité est représenté de façon à
prouver une fois de plus combien l’instruc-
tion est nécessaire sinon indispensable à
l’artiste. L’ouvrage de M. Gruyer est un de
ceux qui prouvent le mieux, directement et
indirectement, l’inanité des doctrines ar-
tistiques modernes consistant à mettre à
néant tout ce qui peut élever l’esprit et
la raison pour ne laisser debout que l’in-
stinct et la matière. A ce titre seul, cette
œuvre doit être une des premières à mettre
entre les mains de nos élèves académiques
des classes supérieures, sans compter que
comme histoire artistique, elle compte des
passages de l’intérêt le plus réel et que,
comme description, il s’y rencontre des pa-
ges d’une délicatesse et d’une grâce char-
mantes. (A continuer).

BENIS CALVAERT.

Càlvaert (Denis), célèbre peintre d’his-
toire, né cà Anvers vers 1540 et mort à Bo-
logne le 16 Avril 1619. Son nom s’écrivait
Caluwaert et c’est ainsi qu’il se trouve
inscrit , comme élève de Chrétien van
Queecborne, dans les Liggeren anversois, en
1556-1557. Cette date, la seule que l’on
possède des premières années du peintre,
a failsupposer qu’il était alors âgé de quinze
à vingt ans, et par suite l’on a fixé, appro-
ximativement, sa naissance vers 1540. Van
Qeecborne, bon paysagiste, transmit à son
élève, en même temps que son genre, ses
solides connaissances techniques. Attiré
comme la plupart des jeunes flamands par
le mirage de l’école italienne, Calvaert quit-
ta sa patrie vers l’âge de vingt ans et se mit
en route pour Rome; mais,arrivé à Bologne,
il fut présenté à l’une des plus puissantes
familles de celte ville, les Bolognini, qui
mirent tout en œuvre pour le retenir. Grâce

aux avantages magnifiques qui lui furent
offerts,on réussit à le décider. Un logement
dans le palais, sa place à table, une liberté
illimitée dans l’emploi de son temps, et, en
retour, aucune exigence, si ce n’est, dit-on,
de récréer parfois les oreilles du chef de la
famille par les accords du luth dont Cal-
vaert jouait à ravir. Ce n’était là qu’un
plaisir de plus pour le jeune artiste. Ainsi
favorisé par le sort et en ayant déjà vu assez
pour sentir qu’il ferait autre chose et mieux
que des paysages, il chercha autour de lui
un maître pour le guider dans la voie de la
peinture historique. C’était une époque de
décadence comme on le sait ; les grands
noms du passé n’étaient plus qu’un souve-
nir et les Garrache n’avaient point encore
paru. Un bon élève du Francia se trouvait
alors à Bologne. Prosper Fontana (c’est son
nom) aurait pu égaler et même surpasser
son maître s’il n’a\ait été une espèce de Fa
presto avide de gagner beaucoup afin de sa-
tisfaire les besoins dévorants de son luxe.
Esprit distingué du reste, savant, inventif,
excellent praticien, il ne fut point, eu égard
à l'époque, un mauvais maître pour Cal-
vaert ; il lui conseilla de s’adonner exclusi-
vement à perfectionner son dessin d’après
les admirables modèles antiques qui l’en-
touraient. C’est ce que lit le jeune flamand
et il s’en trbuva bien; plus tard il reprit ses
pinceaux et put encore, grâce à ses protec-
teurs, avoir accès dans les plus riches gale-
ries afin d’en copier les chefs-d’œuvre. Un
nouvel astre se levait à Bologne, c’était
Lorenzo Sabatlini doué de qualités supé-
rieures et qui s’était placé tout d’un coup
au premier rang des artistes. Calvaert quitta
Fontana pour entrer dans l’atelier de Sabat-
tini où il apprit la correction, la noblesse et
l’harmonie. Le maître eut vite remarqué le
mérite transcendant de son nouvel élève et
il s’en fit aider de préférence aux autres
jeunes gens appartenant à son école. L’oc-
casion se présenta bientôt de mieux utiliser
celte collaboration. Grégoire XIII venait
d’être élevé au pontificat ; il était Bolonais
et n’avait pas oublié son admiration poul-
ies travaux de Sabattini. 11 appela celui-ci
à Rome et Calvaert fut invité par son maître
à l’accompagner. Quelque regret qu’il eût
de quitter Bologne et ses protecteurs,la rai-
son lui disait de ne point laisser échapper
l’occasion de continuer ses études et de voir
la ville artistique par excellence. Il accepta
donc et fut employé aux travaux du Vatican
dont Sabattini avait reçu la direction. Son
talent lui valut même les propositions de
Marc de Faënza qui voulut l’enlever à son
maître ; mais l’artiste flamand, aussi loyal

que dévoué, ne se laissa point tenter, ce
dont Sabattini lui sut gré. Aussi, lorsque le
jeune homme, sentant qu’il pouvait voler
de ses propres ailes, vint lui dire«6a déter-
mination de retourner à Bologne, fut-il
parfaitement accueilli et encouragé par son
maître. Calvaert avait mis le temps à profit :
en prenant des croquis de toutes lesœuvres
immortelles qu’il avait sous les yeux, il avait
acquis dans le dessin une supériorité hors
ligne. On cite un de ses dessins de l'École
cïAthènes acheté par le cardinal d’Este, cé-
lèbre amateur, comme étant de Raphaël.
C’est dans une audience que lui accorda ce
personnage que Calvaert reconnut lui-même
sontravail. Sabattini,l’introducteurdu jeune
peintre, jouit complètement du triomphe
de son élève et ne voulut point lui laisser
quitter Rome sans le présenter au pape.
Cette audience fut, paraît-il, un sujet de
grande inlimiditation pour le jeune homme
qui égaya Grégoire XIII par sa simplicité et
son naïf embarras. Sollicité par le Souverain
Pontife de lui demander une grâce quelcon-
que, il répondit : Aon allra che dessere las-
ciato andar via (Pas d’autre que de pouvoir
m’en aller). A coup sur, ce n’était pas être
très exigeant et le sourire avec lequel sa
requête fut accueillie s’explique suffisam-
ment.

Ici commence une époque mémorable
dans la carrière de Calvaert. Le palais des
Bolognini devint de nouveau sa résidence,
et, qui plus est, on lui permit d’y ouvrir
l’école qu’il aspirait à fonder. Il n’avait plus
de concurrent sérieux à craindre : précédé
de la réputation qu’il s’était acquise à Rome,
il vit bientôt ses ateliers remplis et c’était
à qui deviendrait son élève ou lui comman-
derait un tableau. Son esprit sérieux, son
expérience, ses fortes études firent de lui
un maître excellent ; il entoura ses élèves
des plus beaux modèles classiques, et lit
les efïorts les plus louables pour les rame-
ner à la route oubliée depuis longtemps,
celle du goût pur et de l’instruction profon-
de. Nous citerons ici textuellement les détails
extraits de Malvasia par M. Edouard Félis,
qui a publié,dans les Bulletins de l'Académie
royale cle Belgique, une excellente notice
sur Calvaert à laquelle nous empruntons la
plupart des détails concernant cette glo-
rieuse individualité belge. « Il employait
» les intervalles des heures de travail à
» faire à ses disciples des lectures sur la
» perspective et l’anatomie qu’il connais-
» sait parfaitement. Les jours de fête, il
» les conduisait dans la campagne, et, tout
» en se mêlant à leurs jeux, fixait leur at-
» tenlion sur les beautés de la nature dont
 
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