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» il leur apprenait à voir les détails qui
» échappent aux observateurs superfi-
» ciels. »

C’est ainsi que dans un siècle où la dé-
cadence, artistique menaçait gravement d’al-
ler toujours croissant en Italie, notre com-
patriote sut comprendre les besoins de
l’école dont il s’était fait l’initiateur ; en
général, on refuse le nom de génie à cette
intuition qui devine le talent. Certes Cal-
vaert, comme exécution, n’a pas su at-
teindre la première place, sauf toutefois
dans ses dessins, mais il a donné à d’autres
ce qui lui manquait, il a réformé l’enseigne-
ment faux qui s’était introduit dans les ate-
liers ; il a ramené le goût vers les beautés
antiques et celles de la nature tout à la fois ;
la vérité fut par lui remise en honneur. Lanzi
nous raconte qu’il forma «jusqu’à cent
» trente-sept professeurs de peinture parmi
t> lesquels plusieurs excellèrent dans leur
» art. » C’est sur le plan de son école que
les Carrache fondèrent leur célèbre acadé-
mie degï Incamminati, où vinrent achever
leurs études les trois illustres maîtres en-
seignés d’abord par Calvaert et qui suffiraient
à sa gloire, le Guide, le Dominiquin et l’Al-
bane. .Comme historien impartial, il nous
faut ajouter à regret que quelques défauts
de caractère jetaient parfois une ombre sur
le mérite de Calvaert : on l’accuse d’avoir
été avare, violent et emporté jusqu’à frapper
l’élève qui ne comprenait pas rapidement
ses démonstrations. Nous ne pouvons que
condamner une pareille erreur; mais, d’après
ce que Malvasia nous assure, c’est le maître
lui-même qui se condamnait le premier et
ses regrets étaient si vifs qu’il demandait
pardon, les larmes aux yeux, à ceux que sa
violence avait offensés. Et à côté de ce dé-
faut, que de qualités venaient le faire ou-
blier. Son zèle ne connaissait pas de bornes,
sa loyauté était proverbiale et rien n’égalait
sa franchise'. Si le Dominiquin parait avoir
eu à se plaindre de lui, par contre le Guide
n’oublia jamais ce qu’il devait à ses leçons
et ne se lit pas faute de le publier partout.
Calvaert atteignitpaisiblement une vieillesse
avancée. Il mourut à Bologne, après avoir
jusqu’à la fin soutenu sa réputation dans
le monde artistique qui l’entourait. Une
preuve sérieuse qu’il en fut ainsi, est le titre
déjugé et censeur de l’académie des Car-
rache qui lui lut spontanément décerné par
ses rivaux ; tous, quoi qu’on en ait dit,
rendaient hommage à son talent et ses funé-
railles furent célébrées avec beaucoup d’é-
clat. Louis Carrache y assista à la tète de
sa célèbre académie. Sur un pilier de l’é-
glise où se trouvait son tombeau, un de

ses admirateurs, le comte Fantuzzi, lit pla-
cer l’inscription suivante.

D. O. M.

DIONYSIO CALVART
CIVI ANTVERPIENSI
PICTORI CELEBERRIMO
CUJUS PROESTANTIÆ IN TERRIS
ET PROBITAS VITÆ IN COELO
EUM ETERNANT
OBIIT DIE XVI
KALEND. APRIL.

ANNO MDCXIX.

En 1832, cette inscription fut retrouvée
par le marquis Bolognini, président de l’A-
cadémie des Beaux-Arts de Bologne et des-
cendant du protecteur de Calvaert. Elle fut,
par ses soins, replacée et surmontée du por-
trait du peintre. L’Italie a prouvé plus d’une
fois l’estime qu’elle a conservée à la mé-
moire et au talent de l’artiste flamand ; plu-
sieurs documents y ont été publiés sur
Calvaert,entre autres une notice historique
en 1852,puis des articles dans les Mémoires
concernant les beaux-arts. Dans ceux-ci se
trouve un contrat passé entre le peintre et
un seigneur qui lui avait commandé un ta-
bleau ; ce tableau devait coûter sept cents
livres bolonais. Ce contrat suffirait, à lui
seul, pour témoigner de la valeur attribuée
au mérite de notre artiste. Enfin on trouve
dans la même publication le testament de
Calvaert. Cette pièce est des plus intéres-
santes ; il lègue sa fortune à des neveux
anversois nommés Van Os, fait quelques
donations pieuses, mais ne laisse rien à sa
femme. L’histoire ne nous a pas tiansmis
le nom de cette dernière, mais il est permis
de croire que le mariage de Calvaert, stérile
du reste, ne fut pas heureux.

(La fin au prochain n°.)

ALLEMAGNE.

(Correspondance particulière.)

Berlin (suite).

Monsieur le Directeur,

Le réalisme strict et pur a produit diffé-
rentes branches de l’art paysagiste parmi
lesquelles le paysage cosmographe — pour
ainsi dire — jouit delà faveur du public et
non sans raison. Ses portraits caractéristi-
ques de contrées lointaines et peu connues,
mais douées d’autant plus de beautés de la
nature, surtout les terres de la zone torride,
n’excitent et ne contentent pas seulement sa
curiosité passagère et versatile, ils révèlent
quasi un monde tout nouveau , plein de
traits charmants et grandioses. Le genre le
plus sobre de ces portraits est cultivé par
Ferdinand Bellermann , artiste distingué
par l’exactitude de ses études et la solidité
de son travail. C’est le Brésil et toute l’Amé-
rique du Sud qui l’occupent principalement.

La plupart des paysagistes cosmographes
ne peuvent s’empêcher de devenir enthou-
siastes et de célébrer les beautés spéciales
de leurs régions favorites par tous les moyens
du pinceau possibles — et maintes fois im-
possibles — ce qui les fait tomber dans la
manière. Nous citerons l’exemple le plus
illustre etle plus significatif de tous :Eduard
Hildebrandt. Sa main hardie repose — de-
puis plus de deux ans — dans les ténèbres
du tombeau, mais son genre n’est pas mort
avec lui ; il a même trouvé des successeurs
ou émules aussi dévoués mais moins empor-
tés que lui. Le caractère et la vie de l’Orient
de l’Egypte surtout, a eu des interprètes
plus fidèles, plus variés et aussi habiles et
ingénieux que lui ; je citerai les aquarelles
de Ivarl Werner, à Leipzig, et celles de
Bernhard Fiedler ; ce dernier brillait à
notre exposition. Au dessin le plus délicat,
il joint une couleur et une lumière vraiment
ravissantes et vraies avant tout.

Vous ne me sauriez pas gré si j’accordais
un temps et un espace précieux à rénumé-
ration de ceux qui, dans des manières très
différentes et d’ailleurs fort intéressantes,
cultivent la simple vue des beaux sites en
Italie, en Suisse et autre part. ïl y en a de
très remarquables; pourtant je n’en parlerai
pas; j’ajouterai encore quelques mots sur ce
que nous appelons « stimmungslandschaft »
et qui n’est pas exactement la même chose
que ce que l’on nomme « paysage intime. »

Ce dernier type créé par Théodore Rous-
seau et Jules Dupré, n’existe presque pas
dans le paysage allemand, du moins dans
le caractère spécial des admirables maîtres
prénommés. Si la catégorie du paysage in-
time comprend aussi les Corot, les Daubigny,
les de Schampheleer — de la main duquel
nous avons eu une charmante pièce — c’est
à peu près ce dont je veux parler : le pay-
sage réaliste peint de manière à impression-
ner l’àme le plus directement et le plus
énergiquement.

Le plus profond des écrivains vivants qui
aient traité de l’esthétique, notre Friedrich
Theodor Vischer,a dit une chose très vraie :
« le peintre dont le paysage n’agit pas sur
nous de façon à ce que nous nous sentions
disposés d’une manière ou d’une autre, n’a
rien fait. » C’est à dire que chaque paysage
doit émouvoir un peu le cœur, c’est son
charme et son devoir. Mais il est possible —
et ce n’est pas la prétention la plus insigni-
fiante du paysagiste — qu’on veuille faire
considérer ce moment psychique comme le
plus essentiel. Soit, mais il n’est pas néces-
saire pour cela de négliger le dessin, de mé-
priser les attraits d’unbeausite et de réduire
 
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